
76 jours seul en mer, une 7? place au bout du chemin, et un constat limpide : Thomas Ruyant a digéré le résultat de son troisième Vendée Globe, mais l’appétit du compétiteur demeure intact. Frustration évacuée, le Nordiste analyse aujourd’hui sa course avec lucidité, conscient des hauts et des bas qui ont rythmé son tour du monde. À la lumière d’une édition d’une intensité inédite, il sait qu’il a joué un rôle majeur dans cette bataille planétaire, où chaque mille comptait et où la moindre erreur ne pardonnait pas.
Un niveau de course inédit« On a vécu un Vendée Globe d’exception », souligne Thomas Ruyant, admiratif du niveau de performance atteint par la flotte. L’édition 2024 a repoussé les limites, mettant à l’épreuve les skippers comme jamais auparavant. Si le Nordiste n’a pas décroché le podium dont il rêvait, il n’a aucun doute sur la valeur de sa course : engagé aux avant-postes dès les premières semaines, il a su naviguer avec audace et lucidité.« L’intensité de la course, y compris dans le Grand Sud, a été phénoménale », analyse-t-il. « Avec un tel niveau d’engagement, la moindre décision pouvait faire basculer une course entière. » C’est précisément ce qui s’est produit dans l’océan Indien, où un infime retard de 30 milles l’a contraint à prendre une option nord. Un choix de marin qu’il ne regrette pas, même s’il lui a coûté un retard irrattrapable.
Des choix assumés et des instants magiquesLe basculement de sa course s’est produit au cœur de l’Indien. Lorsqu’une puissante dépression s’est présentée, Charlie Dalin et Sébastien Simon ont réussi à la traverser, tandis que Thomas, légèrement en retard, a dû emprunter une route plus nordique. Un écart de 30 milles s’est transformé en 500, un gouffre insurmontable dans une édition où les écarts ne se refermaient jamais.Mais loin de se laisser abattre, Ruyant a trouvé dans cette situation une nouvelle manière d’apprécier son Vendée Globe. Dans le Pacifique, il a su lâcher prise et retrouver du plaisir dans la performance pure. « J’ai vécu mes plus beaux moments de glisse », confie-t-il. « J’étais en pleine symbiose avec mon bateau, et ces instants ont été magiques. »
Un bateau à la hauteur de l’exploitSi la victoire lui a échappé, Thomas Ruyant retient une certitude : VULNERABLE était à la hauteur du défi. Contrairement à ses deux précédentes éditions marquées par des avaries, cette fois-ci, la machine ne l’a jamais trahi. « J’ai pu attaquer en toute confiance, y compris lors des journées à plus de 600 milles », explique-t-il.Ses impressions rejoignent celles de son équipe et d’Antoine Koch, l’architecte du bateau. La maîtrise des foilers a atteint un niveau inédit, permettant des navigations à haute vitesse sur la durée. « Je n’ai jamais été aussi à l’aise dans ces conditions extrêmes », affirme-t-il. « Je sais que je suis capable de rivaliser avec les meilleurs et d’animer cette classe Imoca dans les années à venir. »
Et maintenant ?Avec le recul, Thomas Ruyant sait où sa course a basculé. Il a identifié ses erreurs, mais aussi les moments où il a été au sommet de son art. Plus confiant que jamais, il tire des leçons précieuses de ce Vendée Globe et regarde déjà vers l’avenir.Le marin nordiste n’a rien perdu de sa rage de vaincre. Ce troisième tour du monde lui a prouvé qu’il avait le niveau, la maîtrise et la capacité d’embrasser ces défis hors norme. Une chose est sûre : l’histoire entre Thomas Ruyant et le Vendée Globe est loin d’être terminée.