The Ocean Race : Biotherm mène la charge au nord du Danemark

Par Le Figaro Nautisme

En tête depuis le départ hier de Kiel, Biotherm a creusé légèrement l’écart ce lundi matin avec une dizaine de milles d’avance sur Paprec Arkéa. Retour sur le début de course avec Amélie Grassi (Biotherm) et Yoann Richomme (Paprec Arkéa).

Les habitués de la cartographie, les mordus de la « carto », ont dû être saisis par un sentiment assez étrange depuis le départ. A la différence des tours du monde et des transatlantiques, il n’est pas vraiment question de grandes glissades dans un no man’s land iodé. Les concurrents ont en effet dû naviguer en mer Baltique en se frayant un chemin entre les grandes îles danoises.

Dans la soirée, la flotte est également passée sous le Grand Belt, immense pont qui enjambe la mer sur 18 km et point culminant du Danemark (254 mètres). Il fallait surtout veiller à éviter les pièges et l’étroitesse de l’édifice pour continuer à progresser. Une navigation contrainte et une vigilance exacerbée qui n’empêchent pas une sacrée bataille.

Biotherm, un sans-faute depuis le départ

« Le départ a été super intense, on y a forcément laissé pas mal d’énergie », confiait hier soir Yoann Richomme, skipper de Paprec Arkéa. « C’est vrai que la soirée et la nuit se sont déroulées dans un rythme vraiment soutenu, abonde ce matin Amélie Grassi (Biotherm).

Entre la proximité des côtes, le trafic, les petites bouées et le vent qui n’était pas très stable, on s’est très peu reposé. On a longtemps été les quatre dans le cockpit à bosser ! » Amélie reconnaît « avoir commencé à se reposer qu’en milieu de nuit » avec « des siestes très courtes ». Régulièrement, ils devaient en effet modifier la route ou légèrement peaufiner la trajectoire.

À ce jeu-là depuis le coup d’envoi, c’est donc Biotherm qui s’en tire le mieux et qui mène la danse. L’équipage de Paul Meilhat a marqué les premiers points de The Ocean Race Europe en étant en tête au « scoring gate » (à 2 milles du départ) devant Paprec Arkéa. « On a pris un super départ en ayant de bonnes sensations dès le départ, souligne Amélie. Nous avions un plan précis en matière d’organisation à bord et de réglages pour faire en sorte qu’on soit rapide. Pour l’instant, il se déroule sans accroc ».

Paul et Amélie ont également été ceux qui ont passé le plus de temps dans la Baltique récemment en enchaînant les navigations à proximité de l’île de Sandhamn (Suède) puis en terminant 2e de la Gotland Runt (autour de l’île de Gotland). Une expérience qui s’est donc avérée précieuse afin d’aborder dans les meilleures conditions ce début de course.

Moins de 30 milles d’écart au sein de la flotte

Derrière, Paprec Arkéa s’accroche. « C’est un peu dur de tenir le rythme de Biotherm, reconnaît Yoann Richomme. Nous savons qu’on manque un peu de potentiel dans du vent medium (entre 12 et 15 nœuds) ». Il n’empêche, les cinq bateaux en lice ont vite progressé sur le long bord longeant le Danemark. Le vent s’est renforcé en 2e partie de la nuit, permettant aux concurrents d’avancer à plus de 2 nœuds de moyenne.

Au petit matin, Biotherm est passé en tête à la pointe de Grenen - le point le plus au Nord du Danemark - et a creusé légèrement son avance avec Paprec Arkéa (9 milles à 8 heures). Les écarts restent néanmoins peu conséquents ce matin puisque 27 milles séparent l’ensemble de la flotte avec Team Malizia (3e à 11 milles), Canada Ocean Racing - Be Water Positive (4e à 20 milles) et Team AMAALA (5e à 27 milles).

Chez les équipages, tous ont une pensée pour les skippers d’Holcim-PRB et d’Allagrande MAPEI Racing qui ont dû rebrousser chemin après leur collision. « On a tous regardé les images, c’était impressionnant », confie Yoann. « Nous avons pris un coup au moral, c’est dur de perdre deux concurrents comme ça, abonde Amélie. On espère tous qu’ils vont trouver une solution pour revenir dans le match ».

Problème d'enrouleur au départ pour Malizia

Des nouvelles enfin de Boris Herrmann, le local du départ de Kiel qui revient sur un départ particulièrement mouvementé pour le Team Malizia. En cause ? Un problème pour dérouler le FR0 (une voile de portant). « Le boot d’enrouleur s’est coincé devant, confie l’Allemand. Justine (Mettraux) et Cole (Brauer) ont couru pour le démêler à 30 secondes du départ, ce qui explique qu’on n’a pas pu prendre le départ comme on le souhaitait ». Il n’empêche, le collectif Team Malizia a ensuite pris ses marques. « Avec le FR0 et le J3, on a longé le Danemark en allant jusqu’à 33 nœuds, poursuit Boris. On est restés au reaching dans de bonnes moyennes dans la Baltique avant d’enchaîner au près dans la Mer du Nord ». Et le skipper de conclure : « on est forcément un peu fatigué avec les virements et la concentration la nuit mais ça se passe très bien à bord ! »

Pour les cinq autres équipages, la suite a désormais lieu en mer du Nord avec une longue descente jusqu’à Portsmouth. « Aujourd’hui, on va encore avoir beaucoup de près, ce qui nous avantage, explique Amélie Grassi. Il faudra aussi composer avec des variations de vent importantes qui vont nécessiter pas mal de manœuvres ». « Ça ne risque pas de baisser en intensité », s’amuse Yoann Richomme avant de conclure : « le chemin est tortueux et la route est encore longue ! »

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...