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La floraison de la posidonie n’est pas annuelle, elle est aussi plus fréquente dans les eaux chaudes du sud de la Méditerranée. Lorsqu’elle a lieu, elle donne des fruits qui ont la forme, la taille et la couleur d’une olive. Les fruits mûrissent en 6 à 9 mois puis se détachent de la plante pour flotter au gré des courants. Ils s’échoueront sur les plages ou finiront par pourrir, laissant couler leur unique graine qui germera et pourra s’implanter si les conditions du milieu sont réunies.
Comme toutes les plantes, la posidonie a besoin de lumière pour réaliser la photosynthèse et assurer sa croissance. Elle la capte jusqu’à 40 m de profondeur, parfois davantage dans les eaux les plus claires du bassin méditerranéen. D’autres facteurs déterminent sa distribution : le taux de salinité des eaux (un minimum de 33%), leur température (entre 9°C et 28,5°C) ; la plante évite également les zones trop agitées, elle craint les vagues et le courant, et les tempêtes qui l’arrachent de son socle. Un herbier en bonne santé, proche de la surface, peut compter jusqu’à mille faisceaux de feuilles par mètre carré ! Autant dire que c’est une superbe machine photosynthétique, productrice d’une biomasse végétale servant à une multitude d’animaux, qui s’en nourrissent, s’y fixent ou s’y abritent.
L’herbier joue un rôle très important en produisant une grande quantité d’oxygène qui sera utilisée par la vie marine ou pour la dégradation des feuilles. Lorsqu’elle reçoit suffisamment d’énergie solaire, la posidonie peut produire jusqu’à 14 litres d’oxygène/m2 et par jour. En piégeant les particules en suspension, qui vont sédimenter au cœur de l’herbier, elle agit également comme un filtre naturel qui favorise l’éclaircissement de l’eau.
Une plante qui protège les petits et le littoral
Se balader avec masque et tuba au-dessus des prairies de posidonies peut offrir de belles surprises. L’herbier est un garde-manger, un habitat, un abri contre les prédateurs, une frayère aussi, et – bouclons la boucle -, une nurserie pour de nombreuses espèces d’invertébrés et de poissons, au premier rang desquelles la saupe, grande consommatrice de la plante (suivie de près par l’oursin comestible), mais aussi les seiches, grandes nacres, serrans, corbs, bernard-l’hermite, hippocampes, étoiles de mer…
La nature est bien faite dit-on. Car tout ce petit monde agit aussi comme une barrière contre les tempêtes ; en cassant la houle, les mattes denses de posidonie empêchent les vagues d’atteindre la côte à pleine puissance.
Les herbiers jouent donc un rôle écologique majeur en protégeant la biodiversité, leur valeur économique est indéniable, pour le tourisme mais aussi pour la pêche, en abritant des espèces de valeur commerciale. Pourtant, après avoir survécu à bien des bouleversements géologiques et climatiques au cours de son évolution, la verte posidonie doit aujourd’hui faire face aux agressions humaines : fréquentation accrue du littoral et du milieu marin, rejets chimiques, arrachage mécanique de la plante par les ancres ou les engins de pêche traînants, aménagement littoraux, construction de ports, de digues, empiètement sur la mer… Les herbiers sont en régression depuis une cinquantaine d’années le long des littoraux des principaux centres urbains, et ils restent menacés. Ce n’est pourtant pas faute d’instaurer des mesures de protection nationales et internationales.
La posidonie est une espèce protégée en France depuis 1988. L’herbier l’est aussi en tant que biotope, et tout projet d’aménagement littoral impose la réalisation d’une étude d’impact sur le milieu marin, en particulier sur l’herbier de posidonie. Au niveau européen, l’herbier est inscrit en annexe I de la « Directive Habitats » de 1992. Au niveau international, la posidonie est protégée par la Convention de Barcelone et la Convention de Berne.