La Nouvelle-Galles du Sud est sous le choc après une attaque de requin d’une rare violence, qui a coûté la vie à une touriste suisse de 25 ans et grièvement blessé son compagnon. Un drame survenu dans une zone isolée, qui relance les questions sur la surveillance, les comportements des requins et l’efficacité des mesures de protection.
Un couple surpris dans l’eau avant le lever du soleil
Jeudi matin, à Kylies Beach, une longue bande de sable noyée dans les dunes du parc national de Crowdy Bay, un couple suisse entame une baignade avant le lever du jour. Quelques minutes plus tard, la situation bascule. Selon les premières analyses du Département des Industries Primaires, l’attaque aurait été provoquée par un requin-bouledogue de plus de 3 mètres, l’une des espèces les plus puissantes et imprévisibles des eaux australiennes.
Le jeune homme parvient à ramener sa compagne sur le rivage et à donner l’alerte. Les secouristes arrivent vers 6h30, mais ne peuvent sauver la jeune femme. Lui est transporté par hélicoptère à l’hôpital de John Hunter, où il est pris en charge dans un état stable.
Sur place, les témoignages décrivent une scène fulgurante. Kirran Mowbray, responsable de NSW Ambulance, précise que le requin a d’abord attaqué la jeune femme, avant de revenir sur le compagnon. Une témoin a eu le réflexe de poser un garrot improvisé, un geste qui, selon les équipes médicales, lui a probablement sauvé la vie.
Une zone sans surveillance permanente
Ce drame met en lumière la réalité de nombreuses plages reculées de Nouvelle-Galles du Sud : aucune équipe de sauveteurs sur place, pas de patrouille régulière, et peu de possibilités d’intervention rapide. Kylies Beach, enchâssée dans un parc naturel, est l’une de ces zones à la beauté brute mais dépourvues d’infrastructures. "Cet incident, vraiment terrible, s’est produit dans une zone tellement isolée qu’il n’y avait aucun service de sauveteurs", rappelle Steven Pearce, directeur général de Surf Life Saving NSW. Les plages de Kylies, North Haven et Crowdy Bay ont été immédiatement fermées, le temps d’effectuer des contrôles par drones et jet-skis. Après plusieurs heures de recherches, aucune présence inquiétante de faune marine n’a été détectée.
Dans la foulée, la police a indiqué analyser des images GoPro tournées sur les lieux, susceptibles de clarifier la chronologie exacte de l’attaque et le comportement du requin.
Les scientifiques appellent au calme : "Un incident terrible, mais imprévisible"
Comme à chaque attaque majeure, l’émotion a pris le pas sur l’analyse. Pourtant, les spécialistes insistent : les attaques répétées d’un même requin sont extrêmement rares, et il est hasardeux de parler d'un animal "à problème".
Pour Brianna Le Busque, chercheuse à l’Université d’Australie du Sud, il est crucial de laisser l’enquête avancer. "C’est un incident horrible et imprévisible, mais rien n’indique pour l’instant que ce requin continuera à mordre des humains", explique-t-elle. Elle souligne aussi un phénomène bien connu : les références immédiates au mythe des Dents de la mer. L’idée qu’il faudrait « attraper » le responsable est, selon elle, non seulement inefficace mais scientifiquement infondée. "Il est probable que le requin se soit senti menacé, qu’un élément inhabituel ait déclenché cette réaction. On ne peut en tirer aucun schéma", insiste-t-elle.
Une enquête en cours, un pays une nouvelle fois confronté à ses eaux sauvages
Les attaques mortelles restent très rares en Australie, mais elles marquent durablement les esprits. Contrairement à la perception populaire, le pays ne vit pas une "augmentation" massive du risque, mais un enchaînement d’événements isolés dans un environnement où le requin occupe une place naturelle. Dans les jours à venir, l’analyse des vidéos, des données environnementales et des observations sur le terrain permettra de comprendre ce qui s’est passé ce matin-là à Kylies Beach.
Un rappel brutal que ces plages spectaculaires, souvent désertes au lever du soleil, restent le territoire d’une faune puissante et imprévisible, avec laquelle la cohabitation nécessite vigilance, science et sang-froid.
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