Chahutés par un fort coup de vent et une mer agitée, plusieurs dizaines d’oiseaux marins ont été filmés ces derniers jours sur les digues du port de Sète. Les images, largement relayées sur les réseaux sociaux, ont rapidement suscité l’étonnement, certains y voyant l’arrivée spectaculaire de pingouins en Méditerranée. Une interprétation séduisante, mais trompeuse.
Une scène insolite sur les digues du port
Les vidéos montrent une colonie compacte d’oiseaux immobiles, alignés face à la mer, comme en attente d’une accalmie. Le contexte météo explique en grande partie cette scène inhabituelle : vents violents, mer formée et conditions dégradées ont poussé ces oiseaux à chercher un abri temporaire sur des structures portuaires exposées mais stables.
À première vue, leur posture droite, leur plumage sombre et leur regroupement serré ont rappelé à certains observateurs le pingouin torda, une espèce que l’on associe plus volontiers aux mers froides de l’Atlantique Nord qu’aux rivages méditerranéens.
Pingouins ou cormorans ? L’erreur d’identification
Très vite, des spécialistes et des naturalistes ont tempéré l’emballement. Après analyse des images, le diagnostic est clair : il ne s’agit pas de pingouins, mais bien de grands cormorans, des oiseaux bien connus des côtes françaises, y compris en Méditerranée.
Plusieurs indices ne trompent pas les observateurs avertis. La taille d’abord, nettement plus imposante que celle d’un pingouin torda. La silhouette ensuite, plus allongée, avec un cou visible et une posture typique des cormorans lorsqu’ils se reposent. Enfin, le comportement est révélateur : les cormorans utilisent fréquemment digues, quais et enrochements comme zones de repos, surtout après des épisodes météorologiques agités.
Le rôle amplificateur des réseaux sociaux
Cette confusion illustre parfaitement la manière dont une image spectaculaire peut rapidement être surinterprétée lorsqu’elle circule hors de son contexte. Une vidéo de qualité moyenne, un commentaire enthousiaste, et l’idée de voir des pingouins à Sète s’est propagée à grande vitesse.
Le phénomène n’a rien d’exceptionnel. À chaque épisode météo marqué, des regroupements inhabituels d’oiseaux marins sont observés sur les littoraux français. Ils témoignent moins d’un événement extraordinaire que de la capacité de la faune sauvage à s’adapter temporairement à des conditions difficiles.
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