Depuis 50 ans, la réserve marine de Banyuls s'emploie à sauver le mérou brun

Par AFP / Figaronautisme.com

Nautisme Article
© Wikipédia

Si le mérou brun a survécu le long des côtes catalanes, il le doit à la réserve marine de Banyuls-Cerbère, une zone où pêche, plongée et baignade sont réglementées, et qui célèbre cette année son 50e anniversaire.

Cette espèce, emblématique de la Méditerranée et capitale pour la biodiversité car tout en haut de la chaîne alimentaire, avait presque disparu de la zone dans les années 1960, lorsque le tourisme et la surpêche avaient un effet désastreux sur le littoral. "Il n'y avait plus qu'une vingtaine de mérous et d'autres espèces étaient menacées", relate Frédéric Cadène, gestionnaire de la réserve, la plus ancienne de France. Mais grâce à ce périmètre protégé, de 6,5 km de long, entre Banyuls-sur-Mer et Cerbère, et 2 km de large, la population de ce poisson brun tacheté de blanc, à la moue boudeuse, s'est refait une santé. "On en compte désormais 723", se réjouit Didier Fioramonti, gardien de la réserve marine, assis à la barre du bateau qui arpente les eaux de la réserve.

Pour Pascal Romans, conservateur du Biodiversarium de Banyuls-sur-Mer, aucun doute : sans la réserve, "il n'y aurait plus un seul mérou sur la zone". Plus largement, la réserve a permis "une augmentation de la richesse en espèces, du nombre d'individus et surtout de la longévité" des poissons, sourit Philippe Lenfant, professeur en écologie marine à l'université de Perpignan et vice-président du conseil scientifique de cette institution.
Un moratoire national sur la pêche du mérou brun, en vigueur depuis 1993, puis élargi en 2002, n'est toutefois "pas vraiment respecté en dehors des aires marines protégées", selon Pascal Romans, mais est bien "appliqué sur la réserve".

"Espèce parapluie"
Jumelles sur le nez, face à la brise marine, Jean-François Planque guette les eaux de la réserve depuis le cockpit du bateau.
Soudain, des ailerons de poissons-lunes fendent les flots : "Deux mola-mola!", lance Didier Fioramonti. Dans cette zone où les Pyrénées plongent dans la Méditerranée, ce ne sont rien moins que 1.200 espèces animales et près de 500 espèces végétales qui sont protégées.
Le mérou brun est considéré comme une "espèce parapluie" du fait de sa position au sommet de la chaîne alimentaire. Ainsi, quand il prospère, cela signifie que les autres habitants de la réserve sont présents en nombre suffisant. "Si le mérou se porte bien, c'est qu'en dessous ça va bien", résume Frédéric Cadène.

Le périmètre protégé a permis aux poissons de "se reproduire beaucoup plus de fois, permettant que les oeufs et les larves (...) bénéficient à la réserve, aux zones adjacentes", voire jusqu'aux Baléares, à environ 400 km au sud, indique Philippe Lenfant. Seule une petite partie de la réserve -65 hectares- est strictement interdite à toute activité humaine. Ailleurs, sur 600 ha, la réglementation est moins contraignante.

La vitesse des navires qui passent dans la zone est "limitée à huit noeuds" (15 km/h), indique Jean-François Planque, afin "d'éviter les nuisances sonores" qui "stressent les poissons durant la période de reproduction". Et "si un pêcheur attrape un mérou, il nous appelle et on lui rachète pour le relâcher ensuite", ajoute-t-il.

Doublement du périmètre
Ce fonctionnement permet de "préserver la biodiversité tout en maintenant les activités humaines", se réjouit Didier Fioramonti.

S'ils sont habilités à verbaliser les manquements sur la réserve, les gardiens privilégient toutefois "la pédagogie auprès des gens qui, ensuite, veulent protéger avec nous", souligne-t-il. Signe de son succès, la réserve de Banyuls a été ajoutée en 2014 à la Liste verte de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un organisme regroupant des agences gouvernementales, des experts et des ONG, distinguant des sites remarquables.

Son périmètre va en outre bientôt doubler, atteignant les 1.250 hectares d'ici à deux ans. L'extension du périmètre devrait permettre "très rapidement de voir plus de mérous qui vont déborder vers l'extérieur", répondant également à "l'un des enjeux de la réserve", conclut Pascal Romans.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…