
Après avoir démâté hier après-midi, le skipper de Vulnérable va bien et a sécurisé son bateau. Dans le même temps, Charlie Dalin assure, Boris Herrmann a fait le plus dur, les Sudistes s’accrochent dans des conditions qui s’annoncent très toniques. Le reste de la flotte, qui doit se positionner face à l’anticyclone, semble s’offrir un nouveau départ. Explications.
C’est une information qu’aucun amoureux de course au large apprécie recevoir. Celle qui s’est propagée comme une traînée de poudre, d’abord par messages au sein du team TR Racing puis bien plus vite ailleurs : Sam Goodchild a démâté hier en fin d’après-midi. C’est un coup dur pour lui, pour son team et pour tout le monde. On ne se résout jamais, en voile, à se réjouir des malheurs des autres, ces satanés aléas qui collent aux basques de tous ceux qui prennent la mer. Dans ce genre de mésaventure, il faut procéder par étape, garder son sang-froid, tenter de faire fi de la déception et de ses frustrations. « Sam va bien et le bateau est sécurisé, confie Greg Boyer Gibaud de la direction de course. Là, il continue à préparer un gréement de fortune et tente de se reposer surtout ».
Charlie allonge la foulée, Boris retrouve le sourire
La course, elle, continue. En tête, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) déroule toujours, bien décidé à conclure ce weekend. « Son arrivée est prévue plutôt dans la nuit de samedi à dimanche, précise-t- on à la direction de course. Il avance bien et on imagine qu’il préserve le matériel. Pour lui, tous les feux sont au vert ! » Derrière, la lutte à distance entre Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer) et les Sudistes se poursuit. Le skipper de Malizia-Seaexplorer a accéléré depuis la veille, puis empanné. « Il y a eu beaucoup de sentiments mêlés en partant seul au Nord, à voir que je n’avais personne autour de moi, confiait-il hier soir. Il y a zéro réconfort, aucune confirmation mais j’ai fini par me relâcher. L’accélération, ça a été comme une libération, c’était un beau moment ».
Des conditions toniques pour les sudistes
Boris se dit optimiste pour la 2e place : « même s’ils (les Sudistes) vont plus vite, je pense avoir une journée d’avance ». « Les routages l’annoncent toujours 2e et l’écart devrait être bien marqué, abonde Greg. Boris va redescendre dans des vents favorables. S’il doit tricoter un peu, il est du bon côté de l’anticyclone. Boris a fait le plus dur ! »
Par ailleurs, la mésaventure vécue par Sam montre à quel point l’option Sud est très engagée. Romain Attanasio (Fortinet) qui observe leur progression de loin, en témoigne : « il y a du vent fort, ils vont devoir s’accrocher en tirer des bords d’autant que le cap Finisterre s’annonce douloureux. Ça va vraiment être dur ! » « Ils sont déjà dans un flux de Nord-Est qui va se renforcer, précise Greg. La zone est engagée, ils pourraient avoir 25 à 30 noeuds de vent dans la journée. »
Comme un air de nouveau départ
Pendant ce temps, le gros des troupes se trouvent derrière avec 16 skippers qui tentent de se positionner par rapport à l’anticyclone au-dessus d’eux. « Visuellement, on dirait qu’ils vont prendre un nouveau départ », décrypte Greg. Cette partie de la flotte s’étend sur 350 milles en longitude. L’enjeu, c’est donc de « ne pas se faire absorber par l’anticyclone », la situation étant pour l’instant plus favorable pour ceux situés plus au Sud (qui progressent autour de 10 noeuds de moyenne), que ceux au Nord (autour de 7 noeuds). « Ça s’annonce vraiment intéressant avec du match jusqu’au bout. Ça va être passionnant ! »
Romain Attanasio (Fortinet) fait partie de ce groupe depuis peu : « je n’avais pas trop le choix, il fallait trouver la route la plus rapide vers l’arrivée, explique-t-il. C’était tellement incertain que j’ai voulu prendre la route la plus courte. C’est ce que nous apprend Jean-Yves Bernot quand on ne sait pas quoi faire ». La suite s’annonce un peu moins incertaine que le début : « je vais avancer au près jusqu’à l’anticyclone, virer dedans et après mettre le cap sur les Sables d’Olonne. Les routages me donnent une arrivée d’ici 5 jours. »
Situé au Nord de ce grand groupe, il y a Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One) est content d’avoir « choisi cette option d’entre-deux, la moins risquée ». Le Japonais, qui s’apprête à disputer son 3e Vendée Globe, a une sacrée expérience en IMOCA et affirme qu’il « n’y a jamais eu une course avec autant de choix différents ». En revanche, la durée de la transatlantique ne le surprend pas. « En 2016 lors de la 1ère édition, j’avais mis 12 jours. Je m’étais préparé mentalement que ça soit plus long que lors de la transat aller ». Lui qui reconnaît « ressentir son âge (57 ans) à bord de ce bateau si exigeant » aspire à « ne pas se précipiter, arriver aux Sables d’Olonne le plus tôt possible sans rien casser ». Et le Japonais a une belle formule pour les hommes de mer qui pourrait être une métaphore pour les gens à terre : « j’espère surtout que le vent va souffler en ma faveur ».
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