
Erwan Le Roux et Audrey Ogereau mettent le cap sur Le Havre, d’où s’élancera le 26 octobre la 17e Transat Café L’Or. À bord de l’Ocean Fifty Koesio, ils incarnent un duo singulier, alliant l’expérience d’un marin chevronné et l’énergie d’une nouvelle génération. Pour Erwan, il s’agira d’une dixième participation, déjà marquée par trois victoires retentissantes (2009, 2013 et 2015) dans la classe des multicoques de 50 pieds. Audrey, elle, vivra sa deuxième traversée de l’Atlantique et sa première en trimaran, deux ans après un abandon commun qui leur avait laissé un goût d’inachevé. Portés par une saison exemplaire - podiums à chaque Grand Prix et leadership au Championnat des Ocean Fifty Series - ils partent avec une ambition claire : franchir cette fois la ligne d’arrivée et démontrer, ensemble, la force de la mixité.
Une complicité qui fait la différence
Au fil des navigations, leur binôme s’est imposé comme une évidence. « Depuis que nous naviguons ensemble, nous avons appris à nous compléter et à construire une vraie complicité », souligne Audrey.
« En 2021, j’étais émerveillée par tout ce que je découvrais, mais aussi un peu dépassée. Aujourd’hui, je connais beaucoup mieux le bateau, je visualise le départ, le village, la gestion des premiers jours. Je suis plus actrice que suiveuse, et cela change tout. » Erwan, figure incontournable de l’épreuve, insiste sur cette complémentarité : « Bien sûr qu’on veut gagner, mais notre premier objectif reste de finir. En 2023, nous avons appris à nos dépens qu’une transat ne pardonne rien et certainement pas les excès. Nous voulons naviguer comme on sait le faire : proprement, avec du plaisir, en construisant une trajectoire solide. La mixité, c’est notre atout : un équilibre rare dans cette flotte. »
Expérience et prudence pour viser juste
Fort d’un palmarès impressionnant - trois victoires sur cette course et une constance au plus haut niveau - Erwan apporte sa science du rythme et de la gestion. « Depuis 2021, chaque fois que le bateau coupe la ligne d’arrivée, il termine sur le podium. C’est une statistique qui en dit long et qui nous pousse à maintenir ce niveau d’exigence », explique-t-il. Mais l’expérience l’incite aussi à la mesure : « Les jeunes générations aiment naviguer pied au plancher. Nous, nous savons qu’une transat se gagne aussi dans la durée. À nous de tenir notre feuille de route sans céder à la précipitation. » Cette année, un paramètre supplémentaire rend l’exercice encore plus exigeant : l’interdiction du routage météo. « Cela change considérablement la donne », souligne le Rochelais. « Les choix stratégiques vont être faits uniquement à bord, ce qui valorise l’expérience accumulée et la capacité à garder la lucidité dans la durée. » Audrey aborde l’épreuve avec le même réalisme. Elle sait que l’exercice sera très différent des Grands Prix de quelques jours : « Cette fois, contrairement à il y a deux ans, je sais à quoi m’attendre. Cela me libère l’esprit pour me concentrer pleinement sur la stratégie et la gestion du bateau. »
Une ambition nourrie par la régularité
Sur le papier, le tandem de Koesio fait figure de prétendant sérieux, mais il garde les pieds bien sur terre. « On nous colle l’étiquette de favoris, et on l’accepte », reconnaît le skipper de Koesio. « Cela ne change cependant rien à notre approche : naviguer juste et prendre du plaisir. » Audrey, de son côté, résume l’état d’esprit commun : « Une transat reste pleine d’incertitudes. Ce qui compte, c’est de rester fidèles à nous-mêmes, de faire parler notre complicité et de tenir le cap jusqu’à l’arrivée. Cette fois, notre objectif est simple : transformer notre complicité et notre régularité en une arrivée au bout de l’Atlantique. »