
Au cours de sa première année, le programme a mis en place un programme de mentorat inédit. Quatre femmes ont été intégrées dans des équipes IMOCA, suivies par des skippers ou team managers. Parmi elles, l’Américaine Cole Brauer, accompagnée par Boris Herrmann, skipper de Team Malizia. Ces premières immersions avaient duré quatre semaines.
Cette saison, le FLDP change d’échelle : l’objectif est d’intégrer des femmes dans un quart des équipes IMOCA, dans des rôles de skipper, team manager, boat captain ou directrice technique. Le dispositif s’étendra désormais sur six mois et combinera immersion professionnelle, mentorat et ateliers de leadership.
L’ambition est claire : impliquer jusqu’à dix équipes dès l’an prochain, et davantage encore d’ici 2027. En parallèle, une nouvelle initiative sera lancée en Bretagne afin de créer un véritable parcours vers les métiers maritimes pour les femmes.
Imogen Dinham-Price, responsable du développement durable et partenariats à la Classe IMOCA, revient sur les origines du programme.
« Nous voulions créer, avec The Magenta Project, un programme de mentorat permettant à des femmes expérimentées d’intégrer une équipe IMOCA et de suivre un skipper, un boat captain, un directeur technique ou un team manager, afin d’apprendre à leurs côtés et, à terme, d’occuper ces rôles », déclare-t-elle.
« Ces postes à responsabilité manquaient cruellement de représentantes féminines, et notre objectif était de concevoir un programme qui encourage les femmes, notamment celles ayant acquis de l’expérience dans d’autres secteurs, à prendre ces fonctions et à y rester », ajoute Imogen.
Lena Weisskichel est responsable du mentorat chez The Magenta Project, une organisation caritative mondiale primée, fondée en 2015, qui œuvre pour une plus grande équité et inclusion des femmes dans les industries de la course au large et du maritime. Elle est en charge de l’identification des candidates au programme, de la collaboration avec les équipes IMOCA, ainsi que de l’élaboration du contenu pédagogique des nouvelles immersions de six mois.
« Nous travaillons à l’échelle de toute l’industrie de la voile et nous cherchons à recruter des stagiaires partout dans le monde, » explique-t-elle. « Nous avons récemment intensifié nos efforts en Asie. Notre objectif à long terme, très ambitieux, est d’avoir une stagiaire dans chaque équipe IMOCA. Selon notre calendrier, nous espérons que 75 % des équipes auront rejoint le programme d’ici 2028. »
Lena Weisskichel précise que l’un des principaux indicateurs de réussite du programme sera l’emploi à long terme des mentees. « Que les stagiaires décrochent un poste permanent dans le rôle dans lequel elles ont été formées est évidemment notre but principal », déclare-t-elle. « Le FLDP leur offre l’opportunité de rencontrer les équipes, de faire leurs preuves, de se rendre visibles et de démontrer leur valeur. Et puisqu’il s’agit d’un programme axé sur le leadership féminin, nous cherchons aussi à sensibiliser les équipes aux principes du leadership, à leur montrer ce que peut être le leadership au féminin, et à favoriser une ouverture plus grande à l’égard des femmes leaders dans l’industrie. »
Devenue en 2024 la première Américaine à boucler un tour du monde en course, sans escale et sans assistance, Cole Brauer a trouvé dans le FLDP un tremplin vers l’univers IMOCA. Mentorée par Boris Herrmann, elle a ensuite intégré Team Malizia et participe cette saison à The Ocean Race Europe.
« J’ai été la première à rejoindre ce programme via The Magenta Project », explique Cole Brauer, 31 ans, originaire du Connecticut. « Et très vite, les gens se sont dit : si ça fonctionne pour une personne, pourquoi pas pour d’autres femmes ? »
Elle souligne un point important : les femmes engagées dans le programme sont rémunérées. « La plupart des programmes comme celui-ci sont des stages non payés. Ce que j’aime ici, c’est qu’on valorise nos compétences. On peut vraiment exercer un métier et être payées », affirme-t-elle.
Pour Cole Brauer, cette initiative pourrait à long terme avoir un impact plus large dans le monde de la voile et du monde maritime. Elle soutient pleinement la démarche de l’IMOCA et de The Magenta Project : « Contrairement à d’autres classes, l’IMOCA agit concrètement pour faire avancer la place des femmes dans la course au large. Sur Malizia-Seaexplorer pendant The Ocean Race Europe, il y aura toujours deux femmes à bord sur les quatre membres d’équipage. The Magenta Project a été créé en réponse aux difficultés rencontrées par les femmes pour progresser dans ce secteur. Aujourd’hui, grâce à ce programme, ces barrières commencent à tomber, ouvrant de réelles opportunités pour les femmes dans ces fonctions. »
La navigatrice américaine considère que le FLDP est une réponse modeste et pragmatique à un problème profondément ancré.
« Personnellement, » ajoute-t-elle, « j’aime avoir plus de femmes autour de moi parce que ça apporte une perspective différente, qui n’a peut-être pas encore été présente sur la course. Cette vision est très pertinente et nécessaire pour gagner. »
Les femmes représentent encore moins de 10 % des postes techniques dans les équipes IMOCA, ce qui justifie que le FLDP cible particulièrement ces métiers. Mais la tendance s’inverse peu à peu.
Lors de la Course des Caps en juin dernier, tour de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, la proportion de femmes a atteint un record : 15 navigatrices (34 %) sur 44 engagés. En parallèle, la saison 2024 a vu émerger une parité inédite chez les team managers, dont 63 % sont désormais des femmes.
Imogen Dinham-Price souligne que l’un des objectifs du FLDP est de faire en sorte que cette dynamique positive ne s’inverse pas. « L'objectif est de maintenir cette dynamique », explique-t-elle. « Il est essentiel de préserver, voire renforcer, cette parité dans les années à venir. »