
À deux jours du grand départ de la première épreuve des IMOCA Globe Series 2025, l’effervescence monte à Boulogne-sur-Mer. C’est depuis la cité portuaire des Hauts-de-France que s’élanceront, ce dimanche, les 11 équipages engagés sur la Course des Caps - Boulogne-sur-Mer - Banque Populaire du Nord, une boucle de 2 000 milles autour des îles Britanniques.
À bord de Vulnerable, le foiler skippé par Thomas Ruyant, Ambrogio Beccaria apporte son énergie et sa solide expérience de la course au large. Spécialiste du Mini et de la Class40, le navigateur italien est convaincu que cette première confrontation de la saison ne se jouera pas uniquement à la vitesse.
« Ce ne sera pas forcément le bateau le plus rapide qui gagnera », confie le Milanais de 33 ans depuis le village de course. « La clé, ce sera la gestion de la dynamique d’équipage. Il y a beaucoup de potentiel à bord, mais si on ne l’exploite pas correctement, cela devient juste du poids mort. En revanche, avec de bons systèmes de quarts, des réglages ajustés en continu... on peut creuser de vrais écarts. »
Chaque IMOCA aligné comptera un équipage mixte quatre marins, ainsi qu’un Onboard Reporter (OBR), chargé de faire vivre la course de l’intérieur. Une configuration qu’Ambrogio Beccaria aborde avec enthousiasme.
Premier Italien à avoir remporté la Mini Transat en Série, en 2019, Beccaria se réjouit de naviguer aux côtés de Thomas Ruyant, Manon Peyre et Morgan Lagravière : « Ce que j’aime dans la navigation en équipage, c’est cette intensité permanente, cette impossibilité de relâcher la pression. La compétition est omniprésente. C’est la première fois que nous naviguons à plusieurs sur ce foiler. On verra si cette configuration apporte une vraie plus-value. »
Conscient de la complexité du parcours, Beccaria s’attend à une épreuve technique et exigeante. « La traversée de la Manche est toujours délicate », souligne-t-il. « Aujourd’hui, il y a des zones interdites partout, un trafic maritime intense, des courants, peu de vent, des brises thermiques venant tantôt d’une côte, tantôt de l’autre... sans parler des îles et des casiers de pêche : c’est très dense. »
Il cite ensuite la côte est de l’Angleterre, où il y a de nombreux parcs éoliens, de routes commerciales, de plateformes offshore et de bancs de sable. « Et puis il y a le Grand Nord, que je connais assez peu », ajoute-t-il, en référence à l’Écosse, au passage au large des Shetland et aux côtes ouest de l’Irlande. « Ce sont des zones très sauvages. On espère qu’elles seront plus ventées ! »
Mais le vent pourrait bien se faire désirer sur ce parcours de 2 000 milles nautiques. Les dernières prévisions annoncent un départ dans du petit temps, avec plusieurs zones de calmes potentiels sur l’ensemble du tracé - un scénario que les marins redoutent toujours. Une incertitude de plus pèse sur l’épreuve : le sens de rotation autour des îles Britanniques n’a pas encore été arrêté.
Jacques Caraës, directeur de course, affine encore son analyse : « Nous nous attendons principalement à un départ très calme dimanche, avec très peu de vent », indique-t-il. « Cela représente un vrai défi pour lancer la course. Quant au sens du parcours - horaire ou antihoraire -, la décision n’est pas encore prise. Nous examinons attentivement les régimes de courants, surtout en l’absence de vent établi, ce qui pourrait orienter notre choix. »
Dans un scénario extrême, les concurrents pourraient même être contraints de mouiller le long de la côte sud de l’Angleterre, si les conditions deviennent totalement inertes, combinées aux puissants courants de marée liés à la période de vives-eaux.
Un record de vitesse semble d’ores et déjà hors de portée : « D’après nos projections actuelles, la course devrait durer environ sept jours et demi, voire davantage », estime Jacques Caraës. « Cela reste faisable dans un sens comme dans l’autre. Côté météo, aucun système dangereux en vue : c’est plutôt anticyclonique pour le moment. »
À bord de 4CAD - La Mie Câline, le double finisher du Vendée Globe Benjamin Dutreux savoure l’ambiance qui règne au village de course de Boulogne-sur-Mer. Entouré d’Arnaud Boissières, d’Axelle Pillain et de Damien Seguin, il apprécie l’accueil chaleureux réservé aux marins : « Il y a une super ambiance ici à Boulogne-sur-Mer, beaucoup de monde, c’est top », sourit le skipper vendéen. « Il y a plein de groupes scolaires, beaucoup d’enfants qui ont suivi le Vendée Globe ou d’autres courses. Je pense qu’ils sont vraiment ravis de pouvoir voir les bateaux de près. »
Dutreux apprécie le choix de la Classe IMOCA d’avoir lancé la course depuis Boulogne-sur-Mer : « Ça change un peu des habitudes », note-t-il. « On part souvent des mêmes ports, donc c’est vraiment chouette de pouvoir montrer nos bateaux ailleurs, de partir depuis la Manche. »
Dixième du dernier Vendée Globe, il s’attend à une compétition très serrée : « Quand je vois le niveau de la flotte ici, c’est clair : ça va se jouer à peu de chose. L’objectif, c’est de rester dans le groupe de tête... On va tout donner pour rester dans le peloton. »
Outre les équipes de Vulnerable et de 4CAD - La Mie Câline, la Course des Caps réunit également Will Harris et son équipage sur Malizia - Seaexplorer, Szabolcs Weöres à bord de New Europe, Fabrice Amedeo avec FDJ - United Wewise, ainsi que les formations menées par Jérémie Beyou (Charal), Nicolas Lunven (Team Holcim - PRB), Sam Davies (Initiatives-Cœur), Justine Mettraux (Teamwork - Team Snef), Élodie Bonafous (Association Petits Princes - Quéguiner) et Sam Goodchild (MACIF Santé Prévoyance).
La Course des Caps - Boulogne-sur-Mer - Banque Populaire du Nord ne marque pas seulement le coup d’envoi de la saison 2025, mais aussi le lancement du Championnat IMOCA Globe Series 2025. Ce dernier comprend également la Rolex Fastnet Race en équipage complet en juillet, The Ocean Race Europe en équipage complet en août, le Défi Azimut - Lorient Agglomération en septembre, ainsi que la Transat Café L’Or en double à la fin octobre.