New York Vendée : Le jour d'après pour Goodchild, la guerre des nerfs pour les autres

Par Figaronautisme.com

Nautisme Article
© Pierre Bouras / TR Racing

Après avoir démâté hier après-midi, le skipper de Vulnérable va bien et a sécurisé son bateau. Dans le même temps, Charlie Dalin assure, Boris Herrmann a fait le plus dur, les Sudistes s’accrochent dans des conditions qui s’annoncent très toniques. Le reste de la flotte, qui doit se positionner face à l’anticyclone, semble s’offrir un nouveau départ. Explications.

C’est une information qu’aucun amoureux de course au large apprécie recevoir. Celle qui s’est propagée comme une traînée de poudre, d’abord par messages au sein du team TR Racing puis bien plus vite ailleurs : Sam Goodchild a démâté hier en fin d’après-midi. C’est un coup dur pour lui, pour son team et pour tout le monde. On ne se résout jamais, en voile, à se réjouir des malheurs des autres, ces satanés aléas qui collent aux basques de tous ceux qui prennent la mer. Dans ce genre de mésaventure, il faut procéder par étape, garder son sang-froid, tenter de faire fi de la déception et de ses frustrations. « Sam va bien et le bateau est sécurisé, confie Greg Boyer Gibaud de la direction de course. Là, il continue à préparer un gréement de fortune et tente de se reposer surtout ».

Charlie allonge la foulée, Boris retrouve le sourire

La course, elle, continue. En tête, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) déroule toujours, bien décidé à conclure ce weekend. « Son arrivée est prévue plutôt dans la nuit de samedi à dimanche, précise-t- on à la direction de course. Il avance bien et on imagine qu’il préserve le matériel. Pour lui, tous les feux sont au vert ! » Derrière, la lutte à distance entre Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer) et les Sudistes se poursuit. Le skipper de Malizia-Seaexplorer a accéléré depuis la veille, puis empanné. « Il y a eu beaucoup de sentiments mêlés en partant seul au Nord, à voir que je n’avais personne autour de moi, confiait-il hier soir. Il y a zéro réconfort, aucune confirmation mais j’ai fini par me relâcher. L’accélération, ça a été comme une libération, c’était un beau moment ».

Des conditions toniques pour les sudistes

Boris se dit optimiste pour la 2e place : « même s’ils (les Sudistes) vont plus vite, je pense avoir une journée d’avance ». « Les routages l’annoncent toujours 2e et l’écart devrait être bien marqué, abonde Greg. Boris va redescendre dans des vents favorables. S’il doit tricoter un peu, il est du bon côté de l’anticyclone. Boris a fait le plus dur ! »

Par ailleurs, la mésaventure vécue par Sam montre à quel point l’option Sud est très engagée. Romain Attanasio (Fortinet) qui observe leur progression de loin, en témoigne : « il y a du vent fort, ils vont devoir s’accrocher en tirer des bords d’autant que le cap Finisterre s’annonce douloureux. Ça va vraiment être dur ! » « Ils sont déjà dans un flux de Nord-Est qui va se renforcer, précise Greg. La zone est engagée, ils pourraient avoir 25 à 30 noeuds de vent dans la journée. »

Comme un air de nouveau départ

Pendant ce temps, le gros des troupes se trouvent derrière avec 16 skippers qui tentent de se positionner par rapport à l’anticyclone au-dessus d’eux. « Visuellement, on dirait qu’ils vont prendre un nouveau départ », décrypte Greg. Cette partie de la flotte s’étend sur 350 milles en longitude. L’enjeu, c’est donc de « ne pas se faire absorber par l’anticyclone », la situation étant pour l’instant plus favorable pour ceux situés plus au Sud (qui progressent autour de 10 noeuds de moyenne), que ceux au Nord (autour de 7 noeuds). « Ça s’annonce vraiment intéressant avec du match jusqu’au bout. Ça va être passionnant ! »

Romain Attanasio (Fortinet) fait partie de ce groupe depuis peu : « je n’avais pas trop le choix, il fallait trouver la route la plus rapide vers l’arrivée, explique-t-il. C’était tellement incertain que j’ai voulu prendre la route la plus courte. C’est ce que nous apprend Jean-Yves Bernot quand on ne sait pas quoi faire ». La suite s’annonce un peu moins incertaine que le début : « je vais avancer au près jusqu’à l’anticyclone, virer dedans et après mettre le cap sur les Sables d’Olonne. Les routages me donnent une arrivée d’ici 5 jours. »

Situé au Nord de ce grand groupe, il y a Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One) est content d’avoir « choisi cette option d’entre-deux, la moins risquée ». Le Japonais, qui s’apprête à disputer son 3e Vendée Globe, a une sacrée expérience en IMOCA et affirme qu’il « n’y a jamais eu une course avec autant de choix différents ». En revanche, la durée de la transatlantique ne le surprend pas. « En 2016 lors de la 1ère édition, j’avais mis 12 jours. Je m’étais préparé mentalement que ça soit plus long que lors de la transat aller ». Lui qui reconnaît « ressentir son âge (57 ans) à bord de ce bateau si exigeant » aspire à « ne pas se précipiter, arriver aux Sables d’Olonne le plus tôt possible sans rien casser ». Et le Japonais a une belle formule pour les hommes de mer qui pourrait être une métaphore pour les gens à terre : « j’espère surtout que le vent va souffler en ma faveur ».

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...