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Comment votre héritage et vos liens familiaux avec le commandant Cousteau et Philippe Cousteau ont-ils influencé votre choix de carrière ?
« Grandir avec mon grand-père que j'ai connu - il est mort quand j'avais 17 ans en 1997 - et avec les films de mon père, m’ont beaucoup influencé dans mon parcours. En particulier, le travail sur lequel je me concentre maintenant, qui est celui de l'éducation. Mon grand-père croyait beaucoup à l'éducation et à l'importance de faire grandir et d'encourager les jeunes à protéger l’environnement. C'est pourquoi nous avons une organisation à but non lucratif qui s'occupe de programmes d'éducation environnementale dans le monde entier, notamment en ce qui concerne les océans. Pour moi l'éducation est très importante. »
Comment a debuté votre combat pour préserver l’océan ?
« En grandissant, je savais que je voulais faire quelque chose pour honorer l'héritage de mon père et de mon grand-père. La première chose que j'ai faite sur le plan professionnel a donc été d'essayer de comprendre comment je pouvais contribuer à ce mouvement environnemental. J'ai pensé que me concentrer sur l'éducation était un moyen très important pour y parvenir. C'est la première chose que j'ai faite. Au fil des ans, j'ai également participé à de nombreux projets en tant que conteur d'histoires. Mon grand-père et mon père ont laissé derrière eux un héritage riche avec tous leurs livres, leurs films et leurs documentaires… J’ai donc aussi participé à beaucoup d'émissions de télévision, rédigé plusieurs livres et collaboré à des projets de réalité virtuelle. Aujourd’hui nous sommes toujours à la recherche de différentes façons de raconter l'histoire de l'océan au public. En tant qu'éducateur et conteur, je pense que ce sont vraiment les projets de ma vie. Ceci depuis que j'ai obtenu mon diplôme universitaire et que j'ai commencé à travailler... »
Quel projet écologique a eu le plus d’impact sur vous ?
« Tous mes projets ont eu un impact considérable sur moi-même. Mais celui qui me semble pertinent en ce moment avec la crise à l'île Maurice, est celui où j'ai couvert la marée noire de BP dans le golfe du Mexique. J'ai été la première personne à y plonger avec un journaliste américain nommé Sam Champ. Personne n'avait jamais fait de plongée sous-marine dans une marée noire auparavant. J'ai pensé que nous devions le faire pour montrer à quel point c'est horrible et dévastateur. Cela nous a permis de démontrer que le pétrole ne flottait pas seulement à la surface. Il y avait des poissons morts et toutes sortes de choses flottant dans l'eau que vous ne pouviez pas voir depuis la surface. J’ai toujours parlé de catastrophes environnementales ,mais en les voyant de mes propres yeux, cela m’a beaucoup touché. »
Que ressentez-vous lorsque vous voyez que cela se reproduit en ce moment à l’Île Maurice ?
« Je me sens incroyablement frustré et triste pour cet endroit. Heureusement, ce n'était pas un navire-citerne plein ou cela aurait été une véritable catastrophe aux proportions épiques, mais cela n’empêche que les 4 000 tonnes de diesel qui se trouvent à bord de ce navire et qui s'échappent est dévastateur pour cet écosystème. Une seule goutte, une goutte de pétrole est mortellement toxique pour les larves de poissons. Une seule goutte à un effet sur une surface de la taille d'une piscine olympique, c’est tout ce qu'il faut pour avoir un impact sur ces écosystèmes de récifs coralliens qui sont les écosystèmes les plus divers et les plus dynamiques de la mer. C'est dévastateur et cela se ressentira pendant des années… »
Quels sont vos nouveaux projets ?
« ANTARCTICA2020, c’est une initiative visant à établir l'un des plus grands actes de conservation de l'histoire de l'humanité : 4 000 kilomètres carrés dans une région qui peut sembler très éloignée, en Antarctique. Aujourd’hui, l’Antarctique change plus rapidement que n'importe quel endroit du monde à cause du changement climatique. Le continent Antarctique est à la fois un héritage qui nous appartient à tous, aucune nation ne gouverne l'Antarctique à elle seule et c'est un héritage qui est essentiel pour le fonctionnement de notre planète.
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L'Antarctique alimente en nutriments la chaîne alimentaire océanique qui se répand dans tout l'océan. Ce continent est lié avec la nourriture que des centaines de millions de personnes consomment. L’Antarctique représente pour chaque personne sur cette planète : la vie, la survie et l'espoir. Ce projet s'inscrit donc dans une stratégie plus vaste. Il s'agit de protéger 30 % des océans d'ici 2030. Aujourd’hui nous savons comment résoudre les problèmes écologiques et nous savons que l'un de nos meilleurs outils pour y parvenir est de créer des zones protégées dans l’océan. »
Quel message souhaitez-vous passer après cette catastrophe ?
« La destruction de l'environnement, c'est notre problème à tous. En tant que communauté mondiale, nous sommes dépendants et nous continuons à être dépendants des combustibles fossiles. Ce bateau longeait l'île Maurice, il n'allait pas sur l'île. C'était un cargo qui profitait à d'autres nations et l'abandonner comme ça et laisser ce problème à cette petite nation non préparée, c'est immoral et c'est criminel. Je pense que c'est une démonstration de notre mépris permanent pour notre responsabilité en tant qu'êtres humains les uns envers les autres. C’est choquant que nous ne puissions pas apprendre nos leçons et que la communauté internationale ne semble pas pouvoir s'unir pour résoudre ces problèmes. Nous envoyons des gens sur la lune et sur Mars et nous ne pouvons pas réparer un navire qui fuit au large des côtes de l'île Maurice, c’est scandaleux ! »