Démâtage à deux mois du Vendée Globe, un défi technique et financier pour la team Fortinet - Best Western

Par Figaronautisme.com

Vendredi 13 septembre dernier à 3h30 du matin, l'IMOCA Fortinet-Best Western skippé par Romain Attanasio démâtait sur le Défi Azimut au large de Lorient. Un coup dur pour le navigateur à moins de deux mois du départ du Vendée Globe aux Sables d’Olonne. A peine le bateau amarré, l’équipe est déjà au travail pour relever deux gros challenges: remettre un mât sur l’IMOCA Fortinet - Best Western et financer cette opération. Le tout dans un délai de quelques semaines. Le chrono est lancé… Entretien avec Romain Attanasio.

Vendredi 13 septembre dernier à 3h30 du matin, l'IMOCA Fortinet-Best Western skippé par Romain Attanasio démâtait sur le Défi Azimut au large de Lorient. Un coup dur pour le navigateur à moins de deux mois du départ du Vendée Globe aux Sables d’Olonne. A peine le bateau amarré, l’équipe est déjà au travail pour relever deux gros challenges: remettre un mât sur l’IMOCA Fortinet - Best Western et financer cette opération. Le tout dans un délai de quelques semaines. Le chrono est lancé… Entretien avec Romain Attanasio.
Nautisme Article
© A Nivet - Polaryse

Romain, peux-tu revenir sur le démâtage de ton IMOCA Fortinet - Best Western dans la nuit de jeudi à vendredi dernier?

« Alors qu’on préparait la manoeuvre à l’approche de la marque de parcours Hervé Laurent des 48h du Défi Azimut, on a senti le bateau taper, puis entendu un premier boum anormal suivi d'un deuxième. Adrien, notre Boat Captain, qui était à l’arrière, a vu le pavillon du Défi Azimut passer devant lui puis le mât tomber. Quand je sors du cockpit, je vois le mât dans l’eau, cassé et je reste là les bras ballants, je ne sais pas quoi faire, je me dis que ce n’est pas possible ! Puis très vite les pensées s’enchaînent dont la première est « comment va-t-on faire ? ». L’urgence est alors de préserver le bateau et de récupérer le maximum de matériel. On a ainsi pu sauver les outriggers, des enrouleurs... malheureusement nous étions en configuration Vendée Globe et donc on a perdu tout ce qui était neuf comme le jeu de voiles, les drisses, les hooks, les chariots de grand-voile... Une fois la direction de course prévenue, le bateau sécurisé, on a mis le cap au moteur vers Lorient. En parallèle, l’équipe à terre s’est tout de suite mise au travail pour prévenir les partenaires ainsi que nos proches et commencer à trouver des solutions afin de remplacer le mât et le matériel perdu, et de dresser un premier budget.»

Avez-vous trouvé une explication à ce démâtage?

" Nos premières constatations nous laissent à penser à une rupture du bas hauban mais nous attendons les conclusions de l'expert qui devrait passer dans la journée. Ce démâtage est une sacrée déconvenue et pourtant dans notre malheur, nous avons eu un peu de chance que ce soit arrivé lors du Défi, à Lorient, là où est notre base technique, et à un peu moins de deux mois du départ du Vendée Globe."

Tu ne sembles pas abattu, dans quel état d'esprit es-tu?

« Plus combattif que jamais. Que ce soit l’équipe et moi, personne n’est abattu. On sait que le défi à relever pour être au départ du Vendée Globe va être compliqué, que dans un court laps de temps nous avons deux gros dossiers à gérer. L’un technique puisqu’il nous faut trouver un mât de remplacement, acheter du matériel, passer en urgence des commandes... C’est beaucoup de boulot pour l’équipe technique mais étrangement ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. Je crois en la solidarité des gens de mer et déjà de nombreuses équipes ont proposé leur aide et du matériel. Nous avons des solutions. L’autre dossier, qui lui est beaucoup plus complexe, c’est de réussir à lever rapidement des fonds pour enclencher ces réparations. Si mes partenaires sont et restent plus que jamais à mes côtés, cette opération s’élève à plus de 500 000 euros ; une somme conséquente qui dépasse nos capacités financières actuelles et l’aide complémentaire que peuvent nous apporter nos partenaires. Il nous faut donc trouver de nouveaux soutiens. »

Est ce le plus gros challenge de ta carrière?

« Que ce soit Dans les coulisses du Vendée Globe qui vient de sortir aux éditions Glénat ou lors de mes deux précédents Vendée Globe, je n’ai jamais caché avoir rencontré de nombreux obstacles en mer comme à terre. Celui-ci est particulièrement costaud et arrive à un moment crucial. Comme je le répète souvent à propos du Vendée Globe : la première victoire est d’être au départ. Cela nécessite quatre ans de préparation, recruter une équipe de spécialistes et le soutien infaillible de mes partenaires. Oui c’est le plus gros coup dur mais je n’ai jamais été autant armé pour y faire face. Depuis mon premier Vendée Globe, mon projet n’a pas cessé de monter en puissance. Aujourd’hui je sais que je peux m’appuyer sur mon équipe, la charge de travail à abattre ne leur fait pas peur, et avec mes partenaires, ils ont été les premiers à me dire qu’on sera au départ. J’ai également reçu énormément de messages de soutien de la part de proches, d’inconnus et des membres des autres équipes. Après tant d’efforts, il est impensable que Fortinet - Best Western ne soit pas amarré à port Olona avec les autres IMOCA le 18 octobre prochain pour l’ouverture du village.»

Quel est ton plan d’actions pour relever ce défi?

« La première étape est de trouver un mât. Grâce à l’aide des autres équipes j’ai plusieurs propositions sérieuses mais pas encore le financement. Tous les fronts sont mobilisés. Chez mes partenaires, certains discutent en interne d’une rallonge possible et d’autres nous ouvrent leur carnet d’adresses. Au sein de mon équipe, on se focalise sur la recherche de nouveaux sponsors, on étudie les possibilités d’un prêt bancaire et on vient de mettre en ligne une cagnotte leetchi. On compte aussi sur les médias et sur la conférence de presse du Vendée Globe le 19 septembre prochain pour nous offrir un maximum de visibilité. »

Un dernier mot?

« La course contre la montre commence, on vous donne d’ores et déjà rendez-vous le 10 novembre sur la ligne de départ de la 10e édition du Vendée Globe. »

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...