
Dans les années 90, l’entreprise bretonne JPK Composites fabriquait des planches à voile haut de gamme. Elle a ensuite développé sa propre série de voiliers course-croisière et s’impose aujourd’hui sur les podiums comme sur les pontons.
« Notre meilleure publicité s’expose sur l’eau », se félicite Jean-Pierre Kelbert, dirigeant du chantier JPK Composites situé à Larmor Plage (Morbihan). Depuis le lancement de son premier voilier en 2003, le chantier a le vent en poupe. Et si aujourd’hui l’entreprise se porte bien – alors que le secteur de la plaisance peine à redresser la barre – c’est surtout grâce à l’innovation de ses bateaux qui séduisent les plaisanciers mais aussi les régatiers. Force est de constater que même en ces temps difficiles, « nos clients ne font pas de concession sur leur passion, » ajoute Jean-Pierre Kelbert.
Une rencontre déterminante
L’histoire du chantier JPK, c’est avant tout celle de son patron, un compétiteur de haut niveau. Membre de l’équipe de France de planche à voile, ce breton originaire de Saint-Pol-de-Léon (Finistère) est sacré champion d’Europe de la discipline en 1988 et 1989. En 1992, il se lance dans la fabrication de flotteurs haut de gamme et crée sa propre entreprise qui porte ses trois initiales. Huit ans plus tard, la production se délocalise en Asie. Très attaché à sa Bretagne natale, il n’est pas question de partir. Il se spécialise alors dans la construction de bateaux de plaisance. C’est aussi à cette époque qu’il fait une rencontre déterminante, celle de Jacques Valer, un architecte breton (Hobie Cat Tiger) qui lui dessine son tout premier voilier, le JPK 960, destiné à la course-croisière. Celui-ci connaît aussitôt un joli succès et rafle les victoires (Trophée Atlantique, Spi Ouest-France, Transquadra, Fastnet). C’est un véritable tournant pour l’entreprise et Valer deviendra ensuite l’architecte fétiche de JPK. « On se complète vraiment, confie Jean-Pierre Kelbert. « Lui, c’est l’aspect théorique, la performance, moi le côté pratique, la passion et bien sûr l’expérience de chacun. »
Un beau palmarès
Arrive ensuite le JPK 110, un vrai croiseur hauturier, extrapolé du JPK 960 et baptisé en 2005. Ses performances lui confèrent la première place au spi Ouest-France en 2008. Le chantier se lance également dans la conception d’un pur voilier de course, un class 40, qui arrive 6e de la Transat Jacques Vabre en 2007. Ce projet ambitieux mais coûteux n’incite pas la petite entreprise – mise alors à rude épreuve – à poursuivre dans cette catégorie. « Les bateaux se démodent assez vite et il est difficile d'amortir des outillages dans une classe qui évolue autant », explique le constructeur. Parmi les cinq autres plans Valer que compte le chantier, le JPK 1010, aux allures modernes et sportives, est une belle réussite. Élu bateau IRC de l’année par l’UNCL (Union nationale pour la course au large) en 2010, il enchaîne les victoires dans tous les formats de courses dont la Fastnet (2013). Le modèle suivant, le JPK 38FC, configuré exclusivement pour la croisière et mis à l’eau en 2012, apporte un concept novateur en matière d'aménagement et de structure, qui lui vaut la consécration du meilleur voilier de l’année 2013 par le magazine Voiles et Voiliers. Le tout nouveau-né, le JPK 1080 (mars 2014), affiche déjà un beau palmarès. Avec ce dessin, l’architecte de JPK réussit une nouvelle fois un bon compromis entre la fluidité et la performance. « Nos clients sont impressionnés par sa facilité dans la brise et sa stabilité aux allures serrées, » précise Jean Pierre Kelbert. Pas étonnant alors qu’il soit sélectionné pour le prix du meilleur yacht européen 2015 dont les lauréats seront dévoilés en janvier, au salon nautique de Düsseldorf. Actuellement, un nouveau plan Valer prend forme dans le chantier. Un 45 pieds prévu pour fin 2015-début 2016. Ce projet, Jean-Pierre Kelbert en rêvait. Il représente à ses yeux « le fruit de nombreuses années de croisière comme de course au large ».
Le chantier, qui compte 14 personnes, une équipe jeune et dynamique, construit une quinzaine de bateaux par an et vend 80 % de sa production en France. L’entreprise souhaite s’investir davantage sur le marché international. « Je pense que nous avons un gros potentiel à l'étranger car ce genre de bateaux n'existe pas et commence à susciter de l’intérêt comme en témoigne la presse étrangère spécialisée. Par ailleurs, les régates semblent de plus en plus s'orienter vers le double ce qui est le point fort de nos bateaux », reconnaît Jean Pierre-Kelbert. Enfin, le petit plus du chantier reste la proximité. « Je régate moi-même et parle le même langage », raconte Jean-Pierre Kelbert. C’est d’ailleurs sur son 1080 qu’il remporte en double la dernière Transquadra. Le constructeur larmorien est confiant dans l’avenir, et se dit que tant qu’il est passionné par son métier, le chantier a de beaux jours devant lui.