
Ce vendredi 19 juillet à 13 heures, le coup d’envoi de la 10e édition de la Les Sables - Les Açores - Les Sables sera donné au large de Port Olona. Soixante-douze solitaires (47 en bateaux de Série et 25 en Proto) s’élanceront alors pour un total de 2 540 milles sous forme d’aller et retour entre l’île de Faial et la Vendée. Si la météo promet d’être assez variée avec une entame relativement tranquille, une traversée du golfe de Gascogne et une descente le long de la péninsule ibérique toniques, puis des derniers milles incertains aux abords de l’archipel portugais, la bagarre s’annonce, elle, intense à tous les étages et notamment aux avant-postes. Et pour cause, dans une catégorie comme dans l’autre, les favoris sont nombreux et l’histoire de l’épreuve l’a souvent montré, le format très hauturier de la compétition, qui diffère de celui des courses d’avant-saison, permet à certains de se révéler... et donc de déjouer les pronostics.
Qui pour succéder à Pierre Le Roy en Proto et à Léo Bothorel en Série au palmarès de la Les Sables - Les Açores - Les Sables ? Pas facile de se prononcer à deux jours du coup d’envoi de la première des deux étapes de l’épreuve même si, bien sûr, plusieurs concurrents se sont d’ores et déjà démarqués lors des courses d’avant-saison, en et particulier lors des trois premiers évènements comptant pour le Championnat de France de Course au Large en Solitaire - Mini 6.50 2024 : la Pornichet Select 6.50, la Mini en Mai et le Trophée Marie-Agnès Péron. On peut ainsi citer sans se tromper Romain Van Enis (969 - Be Sailing), Marie Gendron (1050 - Léa Nature) et Alexandre Demange (1048 - DMG MORI Sailing Academy 2) puis Amaury Guérin (996 - Groupe Satov), Paul Cousin (981 - AFP - Groupe Biocombustibles) et Quentin Mocudet (986 - Ascodal / Saveurs & Délices), tous placés dans le Top 3 au classement provisoire du Championnat, respectivement en Proto puis en Série. « Le titre va se jouer sur cette Les Sables - Les Açores - Les Sables », assure Marie Gendron, 4e de la dernière édition de la Mini Transat et vainqueur de la Mini en Mai cette saison. « Actuellement, je suis deuxième, huit points derrière Romain et seulement quatre points devant Alex. Pour décrocher la première place, je n’ai pas d’autres choix que de gagner. C’est, en tous les cas, clairement mon objectif ! », annonce la navigatrice, assurément la plus expérimentée de tous les marins de la flotte sur le support après déjà sept années sur le circuit et deux participations à l’épreuve - la première, en 2018, avec à la clé une 11e place (et une fracture de la main), la deuxième, en 2022, bouclée en 7e position avec un bout-dehors cassé. « Cette fois, c’est ma dernière. Le bateau est d’ailleurs vendu. J’y vais pour le kiff et j’espère prendre autant de plaisir sur l’eau que lors de la Mini en Mai. Cette SAS est clairement l’une des plus belles courses du calendrier de la classe et je me réjouis de la disputer une troisième fois. Je sais néanmoins que la route des Açores est piégeuse et en particulier l’atterrissage sur les îles. Est-ce qu’il y aura de l’air ou pas ? Est-ce que ce sera la loterie ou non ? On ne sait pas ce qui nous attend mais dans tous les cas, j’ai hâte ! », assure Marie qui sait qu’avec un coefficient 1 pour chacune des deux étapes puis un coefficient 3 pour le classement général, cette Les Sables - Les Açores - Les Sables va forcément être déterminante et que nombreux sont ceux qui n’ont pas encore dit leur dernier mot. Parmi eux, on peut citer Carlos Manera Pascual (1081 - Xucla), deuxième de La Boulangère Mini Transat 2023, Félix Oberlé (1019 - Big Bounce) dont le bateau n’est autre que le tenant du titre de l’épreuve, sans oublier Julien Letissier (1069 - Frérots Branchet), Robinson Pozzoli (1026 - Uoum), Thaïs Le Cam (1068 - Frérots AD) ni Caroline Boule (1067 - Nicomatic). « Pour l’instant, je suis en tête du Championnat mais j’essaie de ne pas me mettre trop de pression par rapport à ça car je sais que ça ne va pas m’aider, tout au contraire. J’y vais pour prendre ce qu’il y a à prendre mais surtout pour essayer d’être bien sur l’eau et de kiffer le voyage. Je sais que si le plaisir est là, la performance suivra. De plus, je me réjouis de découvrir les Açores que je n’ai encore jamais vu ! Il parait que c’est extraordinaire ! », raconte, de son côté, Romain Van Enis qui, pour mémoire, avait terminé la Mini Transat l’an dernier sous gréement de fortune avec un goût d’inachevé.
Performer sans oublier de « kiffer »
Quid des favoris chez les bateaux de Série ? Ils sont aussi très nombreux même si trois hommes ont quelque-peu dominé les épreuves d’avant-saison. Amaury Guérin, auteur d’un sans-faute lors de la Pornichet Select, de la Mini en Mai et du trophée Marie-Agnès Péron, Paul Cousin, vainqueur de la Plastimo Lorient avec Camille Croguennec, et Quentin Mocudet, premier de la Mini Fastnet avec Margaux Chanceaulme, seront ainsi indiscutablement à surveiller de près. « Cette Les Sables - Les Açores - Les Sables ne ressemble pas aux courses précédentes. Le fait d’avoir bien marché jusqu’alors ne sera certainement pas la garantie de bien marcher cette fois-ci. La différence ne se fera pas du tout sur la même chose. Là, il s’agit d’une épreuve à long terme. Il va falloir gérer son sommeil sur huit ou dix jours, puis la météo avec le peu d’infos reçues via la BLU, mais aussi réussir à préserver son bateau en bon état jusqu’au bout. En ce sens, on n’est pas à l’abri de grosses surprises à Horta et c’est pourquoi je pars du principe que tout est remis à zéro », annonce Amaury Guérin (996 - Groupe Satov) qui a, pour sa part, déjà l’expérience d’une expédition de près de trois semaines en solitaire au niveau du cercle polaire. « Je sais que le rythme ne sera pas le même et que le but sera justement de réussir à tenir une cadence élevée, avec un bateau toujours parfaitement réglé et une trajectoire la plus optimale possible. Cela promet d’être un joli défi sportivement parlant, mais cet aller et retour entre Les Sables d’Olonne et Horta, qui se situe au milieu de l’Atlantique, sera également une super aventure ! », promet Amaury qui compte bien, lui aussi, parvenir à conserver son leadership au classement du Championnat de France et ainsi décrocher le titre. « Rien n’est encore figé à date mais ce qui est sûr c’est que sur une course aussi longue, je vais faire en sorte d’être à l’offensive plutôt que sur la défensive », assure le skipper conscient que certains de ses adversaires risquent bien de se révéler sur un format plus hauturier qu’à l’accoutumée, ainsi qu’avait déjà pu le faire, par exemple, l’Italien Luca Rosetti lors de la dernière édition, avant de finalement s’imposer dans la Mini Transat l’an passé. De fait, des concurrents tels que William Ollivier (979 - Jade), Deniz Bagci (968 - Cartoffset) et une poignée d’autres sont effectivement susceptibles de venir jouer les trouble-fêtes. « Sur les courses de deux ou trois jours que nous avons disputé jusqu’ici, la vitesse pure avait eu un impact certain sur la performance. Lors de cette SAS, être simplement rapide ne suffira pas. Il faudra soigner sa trajectoire, jouer les bons coups météo, bien gérer ses temps de repos et son alimentation », confirme l’Istanbuliote Deniz Bagcy, impatient, pour sa part, d’enchainer plus de trois nuits en mer pour la première fois. « J’ai hâte de me tester sur du long cours. Je sais que je vais découvrir beaucoup de choses », ajoute le skipper du plan Raison Cartoffset que l’on sait solide entre trois bouées après de nombreuses années d’expérience en dériveur (49er, 420 et 470) et plusieurs titres nationaux dans son pays, la Turquie, mais qui a en tête, pour l’heure, encore de nombreuses questions sans réponses concernant le large. « Ça promet d’être très bien, très intéressant et très varié. Les premiers routages semblent assez rapides. On devrait bien s’amuser ! », a-t-il terminé.