
À l’heure de refermer ce chapitre, la Finistérienne mesure le chemin parcouru et se projette déjà vers la suite, qui se jouera en solitaire dès 2026, avec en point d’orgue sa première Route du Rhum-Destination Guadeloupe, nouvelle étape sur la route du Vendée Globe.
Une année de premières qui bouscule les repères
Entrer dans l’univers de l’IMOCA a d’emblée représenté un changement d’échelle pour Élodie Bonafous. Issue de la monotypie, elle a dû apprivoiser un monde nouveau, où chaque détail compte : « J’ai découvert tout un univers : la conception, le temps que ça prend, les étapes, la précision qu’exige un prototype », raconte-t-elle. Ce basculement s’est concrétisé dès le début de l’année avec un moment structurant : la mise à l’eau du sistership de MACIF Santé Prévoyance, le bateau avec lequel Charlie Dalin a remporté le Vendée Globe. Une direction donnée par Bertrand Quéguiner, directeur de l’écurie Horizon 29, qui a choisi de s’appuyer sur MerConcept pour mener à bien le programme. Consciente de l’ampleur d’un tel défi et de l’importance du collectif, Élodie s’est inscrite naturellement dans cette dynamique : « Sur la conception, je n’avais pas la légitimité pour trancher. Bertrand et les équipes techniques ont pris les grandes décisions. Mon rôle, c’était d’être le fil conducteur : suivre, apprendre, comprendre, sans prétendre jouer les spécialistes. » Mais au-delà du chantier, c’est surtout la prise en main du 60 pieds qui a marqué un véritable cap. « Faire de l’IMOCA, ce n’est pas seulement savoir border des voiles. Il faut comprendre comment le bateau fonctionne, gérer l’énergie, surveiller la technique, anticiper les soucis possibles en manœuvre. J’appréhendais cette marche-là... et finalement, grâce aux bonnes personnes autour de moi, j’ai appris bien plus vite que ce que j’imaginais. » De la sortie de chantier au baptême, jusqu’à la victoire sur la Rolex Fastnet Race puis l’arrivée de la Transat Café L’Or, les temps forts se sont succédés sans répit. Mais jamais sans sens : « Si on m’avait demandé d’imaginer mes débuts en 60 pieds, je ne les aurais jamais vus se dérouler aussi bien. Il n’y a pas eu d’expérience négative ou inutile. Soit ça s’est soldé par des résultats, soit on a beaucoup appris », résume la navigatrice.
Une team construite sur l’humain
Au-delà du bateau, 2025 a aussi été l’année où Élodie a constitué son équipe. Un enjeu majeur pour bâtir quelque chose qui s’inscrive dans la durée. « On ne cherchait pas forcément les "top guns" de chaque spécialité, explique-t-elle. On voulait surtout des gens compétents, mais aussi très humains, avec une vraie envie de s’engager et de grandir avec nous sur quatre ans. » Certaines personnes étaient déjà connues, d’autres beaucoup moins. « Au début de la constitution de la team, je ne connaissais pas tout le monde, loin de là. Aujourd’hui, je suis vraiment contente du casting. Je suis fière de partager cette aventure avec l’équipe et de pouvoir faire confiance à chacun. On sent que tout le monde s’inclut dans la dynamique que nous voulions au départ. » Le choix de se baser à Port-la-Forêt s’inscrit dans cette même logique de cohérence et d’ancrage. « On s’est posé beaucoup de questions sur l’implantation, mais rester ici avait du sens. C’est là que j’ai grandi en Figaro Beneteau, et les gens qui y travaillent sont vraiment investis et heureux de voir le projet vivre chez eux. Pour le Groupe Quéguiner, très attaché à son territoire finistérien, cette implantation résonne aussi naturellement. » Élodie insiste enfin sur la dimension collective mise en avant avec son partenaire Association Petits Princes. « Prendre la barre d’un projet sociétal à dimension humaine a pour moi beaucoup de sens. Je n’aurais pas pu rêver d’un meilleur nom de bateau. Porter fièrement les couleurs de l’Association, c’est accompagner les rêves des enfants qui se battent chaque jour contre la maladie. C’est aussi mettre en lumière les équipes de bénévoles et les salariés qui rendent aujourd’hui ces actions possibles. Et le fait que le Groupe Quéguiner - mon partenaire depuis quatre ans - me permette de naviguer pour l’Association Petits Princes est pour moi une véritable chance. »
La victoire à la Rolex Fastnet Race a marqué un tournant.
« Gagner, c’est particulier, reconnaît-elle. Une victoire, ça reste rare, et symboliquement, en décrocher une dès la première année sur le circuit IMOCA, c’est fort. » La Route du Café a ensuite apporté un autre type d’enrichissement. « Pour une première transatlantique en 60 pieds, j’ai énormément appris avec Yann (Eliès). Et la traversée retour, en faux solo, a vraiment compté. En début d’année, l’idée de me retrouver seule sur ce bateau m’intimidait beaucoup. Finalement, en quittant la Martinique, j’étais étonnamment sereine : je savais ce que j’avais à faire. Ça m’a donné confiance dans ma capacité à gérer la machine. » Cette assurance nouvelle ouvre une phase très différente. En 2026, Élodie vivra ses premières navigations en autonomie complète, avec notamment la 1000 Race pour lancer sa saison, avant d’enchaîner sur plusieurs rendez-vous clés menant à son temps fort : sa première Route du Rhum - Destination Guadeloupe. « On va adapter le bateau afin de le mettre à ma patte, revoir l’ergonomie et la décomposition des manœuvres, pour que tout soit fluide quand je serai seule à bord », explique-t-elle. Une transition majeure qu’elle aborde avec pragmatisme, mais aussi un réel enthousiasme.
vous recommande