Vendée Globe : Éric Bellion, la décision du cœur lourd, abandon au Vendée Globe après une avarie critique

Par Figaronautisme.com

Le skipper de STAND AS ONE-Altavia a décidé de se retirer du Vendée Globe. Cette nuit, alors qu’il pointait à la 29e place de la course, Éric s’est amarré à Port Stanley, dans les îles Falklands. En cause : l’axe qui tient l’étai de J2 (voile d’avant) qu’il avait récemment réparé et qui avait à nouveau cédé.

©Vendée Globe "Eric Bellion" - Ewen Carbonnier
Le skipper de STAND AS ONE-Altavia a décidé de se retirer du Vendée Globe. Cette nuit, alors qu’il pointait à la 29e place de la course, Éric s’est amarré à Port Stanley, dans les îles Falklands. En cause : l’axe qui tient l’étai de J2 (voile d’avant) qu’il avait récemment réparé et qui avait à nouveau cédé.

Ce dimanche et ce lundi, Éric Bellion aurait eu à affronter des vents particulièrement violents avec 30 noeuds de vent de moyenne, 50 nœuds en rafales dans sa remontée de l’Altantique Sud. Or, impossible d’affronter de telles conditions alors qu’une nouvelle avarie est survenue à bord. En cause ? Le maudit axe qui tenait l’étai de J2 (une voile d’avant) qui a à nouveau cassé. Il y a une poignée de jours, Éric avait constaté le même problème et était parvenu à réparer. Cette avarie est particulièrement dangereuse : elle peut en effet entraîner la perte du mât.

Pour y remédier, les réparations ne peuvent se dérouler que sur mer plate et dans des conditions clémentes, ce qui ne pouvait pas être le cas dans les prochaines heures. Prudent, le skipper de STAND AS ONE - Altavia a donc décidé de se dérouter vers l’Est des îles Falkland. La configuration de l’archipel ne lui permettait pas de mettre son bateau en sécurité sans faire appel à une aide extérieure.

Dans la nuit, après une manœuvre périlleuse, il a finalement réussi à s’amarrer à Port Stanley. Ironie de l’histoire, Éric avait déjà fait escale il y a 20 ans au même endroit. Son équipe a assuré que « c’est le coeur lourd et dans un état de fatigue extrême » qu’il a pris la décision d’abandonner son 2e Vendée Globe.

« J’ai eu très peur de perdre mon bateau. Si on était arrivés 10 minutes plus tard il s’échouait. Le bateau est safe et c’est tout ce qui compte. » Eric Bellion (Stand As One – Altavia)

« Hier au petit matin, alors que je naviguais plein nord dans du vent soutenu au près pour parer les Malouines, j’ai découvert que ma réparation avait rendu l’âme. Heureusement j’ai pu abattre et j’avais sécurisé le mât avec un câble avant, donc je ne l’ai pas perdu. L’objectif était alors de trouver une zone sous le vent des îles Falkland pour pouvoir réparer. Mais pendant que je naviguais le long de la côte Nord de l’archipel, j’ai compris que je ne pouvais pas avoir une réparation durable sans modifier une pièce que je n’avais pas à bord. Étant donné la situation météo sur zone, je me suis vite aperçu que si je voulais me mettre à l’abri dans cet archipel (plutôt plat et dont les accès en IMOCA sont compliqués) il me fallait une assistance, je ne voulais pas prendre de risque pour le bateau.

Prendre la décision de s’arrêter a été horrible. Je suis tellement déçu après tous ces efforts, j’avais pour objectif de me battre, de donner le maximum pour remonter au classement. C’est comme ça que ça devait s’écrire, je dois maintenant attendre que les deux personnes de mon équipe arrivent lundi avec la fameuse pièce, qu’on répare le plus vite possible pour que je puisse repartir sereinement en solitaire. On va finir ce tour du monde, une nouvelle aventure va débuter et l’histoire sera belle aussi.

Ca a commencé très fort avec l’arrivée aux Malouines, de nuit, avec un vent à plus de 35 noeuds et des rafales qui duraient, une des manœuvres les plus rock and roll de ma vie de marin.

Je dois le fait que le bateau soit intègre, au calme, à l’assurance et au professionnalisme de Paul, Marilou, Barth, Marion et toute l’équipe du port. Tout mon instinct me disait que je fonçais droit dans un piège, j’ai eu très peur de perdre mon bateau. C’était une manoeuvre de haut risque pour s’amarrer au ponton. Dix minutes après, le vent entrait à plus de 50 noeuds, dix minutes après je pense que le bateau s’échouait. On a eu beaucoup de chance.

Je suis à terre, accueilli chez Marilou qui me donne à manger des fruits et des salades, j’ai marché pour la première fois sur la terre, toutes ces choses que j’avais fantasmé de faire aux Sables d’Olonne et que je fais finalement ici aux Malouines… c’est pas comme ça que j’avais imaginé les choses mais c’est ainsi. Je suis très reconnaissant de cette chance qui nous a été donnée au bateau et à moi et je vais essayer de l’utiliser au maximum pour finir cette aventure en beauté.

On est à l’abri, le bateau est safe, personne n’est blessé. J’ai pu compter sur des gens extraordinaires ici, merci infiniment pour ce soutien. Maintenant on va laisser passer la tempête, on va réparer et on va repartir. On sèche nos larmes et on construit une nouvelle aventure. »

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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