Les algues de l’océan Indien : un trésor méconnu aux mille promesses 4/7

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

Imaginez un lagon cristallin, bordé de plages de sable blanc et de cocotiers. Sous la surface, entre les coraux et les bancs de poissons multicolores, se cache une forêt marine insoupçonnée : des algues aux formes et aux couleurs surprenantes, ondulant au gré des courants.

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Imaginez un lagon cristallin, bordé de plages de sable blanc et de cocotiers. Sous la surface, entre les coraux et les bancs de poissons multicolores, se cache une forêt marine insoupçonnée : des algues aux formes et aux couleurs surprenantes, ondulant au gré des courants.

Loin d’être un simple décor sous-marin, ces algues jouent un rôle clé dans les écosystèmes tropicaux, mais aussi dans l’économie locale. De Madagascar aux Seychelles en passant par La Réunion, elles sont récoltées, cultivées et transformées en ingrédients précieux pour l’industrie, la cosmétique et la gastronomie.
Elles sont aussi une source d’innovation, de traditions culinaires et même d’autonomisation pour de nombreuses communautés côtières. Oubliez l’image des algues vertes échouées sur le sable : celles de l’océan Indien sont un véritable or bleu, dont l’histoire ne fait que commencer.

Des eaux chaudes propices à un écosystème unique
Les côtes de Madagascar, La Réunion et des Seychelles offrent des conditions idylliques pour la prolifération des algues tropicales. Avec une température de l’eau constante entre 24 et 30°C, une lumière abondante et des lagons protégés des vagues, ces régions sont de véritables pépinières naturelles.
Les courants marins y jouent un rôle déterminant. En brassant en permanence les nutriments venus des profondeurs, ils permettent à certaines espèces d’algues de croître rapidement, et d’atteindre des tailles impressionnantes. Mais si certaines poussent à l’état sauvage, d’autres sont aujourd’hui cultivées avec soin, notamment à Madagascar, où leur exploitation est devenue un véritable moteur économique.

Les joyaux de l’océan Indien : Eucheuma et Gracilaria
Eucheuma, la star des algues rouges
Si l’Eucheuma est si prisée, c’est parce qu’elle contient une substance précieuse : le carraghénane, un gélifiant naturel utilisé dans les produits laitiers, les sauces et même les cosmétiques. Cette algue, à l’apparence délicate mais à la croissance rapide, est récoltée en grande quantité sur les côtes malgaches, où elle est séchée avant d’être exportée vers l’Asie et l’Europe.
Aujourd’hui, Madagascar s’impose comme l’un des plus grands producteurs d’Eucheuma de l’océan Indien, grâce à une culture raisonnée qui permet aux petits producteurs de vivre de cette ressource marine.
Gracilaria, une algue gourmande et polyvalente
Autre trésor des eaux tropicales, la Gracilaria est une algue aux usages variés. Très prisée pour la fabrication d’agar-agar, elle est également consommée localement sous forme de salades fraîches et accompagne souvent les poissons grillés aux Seychelles.
Sa texture croquante et son goût légèrement iodé en font une alternative originale aux légumes classiques. À La Réunion, certaines familles l’utilisent même dans des recettes traditionnelles, où elle apporte une touche exotique et authentique.

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Une filière en plein essor, entre tradition et modernité
Si, autrefois, l’exploitation des algues relevait avant tout de la cueillette artisanale, elle est aujourd’hui devenue un véritable pilier économique. À Madagascar, des dizaines de villages vivent désormais de la culture d’algues rouges, qui sont exportées par tonnes vers l’Asie et l’Europe.

Et la demande ne cesse de croître. Avec l’essor des produits naturels et biologiques, l’industrie agroalimentaire et cosmétique se tourne de plus en plus vers ces ingrédients marins aux propriétés exceptionnelles. Résultat ? La production malgache a doublé en dix ans, faisant du pays un acteur incontournable sur ce marché en plein boom.
Mais cette expansion soulève aussi des questions :
• Comment assurer une exploitation durable qui préserve les lagons et leurs écosystèmes ?
• Comment garantir un revenu équitable aux producteurs, souvent vulnérables aux fluctuations des prix internationaux ?
Si l’exploitation des algues est d’abord tournée vers l’export, elle commence aussi à transformer la cuisine locale. Aux Seychelles, elles sont intégrées dans des salades rafraîchissantes, souvent assaisonnées de citron vert et de piment. À Madagascar, certains chefs redécouvrent leur potentiel et les incorporent à des plats modernes et créatifs, les mariant avec du poisson grillé ou des fruits tropicaux.
Les algues sont également reconnues pour leurs bienfaits nutritionnels, riches en vitamines, minéraux et antioxydants. Une tendance qui pourrait bien séduire les amateurs de cuisine saine et naturelle.

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Focus : Madagascar, la culture durable des algues, un modèle d’avenir ?
Sur la côte ouest de Madagascar, des centaines de familles vivent aujourd’hui de la culture des algues. Cette activité, accessible et peu coûteuse, permet aux communautés côtières de diversifier leurs revenus, dans un pays où l’agriculture et la pêche sont souvent soumises aux aléas climatiques.
L’un des grands avantages de cette culture, c’est qu’elle ne nécessite ni terres agricoles ni eau douce, deux ressources précieuses à Madagascar. Les algues poussent naturellement dans l’océan, sans intrants chimiques, et leur récolte ne demande que peu d’équipement.
Ce sont souvent les femmes qui jouent un rôle clé dans cette filière. Elles s’occupent de la récolte, du séchage et de la commercialisation des algues, leur offrant ainsi une autonomie financière inédite dans certaines régions rurales.

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Un défi environnemental et social à relever
Mais la réussite de cette filière repose aussi sur des pratiques responsables. Si les algues sont une ressource renouvelable, leur culture intensive peut perturber l’équilibre fragile des lagons. Certaines régions ont déjà constaté des effets négatifs :
• Une baisse de la biodiversité dans certaines zones de culture.
• Une pression accrue sur les écosystèmes côtiers.
Pour éviter ces dérives, des initiatives locales encouragent des pratiques plus durables :
• Alterner les zones de culture pour laisser le temps aux écosystèmes de se régénérer.
• Développer des coopératives pour mieux structurer la filière et assurer un revenu stable aux producteurs.
• Associer la culture d’algues à d’autres espèces marines, comme les huîtres ou les poissons, pour créer des systèmes d’aquaculture plus équilibrés.

Loin d’être un simple élément du décor sous-marin, les algues de l’océan Indien sont une ressource d’avenir. Elles nourrissent, elles soignent, elles créent de l’emploi et elles façonnent une économie plus durable pour les populations côtières.
Mais leur exploitation doit être pensée avec soin. Entre innovation et tradition, entre industrie et respect des écosystèmes, la filière algale de l’océan Indien se trouve à un tournant décisif.

Une chose est sûre : ces algues, qui ondulent sous les eaux turquoise de Madagascar aux Seychelles, n’ont pas fini de nous surprendre.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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