
Un héritage historique intimement lié à la canne à sucre
C’est au XVIIe siècle que les colons britanniques introduisent la culture de la canne à sucre à La Barbade, profitant du climat tropical et des sols volcaniques propices à cette plante exigeante. Très vite, la transformation de la canne en sucre, mélasse, puis en rhum devient le pilier de l’économie barbadienne. Des centaines de plantations voient le jour, accompagnées de distilleries et de moulins à vent, dont certains sont encore visibles aujourd’hui dans les terres fertiles du centre de l’île.
Bien que la canne à sucre occupe une place bien moindre dans l’économie moderne de la Barbade, elle continue de façonner les paysages et les traditions locales. À l’époque, le rhum n’était pas seulement une boisson : il servait de monnaie d’échange, de ration pour les marins, et parfois même... de médicament. Son importance stratégique était telle qu’on parlait du « triangle du rhum » entre l’Europe, l’Afrique et les Caraïbes.

Mount Gay : la doyenne des distilleries
C’est en 1703 qu’est fondée la distillerie Mount Gay, près de Bridgetown, la capitale. Aujourd’hui, elle détient le titre envié de plus ancienne distillerie de rhum encore en activité au monde. Elle a vu naître le « rumbullion », cette boisson forte issue de la fermentation de la mélasse, rapidement rebaptisée « rum » par les Britanniques.
La visite du site historique de Mount Gay est devenue un incontournable touristique. On y découvre les étapes de fabrication du rhum, de la fermentation à la distillation, en passant par l’élevage en fûts de chêne. Les visiteurs peuvent y déguster des cuvées prestigieuses comme le Mount Gay XO ou le 1703 Master Select, symbole d’un savoir-faire ancestral perpétué avec passion. Ces dernières années, la distillerie s’est engagée dans une démarche de développement durable, réduisant son empreinte carbone et valorisant l’économie circulaire.
Une tradition vivante entre mer et voile
La Barbade n’est pas seulement célèbre pour son rhum, mais aussi pour son attachement au monde nautique. Et au croisement de ces deux univers se trouve la légendaire Red Cap, casquette rouge brodée aux couleurs de Mount Gay. Distribuée uniquement aux marins ayant participé à certaines régates sponsorisées par la marque, elle est devenue un véritable trophée. La posséder est une marque de reconnaissance dans la communauté nautique, un symbole de mérite et de camaraderie.
Les régates de Mount Gay, organisées aux quatre coins du globe - de Saint-Tropez à Antigua, en passant par les Bermudes - attirent chaque année des milliers de passionnés. Mais c’est à La Barbade, lors de la Mount Gay Round Barbados Race, que la magie opère pleinement. Ce rendez-vous mythique, qui ouvre traditionnellement la saison des régates dans les Caraïbes, est une célébration de la voile, du rhum... et de la fierté barbadienne.

Le rhum barbadien aujourd’hui : entre tradition et innovation
Face à la concurrence mondiale, les producteurs de rhum de La Barbade ont su se réinventer. Outre Mount Gay, des distilleries comme Foursquare, St. Nicholas Abbey ou encore Westerhall (sur d'autres îles) contribuent au rayonnement du rhum barbadien avec des créations primées, des méthodes artisanales, et un accent mis sur la traçabilité et la qualité.
Depuis 2020, La Barbade milite activement pour obtenir une indication géographique protégée (IGP) pour son rhum, à l’image de ce que fait la France avec le cognac ou le champagne. L’objectif ? Garantir au consommateur l’authenticité d’un produit 100 % local, produit selon des critères stricts, dans le respect de la tradition.
Une escale à La Barbade, c’est bien plus qu’un simple voyage tropical : c’est une immersion dans un univers où le rhum est culture, mémoire et fierté nationale. Qu’on le savoure pur, en cocktail sur la plage ou à bord d’un voilier après une régate, ce spiritueux emblématique raconte à lui seul l’âme de l’île.
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