Marqué en janvier 2025 au large des côtes Floride-Géorgie, Contender était resté silencieux près d’un mois avant d’émettre de nouveaux signaux entre le 27 et le 29 octobre, au large de l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. Ce suivi satellitaire a confirmé une migration impressionnante : plus de 6 900 km parcourus le long de la côte atlantique, allant jusqu’aux abords de Terre-Neuve avant de repartir vers le sud.
Si son apparition attire autant l’attention, c’est parce que Contender détient un record : il s’agit du plus grand mâle de son espèce jamais capturé, examiné puis relâché par les équipes d’OCEARCH. Sa taille et son état général en font un indicateur précieux sur la santé des grands requins blancs en Atlantique Nord. Les biologistes y voient une opportunité rare de documenter le métabolisme, la croissance et le comportement migratoire d’un individu d’une telle envergure.
Le Canada, un corridor essentiel pour les grands blancs
Les données collectées ces dernières années montrent que près de 88 % des requins blancs marqués dans le sud-est des États-Unis remontent jusqu’aux eaux canadiennes pendant la belle saison. Une présence massive qui confirme le rôle clé du plateau néo-écossais et de la région terre-neuvienne dans leur cycle migratoire. Les eaux y offrent des zones d’alimentation riches, mais aussi un environnement encore mal compris.
Le cas Contender apporte une pièce nouvelle au puzzle : il démontre qu’un mâle adulte de grande taille fréquente lui aussi ces latitudes, alors que les scientifiques y observaient surtout des femelles et des individus plus jeunes.
La trajectoire du requin raconte bien plus qu’un simple déplacement. Elle met en lumière la façon dont ces prédateurs utilisent les courants, les variations de température ou encore la disponibilité des proies pour orienter leur migration. En suivant Contender, les chercheurs espèrent mieux cerner la façon dont ces animaux réagissent aux transformations de l’océan : réchauffement de l’eau, modification des stocks de poissons, augmentation des activités côtières.
Chaque signal envoyé par son émetteur enrichit une base de données essentielle pour comprendre - et protéger - une espèce encore vulnérable malgré son statut mythique.
Une sentinelle des océans
Au-delà de la fascination qu’il suscite, Contender joue malgré lui un rôle de révélateur. Son parcours offre un aperçu rare de la santé des écosystèmes atlantiques et des corridors migratoires qui les relient. Les chercheurs y voient un allié involontaire, capable de guider des stratégies de conservation plus fines et mieux adaptées aux réalités de l’Atlantique Nord.
Alors que la saison des migrations se poursuit, son prochain signal est attendu avec une attention particulière. Chaque mouvement de ce géant raconte un peu plus l’histoire invisible des océans.
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