
Partie de Portsmouth, la flotte a mis le cap sur Carthagène, en Espagne, avec une escale éclair à Matosinhos, au Portugal, pour le « fly-by » de trois heures. Biotherm de Paul Meilhat y a signé le meilleur temps, juste devant Paprec Arkéa de Yoann Richomme. En embuscade, Team Holcim-PRB, mené par Franck Cammas, Nico Lunven, Alan Roberts et Rosalin Kuiper, a pris la troisième place provisoire.
Un retour express dans le match pour un bateau contraint à l’abandon dès la première étape, entre Kiel et Portsmouth, après une collision dès les premières minutes de course. Sérieusement endommagé au niveau de la coque, l’équipe a dû batailler jour et nuit pour réparer et être au départ de cette étape. Désormais, Team Holcim-PRB navigue au contact des leaders et assume pleinement son statut de prétendant à la victoire.
« C’est dans l’adversité que le groupe s’est soudé », souligne Alan Roberts, qui a pris part au chantier de réparation. « On retrouve un bateau à 100 %, l’ambiance à bord est excellente et je prends énormément de plaisir à régater », confiait le Britannique alors que le monocoque suisse s’approchait du détroit de Gibraltar.
À 35 ans, Alan Roberts connaît bien l’intensité de ce genre de bagarre. Neuf participations à la Solitaire du Figaro forgent un marin. « Cette étape me rappelle clairement une course de Figaro, » explique-t-il. « Tout le monde est au contact, chaque décision compte, et je retrouve ici beaucoup de mes anciens camarades : Sam Goodchild, Paul Meilhat, Will Harris, Justine Mettraux... C’est ce qu’on aime, cette confrontation permanente, ce besoin de se dépasser. Même les escales rappellent le Figaro : courtes, intenses, où il faut savoir gérer sa récupération et son équipage. »
Alan Roberts sait néanmoins qu'Holcim-PRB peut souffrir dans les conditions de grand portant, notamment face aux deux sisterships Paprec Arkéa et Allagrande MAPEI Racing, mais aussi face à Team Malizia. L’équipage mise sur une fin de parcours méditerranéenne, plus aléatoire et moins ventée, pour créer des opportunités. « La Méditerranée sera piégeuse, » annonce Alan Roberts. « Les conditions sont imprévisibles, le vent peut tomber. Mais nous avons de très bons experts météo à bord et nous allons tout faire pour en tirer parti. »
À bord de Paprec Arkéa, la Portugaise Mariana Lobato a savouré son escale à domicile, son équipage tenant alors la deuxième place. « La nuit a été très difficile, mais nous n’avons jamais lâché, » raconte l’ancienne championne du monde de Match Racing et vainqueure de The Ocean Race Europe 2021 en VO65. « Nous avons continué à pousser le bateau à son maximum et nous étions heureux de récupérer cette deuxième place à l’arrivée. »
La navigatrice de 37 ans souligne elle aussi l’intensité de cette étape, la plus longue du parcours, comptant double au classement. « Le niveau est très élevé. Chaque équipe a la capacité de prendre la tête. Nous avons connu de belles phases et d’autres plus délicates, mais nous sommes restés patients et concentrés, pour exploiter chaque opportunité. » Fatigue oblige, la navigatrice note la tension qui monte dans l’équipage composé de Yoann Richomme, Corentin Horeau et Pascal Bidégorry. « Franchement, c’est un plaisir de naviguer avec eux. »
Comme Alan Roberts, elle s’attend à une Méditerranée pleine de surprises et de rebondissements, avec en prime un nouveau sprint intermédiaire offrant sept points précieux au premier à franchir la marque d’arrivée. « Gibraltar est toujours imprévisible, » conclut-elle. « Le vent peut tout changer, il va falloir rester bien concentrés. »
Derrière le trio de tête, Team Malizia, mené par Will Harris, occupe la quatrième place, à moins de 60 milles de Paprec Arkéa. Allagrande MAPEI Racing d’Ambrogio Beccaria est cinquième, à 58 milles plus loin. En sixième position, Canada Ocean Racing - Be Water Positive de Pip Hare accuse 166 milles de retard sur le leader. Enfin, Team Amaala, skippé par le Suisse Alan Roura, a repris la mer ce matin depuis Matosinhos.