
Dix ans après l'attentat sur une plage qui avait coûté la vie à 30 Britanniques et frappé de plein fouet le tourisme en Tunisie, les vacanciers européens affluent de nouveau dans ce pays méditerranéen où les autorités espèrent une saison record.
Le 26 juin 2015, un étudiant tunisien fait irruption sur la plage d'un hôtel près de Sousse (140 km au sud de Tunis), une kalachnikov cachée dans son parasol, avant d'ouvrir le feu sur les touristes.
L'attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique fait 38 morts, dont 30 Britanniques et porte un nouveau coup au tourisme, quelques mois seulement après une attaque meurtrière ayant visé le musée du Bardo à Tunis (21 touristes tués). Depuis, le pays tente de tourner la page et les touristes aussi. Dans un hôtel 5 étoiles de Sousse, non loin de la plage où les 30 Britanniques furent tués, Diane Paul, originaire du Pays de Galles, passe ses journées au bord de la piscine. Cette touriste de 74 ans est revenue en Tunisie car "aucun endroit n'est sans danger", relativise-t-elle, la peau rougie par le soleil. "Nous connaissons des personnes sur lesquelles l'auteur a tiré" sans les blesser par un coup de chance, raconte-t-elle émue.
Pour les professionnels du secteur, le marché britannique affiche un retour spectaculaire. "Il y a une très forte progression de 48%" du marché anglais à fin juin, souligne à l'AFP la présidente de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie, Dora Milad. Le directeur de l'hôtel Pearl Marriott de Sousse, Maher Ferchichi, salue "un retour de la confiance dans la Tunisie comme destination sûre". "Le marché anglais représente plus de 90% des clients européens de notre hôtel", précise-t-il à l'AFP.
Recommandations "assouplies"
"Depuis que les autorités ont adopté de nouvelles mesures (sécuritaires, ndlr) efficaces, nous avons pu progressivement assouplir nos recommandations", explique à l'AFP Roddy Drummond, l'ambassadeur britannique à Tunis. Il y aura "environ 400.000 touristes britanniques" dans le pays cette année, "presqu'autant qu'avant les événements de 2015". Dans les ruelles de la médina, Eileen Cuciurean, 78 ans, habituée de la destination, constate elle aussi ce retour de ses compatriotes britanniques: "A l'hôtel cette année, il y avait beaucoup d'Anglais. Les autres années, nous étions parfois les seuls". Sur un an, le nombre de touristes étrangers a bondi d'environ 10% jusqu'au 20 juillet 2025, avec près de 5,3 millions d'entrées, selon l'Office du tourisme qui vise un record de 11 millions de visiteurs cette année. Le tourisme génère 700.000 emplois directs en Tunisie et permet à ce pays pauvre en ressources d'engranger des devises indispensables pour financer ses importations et rembourser sa dette.
Mais la reprise du secteur ne semble pas profiter à tout le monde. "Nous les artisans souffrons. Certes, il y a des millions de touristes mais ils viennent juste pour dormir et manger à l'hôtel", regrette Mourad Hadhari, un commerçant de la vieille ville de Tunis.
En Tunisie, le "tourisme de masse représente encore 70% de la fréquentation", selon Ahmed Bettaieb, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages. Le tourisme balnéaire reste "très attractif" dans ce pays à la longue côte sablonneuse, estime Mme Milad tout en plaidant pour "des investissements dans une montée en gamme".