Une sirène provocatrice, majeurs en l'air, sculptée à partir de ferraille récupérée et coiffée de tubes en plastique rouge, est immergée dans les eaux de Stockholm par une équipe de passionnés désireux d'alerter sur la montée des eaux. L'oeuvre imposante rejoindra d'autres monuments emblématiques du monde entier, tels que la tour de Pise, le Christ rédempteur et la statue de la Liberté, toutes fabriquées avec des déchets.Les sculptures peuplent désormais les fonds marins et ont donné naissance à "Atlantis", un projet artistique visant à "créer une ville sous-marine composée des édifices les plus célèbres du monde", a expliqué à l'AFP Fredrik Johansson, son initiateur.Les détritus ayant servi à leur création ont été récupérés par les plongeurs de l'organisation Hands 2 Ocean, qui collectent les déchets abandonnés dans les eaux autour de Stockholm. "En six ans d'existence, nous avons récupéré 43 tonnes de batteries, 44 tonnes de trottinettes électriques, 180 tonnes de pneus", énumère Fredrik Johansson. "Au total, nous avons ramassé 400 tonnes de déchets". Le projet Atlantis cherche à sensibiliser à la montée des eaux. "Toutes les prévisions actuelles indiquent que le niveau de la mer va s'élever. Avec la fonte des glaciers, l'eau montera de 1,2 mètre en 80 ans. Les Seychelles disparaîtront, les Maldives aussi, et le Bangladesh. Nous ne voulons pas aller dans cette direction", avertit M. Johansson. "Atlantis symbolise pour moi la trajectoire que nous suivons aujourd'hui", explique-t-il. "Quand toutes ces villes seront sous l'eau, nous aurons alors une nouvelle Atlantide", élabore Fredrik Johansson, en référence à l'île mythique dédiée à Poséidon et engloutie par les flots dans un cataclysme provoqué par Zeus. Parmi les oeuvres immergées figurent aussi des répliques de Big Ben, de l'Empire State Building à New York surmonté - cerise sur le gâteau - d'un King Kong escaladant son sommet. Elles resteront sous l'eau pendant un an, le temps d'acquérir une certaine patine.Anders Löwstedt, 61 ans, et son épouse atteinte de la maladie d'Alzheimer Kim Kärnfalk, 50 ans, sont à l'origine de la réplique du monument londonien. Pour eux, cette création symbolise "le temps" qui passe. "Ce temps est compté, comme le changement climatique auquel nous sommes confrontés. Nous disposons d'un certain temps pour y remédier", expose Anders Löwstedt à l'AFP.Idem pour le temps qui lui reste avec Kim. "Ce temps-là est également compté et nous devons faire quelque chose de vraiment bien" avant qu'il ne s'épuise, dit-il, avant de jouer un petit air de trompette, pour accompagner l'immersion de son oeuvre. Les oeuvres sont visibles sur le site internet du projet et accessibles aux plongeurs.
En Suède, des déchets sous-marins transformés en monuments emblématiques

Par Figaronautisme.com / AFP