
Auteur d'une course incroyable, privé de safran dans la dernière ligne droite, le trio Achille Nebout - Gildas Mahé - Alan Roberts a tenu bon jusqu'au bout. Après 14 jours 19 heures et 6 minutes de course, ils sont les premiers à franchir la ligne de cette course mythique. Une sacrée prouesse, en attendant que la direction de course ne valide définitivement les positions au classement final.
En Class40, il n’y a jamais de course facile, jamais de transatlantique sans pépins, jamais d’arrivée sans être allé au bout de soi-même. Achille Nebout, Gildas Mahé et Alan Roberts l’ont encore expérimenté tout au long de cette Québec Saint-Malo qui a été à la hauteur des espérances, huit ans après la dernière édition. C’était la course la plus prestigieuse du calendrier et le Class40 Amarris s’y présentait avec nombre d’atouts. Gildas avait assuré le long convoyage des Antilles jusqu’à Québec. Alan Roberts, avide de nouveaux challenges, rompu à l’IMOCA et au Class40, souhaitait apporter son savoir-faire. Et puis Achille était de retour après avoir vécu la plus belle des aventures, lui qui est devenu papa au printemps.
« On a vécu plusieurs courses en une »
Il n’empêche, malgré la volonté de retrouver la compétition, le marin reconnaît la difficulté d’avoir quitté le foyer familial. « Ce n’est jamais simple de laisser ses proches pour une course aussi longue, tu as presque l’impression de les trahir... Heureusement que ça se passe bien pour eux. » Ça lui a permis de se projeter sur la course surtout et il y avait de quoi tant ces deux semaines de compétition ont été intenses. Achille l’assure : « on a vécu plusieurs courses en une ! » Il y a eu la descente du Saint-Laurent, les premiers choix tactiques dans l’Atlantique Nord, le « match dans le match » avec Legallais et Vogue avec un Crohn. « Avec les conditions changeantes et engagées, c’était finalement long et éprouvant ! » Il y a donc eu la météo, le scénario de la course, l’option sud « moyennement risquée qui s’est avérée plus payante »... De quoi donner des sueurs froides donc avant de vivre un sacré coup dur. Mardi dernier, le trio doit faire face à la casse du safran tribord. « Au début, tu te dis que c’est fini », reconnaît Achille. Et puis les réflexions vont bon train et l’idée de « passer en mission commando » émerge. Objectif : changer de safran de côté afin de naviguer en bâbord amure jusqu’à la fin de la course. Une manoeuvre délicate, réussie avec succès mais qui n’offre aucune garantie.
Une « super bonne ambiance à bord »
Depuis, « on vit au jour le jour » et on se dit, aussi, que la « fin peut être cruelle ». Pourtant, rester en course en étant jusqu’au bout aux avant-postes, c’était « presque un miracle ». Mais les trois hommes se sont accrochés, en donnant tout sans compter. Et ça a marché : en tête depuis qu’ils ont commencé à contourner la Bretagne, le trio a tenu bon et à conserver le rythme. Ce qui paraissait impensable il y a une poignée de jours à eu lieu : Amarris est resté en tête, jusqu'au bout. Avant de regarder en arrière le chemin parcouru, c’est la satisfaction qui prédomine et la fierté de « la façon dont nous avons navigué tout au long de la course. Nous avons toujours été rapides, on n’a pas fait beaucoup d’erreurs, c’est satisfaisant de tenir un niveau de jeu pareil ». Au-delà de la bataille sportive, il restera de cette course mythique « l’ambiance super bonne à bord ». Tant pis s’ils n’ont pas croisé de baleines dans le Saint-Laurent ; ils en ont croisé « des impressionnantes quasiment deux fois par jours dans le Golfe de Gascogne » ! Par ailleurs, ils ont su tenir bon en toute circonstance même quand le physique était moins au rendez-vous. Et pour cause : « je crois que nous avons tous les trois eu le Covid, assure Achille. Gildas d’abord, Alan ensuite et moi j’ai aussi été bien pris des bronches... Mais on a affronté ça dans la bonne humeur. »