
Direction le "cap carbone". Les marins de la classe Imoca, les voiliers du Vendée Globe, ont pris en début d'année un engagement inédit pour répondre aux critiques sur l'impact environnemental grandissant de leur sport.
"Notre terrain de jeu, c'est l'océan. On est parti de ce constat et de la dimension sociétale que les skippers avaient envie de donner à leurs projets", explique Antoine Mermod, président de cette classe de monocoques de 18 m de long.
Le Vendée Globe, course quadriennale autour du monde en solitaire et sans escale, est l'épreuve la plus prestigieuse du milieu depuis 1989. Ses règles charrient dans leur sillage des années de développement technologique pour les écuries prétendantes.
Alors quand au début de cette année, les deux parties ont officiellement convenu d'imposer un plafond aux émissions de CO2 pour la construction des voiliers de l'édition 2028, le futur a "changé" dans les hangars de course au large.
"Pour réussir à rentrer dans les valeurs imposées, il faudra faire des formes plus faciles à construire, trouver des innovations. L'impact carbone devient un des curseurs de la performance", se félicite Mermod, évoquant une "première dans l'histoire des sports mécaniques".
- Skippers engagés -Longtemps perçue comme le sport vert par excellence, la course au large est montrée du doigt depuis quelques années pour le coût environnemental élevé de ses voiliers.
Pour cette 10e édition, qui compte un nombre record de 40 partants, treize nouveaux bateaux ont été construits. Ces Imoca pèsent six à huit tonnes et sont essentiellement composés de matériaux robustes mais polluants : carbone, titane, aluminium et inox.
"Au cours des 10 dernières années, les performances sur l'eau de notre classe ont connu des progrès étonnants, mais le prix à payer est élevé", a expliqué le skipper irlandais Damian Foxall, responsable du développement durable au sein d'11th Hour Racing.
"Depuis 2010, l'empreinte d'un Imoca a presque doublé, passant de 340 à 550 tonnes d'émissions de gaz à effet de serre", a-t-il ajouté.
En comparaison, les chiffres du ministère de la transition écologique évoquent "9,2 tonnes équivalent CO2 par habitant en 2022". Pour limiter les dégâts, plusieurs skippers avaient, avant même la mise en place du cap carbone, commencé à adapter leur projet.
Le futur bateau du navigateur Armel Tripon, en cours de construction à Malville (Loire-Atlantique), utilise en grande majorité des chutes de fibres de carbone du constructeur aéronautique Airbus.
- "Obligation de changer" -Et pour l'accastillage, l'équipe prévoit d'utiliser du titane recyclé. "Ce chantier va permettre de valider des choses à l'heure où il y a obligation à changer nos habitudes", estime Tripon, qui compte bien être au départ du prochain Vendée Globe.
Et si la grande majorité de l'impact environnemental généré par un projet l'est lors de la phase de construction du voilier, certains marins tentent tout de même d'aller plus loin en minimisant aussi les effets de leur navigation.
Pour sa 2e participation, le Néo-Zélandais Conrad Colman doit prendre le départ de la course avec 31 panneaux solaires et 2 hydrogénérateurs qui viendront alimenter les appareils électroniques de son bateau.
Ces équipements remplacent les 200 litres de gazole qui seront utilisés par les autres skippers pour produire de l'électricité à bord des navires.
En février, la classe Imoca et le Vendée Globe ont aussi annoncé l'interdiction des énergies fossiles à bord dans quatre ans.
"Bien sûr, on peut toujours être meilleur, plus rapide. Mais on tente d'avancer dans la bonne direction. Cela va apporter des innovations sur l'aspect construction qui pourront peut être plus tard bénéficier à l'industrie maritime au sens large", avance Antoine Mermod.
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