
Après avoir géré un passage de front dans la nuit de samedi à dimanche, les solitaires de la 10e édition de la Les Sables - Les Açores - Les Sables ont ensuite retrouvé des conditions nettement plus calmes. Reste que si certains ont profité de ce petit moment de répit pour remettre leur bateau en ordre de marche, les leaders ont, eux, continué d’imprimer une grosse cadence, capitalisant par ailleurs sur le fait d’être les premiers à récupérer de la pression ce matin, aux abords du dispositif de séparation de trafic du cap Finisterre. Résultat des courses : alors que la flotte s’étalait hier sur 100 milles, elle s’étire ce lundi sur près du double !
La journée d’hier et la nuit dernière ont fait du bien aux marins de la Les Sables - Les Açores - Les Sables. Les uns et les autres ont en effet pu souffler un peu après quelques heures pour le moins toniques dans le golfe de Gascogne à l’issue desquelles cinq solitaires ont d’ailleurs officialisé leur abandon pour des raisons diverses, parmi lesquels deux grands favoris, Carlos Manera Pascual (1081 - Xucla) et Thaïs Le Cam (1068 - Frérots AD). Les 35 noeuds atteints dans le front ont alors laissé à la place un flux mollasson d’à peine cinq noeuds. Ainsi, Thomas Jouans, le skipper de Minimoana (791) a pu monter dans son mât pour réparer son bas étai, Caroline Boule (1067 - Nicomatic) a pu solutionner son problème de bôme et Arthur Peugeot (896 - OMS - AMIPI) a pu, de son côté, régler son souci de pilote automatique. De quoi attaquer la suite sereinement et à 100% de leur potentiel. Et ça tombe bien car les prochaines 36-48 heures devraient faire la part belle à la vitesse. Maintenant qu’ils ont débordé le DST du cap Finisterre qu’ils avaient l’obligation de laisser à bâbord pour des raisons de sécurité, les marins vont faire route directe vers les Açores. « Dans un premier temps, certains vont chercher à gagner un peu dans le sud pour toucher davantage de vent. Une fois qu’ils auront touché la pression qui leur va bien, ils feront une courbe au sud de la route orthodromique pour se caler au sud de l’anticyclone. Anticyclone qui, selon tous les modèles, est prévu de descendre entre les journées de jeudi et de vendredi, ce qui obligera alors les solitaires à le contourner par le nord et donc, très probablement à terminer la course au près », analyse Christian Dumard, le consultant météo de l’épreuve.
Les ETA (estimations d’heures d’arrivées) se précisent
Si finir avec le vent dans le nez n’est jamais le programme le plus réjouissant pour les navigateurs, le point positif c’est que le flux de nord-est qui les accompagne désormais devrait se maintenir jusqu’au bout - ou quasiment - entre 10 et 15 noeuds, ce qui exclu la probabilité de voir les 300 derniers milles se transformer en loterie géante comme certains le redoutaient au moment du départ, lorsque les fichiers étaient encore très incertains. « Dans ce contexte, on peut s’attendre à voir les premiers se présenter sur la ligne d’arrivée à Horta dans la journée de vendredi ou dans la nuit de vendredi à samedi, après seulement sept jours de mer », précise le spécialiste qui s’attend à ce que les premiers Proto et les premiers Séries restent relativement groupés mais aussi à ce que les écarts continuent globalement de se creuser au sein du peloton. Et pour cause, tous les concurrents n’impriment pas le même rythme. De fait, tous n’ont pas les mêmes objectifs. En tête de peloton, en tous les cas, la cadence est élevée et les favoris sont tous bel et bien présents. La preuve, chez les Proto, Romain Van Enis (969 - Be Sailing) devance Marie Gendron (1050 - Léa Nature) et Alexandre Demange (1048 - DMG MORI Sailing Academy 2) tandis que chez les Série, Amaury Guérin (996 - Groupe Satov) mène la dance devant Antoine Chapot (1043 - Bip Bip), Joshua Schopfer (1028 - Mingulay), Quentin Mocudet (986 - Ascodal / Saveurs & Délices) mais aussi Paul Cousin (981 - AFP groupe Biocombustibles) qui a manifestement choisi, dans l’immédiat, de raser la côte de la péninsule ibérique davantage que ses adversaires.