
C’est une mesure forte que le gouvernement s’apprête à mettre en oeuvre : dès le 1er juillet 2025, fumer sera interdit dans de nombreux lieux publics à ciel ouvert, notamment sur les plages, dans les parcs et jardins, aux abords des écoles, aux arrêts de bus ou encore dans les équipements sportifs. Une annonce faite par Catherine Vautrin, ministre de la Santé, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac.
« Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître », a insisté la ministre dans un entretien à Ouest-France, justifiant cette interdiction par la nécessité de protéger les plus jeunes, mais aussi par l’ampleur du fléau sanitaire. Le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, responsable de 75 000 décès par an, soit près de 200 chaque jour. Et son coût pour la collectivité est colossal : 156 milliards d’euros chaque année, selon l’Observatoire français des drogues et des conduites addictives.
Vers une génération sans tabac
Cette nouvelle interdiction s’inscrit dans le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2023-2027, qui ambitionne de voir émerger une génération sans tabac d’ici 2032. Déjà expérimentée par 1 600 communes volontaires, la généralisation des espaces sans tabac devrait désormais s’étendre à l’ensemble du territoire. Au total, ce sont plus de 7 000 zones qui avaient été créées localement, souvent avec l’appui de la Ligue contre le cancer.
Le non-respect de cette mesure exposera les contrevenants à une amende de 135 euros. Le périmètre exact autour des écoles - collèges et lycées inclus - sera précisé dans un décret à venir, en concertation avec le Conseil d’État et les élus locaux. L’objectif : éviter les attroupements de jeunes fumeurs aux portes des établissements scolaires.
Terrasses et vapotage épargnés... pour l’instant
Les terrasses de café ne seront pas concernées par cette interdiction, tout comme les cigarettes électroniques. Pour ces dernières, la ministre envisage toutefois des restrictions futures : une baisse du taux de nicotine autorisé et une réduction du nombre d’arômes sont à l’étude, en lien avec l’ANSES et la Haute Autorité de santé. Ces mesures pourraient entrer en vigueur d’ici fin juin 2026.
Si l’achat de tabac est déjà interdit aux mineurs, sa consommation ne l’est pas. Catherine Vautrin reconnaît ce paradoxe, mais n’envisage pas encore d’interdiction de fumer pour les moins de 18 ans. « Je ne m’interdis rien à l’avenir », précise-t-elle.
Cette nouvelle réglementation s’inscrit dans un contexte d’attente sociétale. Selon une enquête publiée par la Ligue contre le cancer, 62 % des Français se disent favorables à une extension des interdictions de fumer dans l’espace public. Un signal fort, qui conforte le gouvernement dans sa volonté d’avancer vers une société moins dépendante au tabac.
Avec cette série de mesures, la France amorce un virage important dans sa politique de santé publique. Et rappelle, en substance, que la liberté de fumer s’arrête là où commence le droit des enfants à respirer un air sain.