Christophe Defrance, Redwoodpaddle «On réfléchit davantage à l'empreinte écologique qu'on laisse»

Glisse
Par Figaronautisme.com

Il y a treize ans, Christophe Defrance, passionné de sports de glisse en tout genre, se lance dans l’aventure Redwoodpaddle et, au fil des ans, la marque s’impose comme un incontournable en Europe. Des méthodes de production propres, des matériaux biosourcés, un bâtiment à énergies positives... Découvrez la politique écologique affirmée du n°1 du stand up paddle.

©Lionel Faliu
Il y a treize ans, Christophe Defrance, passionné de sports de glisse en tout genre, se lance dans l’aventure Redwoodpaddle et, au fil des ans, la marque s’impose comme un incontournable en Europe. Des méthodes de production propres, des matériaux biosourcés, un bâtiment à énergies positives... Découvrez la politique écologique affirmée du n°1 du stand up paddle.

Quel est le "leitmotiv" de la marque ?

Christophe Defrance : « J’ai créé Redwoodpaddle, notre marque de stand up paddle, il y a treize ans. La problématique écologique s’est imposée à nous quand nous avons commencé à avoir de gros volumes : nous avons beaucoup de conteneurs, beaucoup de gros équipements à acheminer. C’est là que nous nous sommes interrogés sur la politique à mettre en place pour être les plus propres possible. Même si nous sommes parfois contraints de faire fabriquer à l’autre bout du monde, ces questions environnementales sont on ne peut plus normales et nous leur accordons une immense place. Nous sommes depuis toujours les partenaires de Surf Rider Foundation par exemple. En toute franchise, je me suis très largement laissé inspirer par Soltec, une entreprise américaine dirigée par un Français, qui a remporté il y a 15 ans l’Award de la société la plus propre de Californie. Cette récompense, j’en ai encore le souvenir, comme si c’était hier. C’est génial, on peut travailler dans le sport de glisse et être tout à fait propre ! Quand on pratique des sports de glisse en mer, on a envie que notre terrain de jeu soit propre. Aujourd’hui, on réfléchit davantage quand on fait quelque chose, notamment à l’empreinte écologique qu’on laisse, autant pour Redwoopaddle que pour PWR-Foil. »

Comment mettez-vous en application cette politique écologique ?

C. D. : « Nous voulons à tout prix éviter de faire du jetable ; vendre des produits que l’on consomme et que l’on jette cela ne nous intéresse pas. On essaie de limiter au maximum le plastique dans les emballages de produits. Nous n’utilisons que des cartons qui sont faits à partir de bois recyclé et de forêts certifiées, avec une gestion la plus clean possible. Dès qu’on en a la possibilité, on essaie d’acheminer nos produits par voie ferroviaire. Pour certains gros produits c’est plus compliqué mais pour d’autres comme les pagaies, les chargeurs, que l’on est obligé de faire venir d’Asie, nous utilisons au maximum le ferroviaire. Tout se joue aussi dans les petits gestes de tous les jours ! Nous essayons, par exemple, de réutiliser tous les cartons d’emballage pour conditionner nos produits jusqu’au client final. Toutes les planches qui sont faites chez nous sont en résines biosourcées. Par exemple, en ce moment nous sommes en plein test des prototypes d’ailes de foil en fibre de lin. Nous essayons d’honorer au maximum cette politique vertueuse. C’est encore compliqué sur la production en série, mais nous allons y arriver !

Aujourd’hui l’idée c’est que très rapidement, dans nos nouveaux locaux, nous produisions beaucoup de choses nous-mêmes, pour limiter la trace carbone. À ce propos, nous prévoyons de travailler avec une usine qui sera beaucoup plus proche, en Afrique du Nord, pour avoir une empreinte carbone moins importante. Cette entreprise travaille déjà dans le nautisme et dans la couture de produits haut de gamme. Ce sont des gens qui maîtrisent le collage, la fabrication en grande série... pour sortir d’ici un an des paddles gonflables à moins de mille kilomètres de chez nous ! Aussi nous essayons de monter sur notre e-foil un maximum de produits fabriqués près de chez nous. Aujourd’hui c’est le cas des cartes électroniques, des batteries, des pièces en aluminium. Le but est de se libérer doucement de la Chine, pour des raisons écologiques. Je sais que cette démarche est aussi celle de Windelo et Catana, nos « voisins », qui travaillent en ce moment tous sur des bateaux de plus en plus propres. Nous sommes tous dans cette spirale !

Nous avons aussi fait des opérations « une planche achetée, un arbre planté », avec une association locale. On peut planter des arbres n’importe où, même en bord de mer. Nous aidons aussi les agriculteurs qui veulent se mettre au bio et des jeunes agriculteurs qui veulent s’installer, nous leur payons les arbres fruitiers. Nous avons aussi une petite marque de combinaisons. Il faut savoir que les combinaisons sont généralement à base de pétrole… Mais quelques marques comme Patagonia réalisent des combinaisons uniquement à partir de matériaux biosourcés. C’est d’ailleurs le cas de toutes les combinaisons haut de gamme aujourd’hui, peu importe la marque. En ce qui concerne nos combinaisons, elles sont en néoprène, chauffé à haute température grâce à des panneaux solaires. Et ce néoprène n’est pas fait à base de calcaire donc il est plus sain pour le corps, de meilleure qualité et plus sain pour la planète.

Et le plus important : cette année nous déménageons. L’idée c’est d’avoir un bâtiment à énergies positives. Toute l’isolation sera en fibre de bois et nous allons mettre des panneaux solaires sur la quasi totalité du bâtiment, des récupérateurs d’eau de pluie, pour les toilettes, pour tout ça. »

Nautisme Article
© Lionel Faliu

Pensez-vous que l’industrie de la plaisance aspire à réconcilier plaisir en mer et durabilité ?

C. D. : « Oui, et de plus en plus ! Nous c’est tellement dans notre nature, à titre personnel et professionnel, c’est tellement normal. Mais vous savez, pour moi, beaucoup le font. C’est tellement évident, surtout dans l’industrie des sports nautiques. Je pense que toutes les nouvelles entreprises sont comme ça. D’autant que les sociétés en France sont plus contrôlées, plus propres. Nous par exemple, c’est un moteur électrique qu’il y a sur notre e-foil et on est capable de recharger sa batterie avec un ou deux panneaux solaires. Autrement dit, avec deux ou trois mètres carrés, on le recharge. Et puis il ne fait pas de bruit, pas de vague, il n’abîme pas les berges. Après on en vient au problème de production des batteries qui sont polluantes...Mais si on n’est pas acteurs de cela aujourd’hui, on ne fera pas évoluer les batteries et on restera avec nos moteurs thermiques et nos centrales à charbon. Il faut donc aller de l’avant, essayer de faire avancer les choses et je pense qu’il est possible que dans le futur, au travers de l’hydrogène, nous puissions faire se conjuguer encore davantage plaisir en mer et durabilité. Beaucoup de solutions sont envisageables et ce sont des choses auxquelles on réfléchit en permanence. »

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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