
Guirec a quitté le ponton de Lorient une fois son bateau baptisé par le navigateur Eugène Riguidel, et a passé la ligne de départ fictive de tous les records, la longitude du phare du Créac’h, au nord de l’île d’Ouessant, à 11h36 précises, dans une mer formée.
Quels sont les critères d'une bonne fenêtre météo ?
L'objectif, c'est de ne pas avoir de près sur les premières journées, de ne pas avoir du vent trop fort ni trop de mer, quitte à avoir une fenêtre qui ne soit pas top, pas très rapide pour l'Equateur. Ce n'est pas le temps à l'Equateur qui est la priorité, ce sont les conditions de navigation, la facilité des enchaînements et le fait de minimiser les risques de casse sur la descente jusqu'à l'Equateur, explique le météorologue Christian Dumard.
Est-ce la météo des premiers jours de mer qui décide de la fenêtre ou peut-on voir plus loin ? Jusqu'au Cap Horn par exemple ?
C'est la météo des premiers jours qui décide. On regarde quand même jusqu'aux Canaries et un peu après. La météo est plutôt bien pour les trois premiers jours ; après, il y a une zone très molle du côté des Canaries. On voit jusqu'au Cap Vert, bien que ça bouge pas mal, mais on ne voit pas du tout jusqu'au Cap Horn, on n'a aucune idée de ce qu'on aura pour le pot au noir et après.
Pourquoi Guirec a-t-il attendu si longtemps avant de prendre le départ ?
On a attendu longtemps parce qu'il n'y avait pas eu, jusque-là, de fenêtre assez longue avec du vent portant.
Est-ce que les premiers jours s’annoncent sereins ?
Les premiers jours s'annoncent assez sereins, oui. Après, il y a toujours du stress quand même au départ et ça, il faut en tenir compte, surtout en solitaire. Il y a pas mal de fatigue sur les deux, trois premiers jours, et beaucoup de trafic maritime, avec des pêcheurs...»
Guirec, comment as-tu géré l'attente avant le départ ?
J'ai géré l'attente de façon sereine parce qu'il y avait du boulot à faire sur le bateau, pas mal de petits trucs à finaliser, mais c'était compliqué, aussi, parce que dans ma tête, je m'étais dit qu'un départ le 15 novembre, c'était bien. Au final, c'était important de prendre le temps parce que les vents n'étaient pas forcément super bien orientés et il y avait beaucoup de mer. Là, on est très, très prêts, et au final, ça va me permettre d'arriver au bon moment pour le passage du Cap Horn. Nickel.
Comment s’est passée ta dernière soirée avant départ ?
Ma dernière nuit avant le départ s'est super bien passée. J'étais debout vers 5h30, 6h, je me réveille toujours tôt, mais j'ai dormi d'une traite, de façon très paisible. Ce qui est cool, c'est que je sais que j'ai un bateau qui marche bien, je n'ai pas cette pression de me dire qu'il va falloir le pousser à 100% en permanence. Avant tout, le maître-mot, ça va être de prendre du plaisir.
Aurais-tu préféré passer Noël à terre ? Ou l’objectif était justement de partir avant ?
L'objectif, c'était de partir dès que les conditions étaient réunies. Pour moi, il n'y a pas plus beau cadeau de Noël que de partir et pouvoir naviguer sur l'Ultim MACSF, je suis donc très content d'y être avant les fêtes. On a fait Noël avec les enfants quelques jours avant. Ils sont très jeunes, donc ils ne se rendent pas trop compte, mais le Père Noël est passé, et peut-être qu'il repassera après, on ne sait pas (sourire)...
Que ressens-tu ?
Il y a de l'émotion, de l'excitation, de la gratitude envers plein de personnes dont mon équipe, mes partenaires. C'est un boulot qui n'était pas évident, on a bien enchaîné les choses depuis le retour du Vendée Globe, on n'a pas eu trop le temps de souffler, mais c'est tellement de plaisir, de bonheur de pouvoir naviguer sur ce bateau que je n'ai qu'une envie, c'est de traverser les océans.
As-tu des appréhensions ? Quels seront les premiers obstacles auxquels tu devras faire face ?
Pour le début, il y aura un peu de vent avec un peu de mer. Au bout de 2 jours, je vais gagner en chaleur et me rapprocher des latitudes un peu plus chouettes ; j'aurai ensuite 10 jours vraiment trop cool et plus je vais me rapprocher du Cap Horn, plus il y aura de questionnements sur la manière dont ça va se dérouler, comment vont être les vents, est-ce que je vais pouvoir passer du premier coup, est-ce que je vais devoir me mettre en stand-by, c'est-à-dire freiner en laissant passer les gros systèmes et rester un peu plus nord, ou alors avancer et se mettre à la cape, ou bien encore tirer quelques bords... Mais on verra, je suis prêt, il n'y a pas de souci, ça va être un moment rigolo en mer comme à terre, à suivre (rires) !
Tu n'as pas de concurrents, as-tu dressé une feuille de route pour cocher tel ou tel objectif ?
L'objectif, c'est de bien naviguer, prendre beaucoup de plaisir et ça, ça sera le cas... et faire en sorte d'être devant Jean-Luc au maximum (Jean-Luc Van Den Heede, détenteur du record en monocoque).
Suivez la cartographie en direct pour accompagner Guirec Soudée tout au long de son tour du monde à l’envers.
Pensez à consulter les prévisions sur METEO CONSULT Marine.
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