La France crée "des aires marines protégées où tout est autorisé", selon un chercheur

Par AFP/Figaronautisme.com

Nautisme Article

La France crée énormément d'aires marines protégées (AMP) "où tout est autorisé" mais compte très peu de zones en protection intégrale, qui sont les seules à apporter des bénéfices avérés pour la pêche, souligne Joachim Claudet, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la durabilité des systèmes socio-écologiques côtiers et marins.

QUESTION: Quel est l'intérêt de créer des aires marines protégées ?

REPONSE: Les bénéfices des AMP sont largement démontrés dans la littérature scientifique: quand on élimine la mortalité par pêche et la destruction des habitats, les écosystèmes se régénèrent. Les poissons, contrairement à beaucoup d'autres animaux, ne cessent jamais de grandir. Donc, si on ne les tue pas, leur capacité à se reproduire, à avoir des oeufs, augmente exponentiellement avec la taille.

Dans une AMP, il y a plus de poissons, ils sont plus grands, et il y a des effets de débordement des adultes, ou une exportation de larves et d'oeufs qui peuvent repeupler les zones avoisinantes pour la pêche. Il y aussi un meilleur cycle du carbone qui joue un rôle dans l'atténuation du changement climatique.

Très souvent, il peut y avoir différentes zones qui ont différentes vocations: ça peut permettre le maintien des activités locales, traditionnelles, en particulier de la petite pêche côtière. Il y a des bénéfices socio-économiques, montrant qu'on peut maintenir ou augmenter le revenu des pêcheurs.

Mais pour qu'il y ait des bénéfices pour la pêche en termes de capture ou de revenus, il faut de la protection intégrale, des zones de non-pêche, pour que la pêche en bénéficie.

Le problème c'est que ça prend un peu de temps, ce n'est pas immédiat.

Q: Où en est la France dans sa volonté de protéger 30% de ses eaux?

R: La France est extraordinaire, elle a déjà atteint l'objectif de 30% d'aires marines protégées. C'est quand même la deuxième zone économique exclusive (ZEE) du monde. Donc, quand la France fait quelque chose au niveau de l'océan, selon la qualité de ce qui est fait, ça a un impact au niveau mondial.

Mais dans ces 30%, ce qui est en protection intégrale, donc les niveaux de protection qui peuvent fournir des bénéfices, c'est à peu près 1,6%, essentiellement dans des territoires extrêmement lointains, dans les terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

Dans le reste des AMP, il n'y a quasiment rien qui est réglementé. Il n'y a pas de différence entre l'intérieur et l'extérieur. Il y a même des situations un peu aberrantes. En Méditerranée, la France déclare 60% d'aires marines protégées. 60%! Aucun scientifique, aucun, ne vous dira qu'il faut protéger 60% d'un territoire. Le but, c'est de soutenir nos activités dans l'océan, ce n'est pas de tout protéger.

Le problème, c'est que maintenant c'est difficile de faire de réelles aires marines protégées. Parce que ça apporterait énormément de contraintes d'un coup. Il aurait fallu en faire moins, mais mieux. La France s'est tendue un piège toute seule.

Q: Les autres pays font-ils mieux?

R: Pendant très longtemps, beaucoup de pays ne faisaient pas mieux en termes de protection intégrale. Mais il y a quand même des pays qui font beaucoup mieux. Par exemple, les États-Unis ont beaucoup plus de protection intégrale que la France.

Des pays qui en faisaient très peu, s'y mettent. Par exemple, l'Allemagne a maintenant comme cible de faire 10% de protection intégrale. Le Royaume-Uni et l'Irlande sont en train d'éliminer le chalutage de leurs aires marines protégées. Donc beaucoup de pays, qui ne faisaient pas bien, sont en train de faire beaucoup mieux que la France.

C'est la stratégie française de faire des aires marines protégées, pas comme les autres, où tout est autorisé.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...