
Rocio Gómez a passé une heure à découvrir les canaux de Copenhague en bateau sans débourser un centime: elle a ramassé des déchets flottants, profitant d'une initiative estivale de la ville qui récompense les comportements éco-responsables.
Pendant sa balade maritime sur un hors-bord à moteur électrique, qui coûte habituellement autour de 80 euros l'heure, la touriste mexicaine a aidé à nettoyer le port de la capitale danoise.
"Tu fais quelque chose de bien en passant du bon temps", se félicite-t-elle auprès de l'AFP.
La trentenaire, qui travaille dans le développement durable, entend profiter d'autres offres du programme durant son séjour dans la ville.
Lancée mi-juin et prévue pour durer neuf semaines, l'initiative CopenPay propose aux touristes et aux habitants une centaine de récompenses comme un café, une viennoiserie ou un concert offert contre une heure de ramassage des déchets, mais également un repas à prix réduit en échange de jardinage ou une visite guidée gratuite pour ceux qui restent plus de trois jours.
"Quatre personnes sur cinq veulent faire une bonne action, mais une seule le fait, nous nous sommes demandés comment combler cet écart et inspirer davantage de personnes à faire quelque chose de bien" pour l'environnement, explique Rikke Holm Petersen, directrice de la communication de Wonderful Copenhagen, l'office du tourisme local.
L'an dernier, l'initiative, dans sa phase pilote, avait déjà séduit 75.000 amateurs.
Cette année, Wonderful Copenhagen table sur "le double, ou même plus". Le nombre d'institutions et d'entreprises participant a été multiplié par quatre, aucun d'entre eux ne bénéficiant d'une contrepartie financière.
Chez l'organisateur de balade sur les canaux GoBoat, comme chez beaucoup de participants, l'offre est limitée.
"Quelque 60 personnes peuvent venir tous les mardis et jeudis matins" après s'être inscrites via le site, détaille Isabel Smith.
Cette biologiste marine est chargée d'analyser les déchets ramenés par les utilisateurs de CopenPay, en moyenne deux kilos par bateau et essentiellement du plastique.
"Je mesure le plastique en fonction de sa largeur et de sa longueur, puis j'identifie son type", explique-t-elle. "Cela nous aide à mieux comprendre les recherches actuelles sur la pollution plastique dans le port et à localiser précisément où se concentre cette pollution".
- Faire des émules -
La proposition convainc les adeptes.
"Lorsque vous voyagez dans différents endroits, vous souhaitez vivre des expériences différentes et j'ai trouvé cela assez incroyable", assure Rocio Gómez.
"Au début, c'était assez propre, extrêmement propre même, mais ensuite on a trouvé certains coins qui étaient assez sales et puis nous avons commencé à ramasser tous les déchets des coins avec un filet en bambou", poursuit-elle.
Elle a partagé son bateau avec Marta Reschiglian, une étudiante italienne, et sa bande d'amis en échange Erasmus.
"Comme nous sommes étudiants et que nous avons parfois un budget très serré, c'est vraiment sympa de pouvoir faire ces choses, de combiner un comportement un peu durable et respectueux de l'environnement avec un moyen d'obtenir des choses gratuitement", salue Marta.
Pour elle, "beaucoup de villes devraient commencer à adopter ce genre d'initiatives. Nous constatons partout dans le monde que le tourisme de masse pose de nombreux problèmes (...) c'est un bon exemple".
Le projet pourrait faire des émules au-delà des frontières danoises.
"On a initié une toute nouvelle discussion, ou agenda, mondiale sur l'impact des voyages, ce qui est vraiment important", estime la responsable de Wonderful Copenhagen.
Dans la capitale danoise, l'initiative pourrait aussi devenir plus pérenne, avec une version d'hiver.
Quelque 4 millions de touristes visitent Copenhague chaque année et la majorité vient en été.