
Naufrages & noyades (mais pas Léopoldine Hugo !)
C’est en 1963 que le mascaret de la Seine a été englouti à jamais, dont l’existence a marqué pendant des millénaires les riverains de la Basse-Seine. Pas moins de deux siècles de recherches et travaux (endiguement de l’estuaire et dragage des chenaux) des meilleurs ingénieurs en hydraulique ont été nécessaires pour terrasser ce fléau qui a provoqué des centaines de naufrages et de noyés parmi marins et spectateurs (mais pas Léopoldine Hugo, c’est une erreur des éditions Flammarion !). C'est le flux de la mer que ceux du pays nommaient la Barre, parce qu'il s'élevait sur la surface de la Seine en formant une barre qui, en remontant, faisait aussi remonter les eaux environ 40 lieues (130 km) deux fois par jour, depuis le Havre-de-Grâce jusqu'au Pont de l'Arche. La fréquence d’apparition du mascaret n’était pas régulière, ce qui fit de la Seine probablement le mascaret le plus capricieux de tous. Sa puissance dépendait étroitement de la position des bancs de sable dans l’estuaire. Le mascaret pouvait aller jusqu’à Rouen, 80 km en amont de Quillebeuf. Suite à des travaux d’aménagement de 1845 à 1850, le mascaret disparut puis réapparut en plus fort que jamais en 1858, sachant que 1888 fut l’année la plus ravageuse. Durant ces siècles, Quillebeuf et Caudebec en furent les points les plus spectaculaires, ces zones de convergences où les jaillissements furent les plus hauts. On venait de toute la région par trains spéciaux pour voir le phénomène et à la Cale aux Moules de Caudebec, on avait coutume de dire « Un mascaret sans linge à sécher est un mascaret raté ». Sur le quai de Caudebec est encore scellée une plaque: «En souvenir de Mme Lebreton, née Jacqueline Gremont (1938-1961), emportée par le mascaret le 17 février 1961.
De nos jours
De nos jours, on observe encore quelques résurgences du mascaret au débarcadère du bac de Sahurs en aval de Rouen pour les coefficients supérieurs à 100 où il arrive 12 min avant l’heure de la haute mer au Havre. Il se forme au niveau de Duclair. Loïc Le Louargant et Thomas Chaise, deux surfeurs rouennais, ont fait revivre le mascaret le samedi 22 août 2009, coefficient 111 à Berville (près de Duclair). Entre Vieux-Port et Duclair, ils ont surfé pendant une vingtaine de secondes, soit 50 mètres, des petites vagues d'environ 30 cm vers 12h15, France 3 était là pour immortaliser l’évènement. Les forts courants de mascaret se manifestent toujours dans le port de Rouen tout comme au quai de Saint-Wandrille. En période de marées de vives-eaux, des mesures de sécurité sont prises pour éviter que les navires ne cassent pas leurs amarres, n’endommagent pas la coque ou le quai à l’arrivée du mascaret. Instructions nautiques : s’amarrer le cap vers l’aval, mouiller une ancre au large (pour freiner le rappel vers le quai et tenir le bateau en cas de rupture des amarres), raidir les amarres avant l’arrivée du flot et se préparer à mettre les machines en route.
A Caudebec, ne manquez pas de visiter MuséoSeine qui vous propose une immersion sonore et visuelle avec des images d’archives bluffantes !
Mascadata :
Marnage grandes marées : 8 m (Le Havre)
Longueur de l’estuaire : 30 km
Largeur de l’estuaire : 15 km
Superficie de la Baie : 72 km2
Longueur de la Seine : 777 km
Débit moyen de la Seine : 400-500 m3 /sec
Bassin versant : 780 650 km2
Latitude : 49 °N
Longueur de déferlement : 130 km (avant 1963), 200m maintenant
Hauteur des pics de mascaret : 1-3m (avant 1963), 30cm maintenant
Heures de passage : 8h – 11h