
À plus de 70 ans, Éric Loizeau, qui incarne comme personne les croisements d’expérience entre la course au large et la haute montagne, annonce son retour en mer pour participer à la Route du Rhum 2026. Et pas à bord de n’importe quel voilier puisqu’il a choisi Flo, l’ancien trimaran de Florence Arthaud, comme compagnon de route pour cette prochaine participation à la plus populaire des transats en solitaire.
Un retour sur la Route du Rhum, une traversée symbolique
En 2026, Éric Loizeau repart en course, mais pas pour battre des records dans un pur objectif de performance entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre.
« Ce n’est pas un baroud d’honneur. Ce projet, c’est un hommage à Florence, une navigatrice exceptionnelle. Et c’est aussi une manière de dire qu’à tout âge, on peut repartir, transmettre, et faire mieux avec moins », explique celui qui entend de nouveau l’appel du large. Et surtout « se sent d’y aller ; prêt physiquement et mentalement ». Ce sera la troisième participation d’Éric Loizeau à cette course prestigieuse, marquée par une victoire dans sa catégorie en 1982, et un abandon en 1986 lui laissant « un goût d’inachevé. » Et si à l’aube des années 90, le skipper a poussé en grand la barre pour se tourner vers la montagne, ce retour aux sources s’impose comme une évidence.
« À la base, je suis marin... toute ma vie tourne autour de la mer, et je n’ai jamais cessé de naviguer », souligne celui qui tirait ses premiers bords à Portsall dans les Abers, dès l’âge de sept ans.
Son eau de jouvence, l’auteur du Cap Horn à l’Everest la puise dans la pratique du sport au quotidien. Pour ce nouveau défi, il suit un entraînement régulier « spécifiquement adapté pour développer le haut du corps plus sollicité en mer qu’en montagne ». « Il s’agit d’être en bonne forme et suffisamment affûté pour ne pas me faire mal », indique-t-il. Pour cultiver le dépassement de soi - essuyer des tempêtes, ou éviter les crevasses -, il applique la même recette : mener une vie équilibrée, à l’écoute de ses propres limites.
Une vie d’aventures en mer et montagne
Pour se donner les meilleures chances de bien vieillir en laissant peu de prise au temps, cet insatiable éco-aventurier a toujours su nourrir ses passions, entre navigations et ascensions. Ancien barreur d’Éric Tabarly aux côtés duquel il a appris la navigation astronomique, vainqueur de trois transats, recordman de l’Atlantique en solitaire, Éric Loizeau a aussi gravi l’Everest en 2003, 50 ans après la première cordée.
Rescapé de cette périlleuse expédition, où il laisse plusieurs phalanges, il gagne aussi la certitude que la course océanique et le monde des altitudes extrêmes cultivent un même esprit d’engagement vis-à-vis des éléments. Un constat qui à toujours poussé le fondateur du Trophée Mer Montagne à faire se ren-contrer « les marins et les montagnards qui ont toujours tant de choses à apprendre les uns des autres ».
Un appel à partenaires pour porter un message fort
Éric Loizeau se révèle par ailleurs un fervent militant de la lutte contre la pollution plastique, ce fléau gangrénant les océans. Un engagement que ce défenseur de l’économie circulaire partage dans des livres ; et lors de conférences inspirantes auprès du monde des entreprises et des décideurs économiques. Un juste retour des choses pour ce touche-à-tout, qui de la crête des vagues au toit du monde, a toujours mené ses aventures sous les couleurs de partenaires.
« En compétition, comme lors de mes expéditions, quand je rencontrais des obstacles et des difficultés, cela m’a toujours beaucoup aidé d’être prêt à tout pour inverser la situation, par respect aussi pour la confiance qu’on m’avait accordée. »
Pour son nouveau défi, Éric Loizeau lance un appel à des mécènes, des fondations, des sponsors et des institutionnels, partageant ses valeurs. Le budget prévisionnel du projet, estimé entre 500 000 à 600 000 euros, inclut la fiabilisation du bateau qu’il a déjà convenu de louer auprès de son actuel propriétaire, Emmanuel Le Roch (Nautic Sport).
À partir du mois de juin 2026, et tout au long des cinq mois de préparation et de prise en main du bateau, il envisage de le baser à Brest.
Pour le faire revenir dans les meilleures dispositions possibles sur la course qui l’a vu naître, le skipper finistérien aimerait en raccourcir le mât et l’équiper d’une nouvelle grand-voile.
Vainqueur de l’édition 1990, ce trimaran de 60 pieds reste le tout premier de la longue saga des lauréats de la Route du Rhum, nés des planches à dessin des architectes VPLP (Van Peteghem-Lauriot Prévost). Chargé d’histoire, c’est dans la catégorie Rhum-Multi, qu’Éric Loizeau, quatre ans après Philippe Poupon, projette d’aligner à nouveau ce multicoque patrimoine.
Dans cet objectif, il recherche aujourd’hui le soutien d’acteurs engagés dans la longévité active, la transition environnementale, ou encore le monde maritime... Et il invite ces potentiels partenaires à embarquer dans cette Route du Rhum 2026, qui bien au-delà du défi sportif, incarne un message fort : celui du lien entre générations, du respect de la nature ; et de la capacité à se réinventer...