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Dans les années 90, la résurgence de la piraterie, un phénomène que l’on croyait définitivement disparu depuis la fin du XIXème siècle, a jeté un froid dans le monde de la grande croisière. Cette soudaine résurgence, ne fait en réalité que prolonger en mer des crises qui affectent les populations riveraines. Ce sont d’abord les pêcheurs Somaliens, sevrés de ressources, qui s’en sont pris à plus fortunés qu’eux, passant à portée de hors-bord de leurs côtes. Le Golfe d’Aden est un passage privilégié sur la route entre l’Océan Indien et l’Europe via le canal de Suez. Une route infiniment plus courte entre la douce Méditerranée et les paradisiaques Seychelles. Seulement 4 400 Milles Nautiques via la mer Rouge, paradis pour plongeurs, contre plus de 8 500 MN via l’Afrique du Sud. Et encore parle-t-on là de route directe, pas du nécessaire détour par le Brésil, puis les Açores lorsque le vent est notre mode de propulsion principal. Mais dans les années 90, plusieurs navires sont à nouveau attaqués, dépouillés et rançonnés entre Djibouti au Nord-Ouest et une zone, de plus en plus grande, au large des côtes Somaliennes, au Sud-Est. Les navires de plaisance sont en effet des cibles faciles. Plutôt lents comparativement à des embarcations légères puissamment motorisées, ils sont peu manœuvrant, relativement bas sur l’eau, et donc faciles à aborder. Alors le « modèle » économique fait florès dans d’autres zones de non-droit, d’autres pays en crise, notamment autour du détroit de Malacca, le sud de la Mer de Chine et dans le Golfe de Guinée, du Libéria à l’Angola qui est aujourd’hui la zone la plus à risque.
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Eviter les zones à risque
Devant la multiplication de ces actes, en 2008, l’Union Européenne envoie, sous mandat de l’ONU, une demi-douzaine de navires militaires assurer la sécurité des navires, prioritairement marchands, dans et autour du Golfe d’Aden. Alors depuis 2010 les statistiques s’améliorent, ce que nous ne pouvons manquer d’associer pour ce qui est de la plaisance, à un net recul des navires entrants dans la zone. Même pour ce qui est de la marine commerciale, pour laquelle les statistiques sont encore plus précises, le Bureau Maritime International rapporte que 2021 est à un plus bas historique depuis 27 ans et que le phénomène est très localisé. Le site web des assureurs du Garex tient à jour la liste des zones à impérativement proscrire quelle qu’en soit la cause (piraterie, risque de guerre, d’émeutes, insécurité…).
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Piraterie en baisse sauf dans le Golfe de Guinée
Les plaisanciers qui, malgré tout, doivent s’approcher ou traverser des zones à risque adoptent un comportement ad’hoc. La principale recommandation des spécialistes est de faire preuve de la plus grande discrétion : ne pas se répandre sur son futur trajet auprès d’inconnus, couper tout appareil électronique pouvant permettre d’être suivi à la trace, veiller sur le canal 16 de la VHF et n’émettre qu’en cas d’urgence, réduire l’écho radar, les bruits, et les lumières la nuit au strict minimum. Passer inaperçu réduit 99% du risque ! Naviguer à plusieurs bateaux et rester en contact régulier prévoir des procédures d’alerte, est rassurant pour vous et dissuasif pour les éventuels pirates. Si malgré toutes ces précautions, votre bateau est malheureusement victime d’un acte de piraterie ou qui s’y apparente, le seul conseil faisant l’unanimité, est que ce n’est pas le moment de faire preuve de témérité. Il ne faut surtout rien tenter contre des pirates organisés, déterminés et à fortioti armés ! Les armes à bord sont à ce sujet, définitivement une mauvaise option, car la cible sera toujours moins déterminée et moins entraînée que l’assaillant. De plus, si le risque d’être surpris en mer par des pirates impressionnables est vraiment infinitésimale, la probabilité d’avoir des ennuis avec les autorités des pays d’escale pour détention d’arme est proche de 100% ! Et si vraiment on ne peut éviter une zone sensible, mieux vaut confier son bateau à un transporteur spécialisé et le retrouver ensuite bon côté.
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Voyager avec prudence mais voyager toujours
La sécurité à proximité des côtes, au mouillage voir même dans un port, est le deuxième aspect de ce même sujet. Les régions les plus fréquentées peuvent parfois être victimes d’actes assimilés à de la piraterie, à commencer malheureusement par les Caraïbes et l’Amérique du Sud. Ainsi, certains mouillages au Venezuela, en Colombie, à St Vincent & Grenadines, voir même à Sainte-Lucie ont connu de sérieux problèmes. Consulter les sites web spécialisés tel Noonsite, permet de se tenir au courant d’éventuels mouillages à risques et de signaler tout incident. Avoir dans le cloud, donc accessible même si votre ordinateur a « disparu », des scans de ses passeports, cartes de crédit, documents du bateau, et factures des équipements les plus coûteux est un préalable à tout départ en croisière, bien avant la considération du risque de piraterie. De même, cacher une carte de crédit, un peu de liquide ou les quelques objets de valeur que l’on n’a pas su laisser à terre dans des caches variées et improbables, sachant que l’on devra en sacrifier certains pour satisfaire la curiosité malsaine de nos visiteurs inattendus, fait partie depuis longtemps des habitudes des circumnavigateurs.