La saintoise et la yole ronde : traditions vivantes des Antilles

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Par Figaronautisme.com

Elles fendent les vagues avec une grâce intemporelle, défiant les lois de l’équilibre et du vent. La saintoise et la yole ronde, figures emblématiques du patrimoine maritime des Antilles françaises, sont bien plus que de simples embarcations : elles incarnent l’âme de leurs îles, un héritage façonné par les générations de pêcheurs et de marins qui les ont fait évoluer au fil des siècles.

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Elles fendent les vagues avec une grâce intemporelle, défiant les lois de l’équilibre et du vent. La saintoise et la yole ronde, figures emblématiques du patrimoine maritime des Antilles françaises, sont bien plus que de simples embarcations : elles incarnent l’âme de leurs îles, un héritage façonné par les générations de pêcheurs et de marins qui les ont fait évoluer au fil des siècles.

Aujourd’hui encore, ces bateaux continuent de naviguer, entre tradition et modernité. Les unes glissent silencieusement sur les flots turquoise, portant les pêcheurs au large. Les autres se livrent à des joutes spectaculaires, sous les cris enflammés des spectateurs massés sur les plages. Mais comment ces embarcations ont-elles traversé les époques ? D’où viennent-elles et pourquoi suscitent-elles toujours autant de passion ? Partons à la découverte de ces joyaux du savoir-faire antillais.

La saintoise, fidèle compagne des pêcheurs guadeloupéens
Tout commence aux Saintes, cet archipel au sud de la Guadeloupe, où l’histoire maritime est inscrite dans chaque crique et chaque anse. Dès le XVIII? siècle, les charpentiers de marine locaux, influencés par les formes des canots bretons et normands introduits par les colons, conçoivent une embarcation robuste, stable et parfaitement adaptée aux conditions souvent difficiles de l’Atlantique et de la mer des Caraïbes. La saintoise est née.
Avec sa coque élancée, son fond plat et son faible tirant d’eau, elle répond parfaitement aux besoins des pêcheurs. Sa stabilité est essentielle pour remonter les casiers et manipuler les filets sans risquer de chavirer. À l’origine, elle est entièrement construite en bois local, notamment en gaïac et en acajou, des essences réputées pour leur solidité et leur résistance à l’eau de mer.
Jusqu’aux années 1970, la propulsion se fait exclusivement à la voile et à la rame. Mais avec l’arrivée des moteurs hors-bord, la pratique évolue. Si la silhouette de la saintoise reste inchangée, elle gagne en rapidité et en maniabilité. La motorisation facilite aussi les longues sorties en mer, permettant aux pêcheurs d’aller plus loin et de diversifier leurs techniques de capture.

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Aujourd’hui, bien que la plupart des saintoises soient désormais fabriquées en polyester – un matériau plus léger et nécessitant moins d’entretien –, elles n’ont rien perdu de leur caractère. Elles restent omniprésentes dans les ports de pêche de Guadeloupe et de Martinique. Mais leur usage ne se limite plus à l’activité professionnelle : elles sont aussi devenues des supports de loisirs et de compétitions sportives. Des courses de saintoises sont régulièrement organisées, notamment lors des fêtes locales, où elles rivalisent de vitesse sous le regard admiratif des spectateurs.
Cet engouement témoigne de l’attachement des Antillais à cette embarcation qui fait partie de leur quotidien depuis des siècles. La saintoise est plus qu’un simple outil de travail : elle est un symbole, un lien tangible entre la mer et ceux qui en vivent.

La yole ronde, un art de naviguer unique au monde
Si la saintoise évoque la persévérance des pêcheurs, la yole ronde incarne l’audace et la virtuosité des marins martiniquais. Il suffit d’en voir une sur l’eau pour comprendre immédiatement que cette embarcation n’a rien d’ordinaire. Fine, élancée, d’une légèreté extrême, elle défie l’équilibre avec une grâce presque irréelle.
Sa particularité réside dans sa conception : contrairement aux yoles que l’on trouve ailleurs dans le monde, la yole martiniquaise ne possède ni quille, ni dérive. Son fond entièrement arrondi la rend extrêmement instable, si bien que chaque rafale de vent devient un défi pour l’équipage. C’est là que réside toute la magie de la navigation en yole : l’équilibre ne dépend pas de la structure du bateau, mais de la coordination des marins.
À bord, l’équipage joue un rôle essentiel. Pour éviter que l’embarcation ne chavire sous la pression du vent dans la voile, les équipiers doivent se répartir sur de longues perches en bois appelées "bwa dressé". Ces perches, fixées sur les bords de la yole, permettent aux marins de faire contrepoids en se penchant parfois à l’extrême au-dessus de l’eau. C’est une véritable danse nautique, où chaque geste doit être millimétré. Le moindre faux mouvement peut déséquilibrer la yole et provoquer son retournement.

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Cette navigation exigeante et spectaculaire a donné naissance à l’une des compétitions les plus emblématiques de la Martinique : le Tour de la Martinique en yoles rondes. Créée en 1985, cette course se déroule chaque année sur plusieurs étapes autour de l’île. Pendant une semaine, les équipages rivalisent d’habileté et de stratégie pour boucler ce tour éprouvant, qui met autant à l’épreuve leur endurance que leur maîtrise technique.
Le Tour de la Martinique est bien plus qu’une simple régate. C’est un événement fédérateur, qui rassemble des milliers de spectateurs sur les plages et les quais, dans une ambiance électrique. Les yoles, parées aux couleurs de leurs sponsors et de leurs communes, sont acclamées comme des gladiateurs des mers. Certains yoleurs deviennent de véritables stars locales, suscitant l’admiration et l’inspiration des jeunes générations.
En 2020, la yole martiniquaise a été inscrite à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France. Cette reconnaissance officielle souligne l’importance de cette tradition et la nécessité de la préserver. Des initiatives se multiplient pour transmettre cet art de la navigation aux plus jeunes, à travers des écoles de yole et des stages de formation.

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Un patrimoine marin en pleine renaissance
Si la saintoise et la yole ronde ont traversé les siècles, ce n’est pas seulement grâce à leurs qualités nautiques. C’est avant tout parce qu’elles sont profondément ancrées dans l’identité des Antilles. Elles ne sont pas de simples embarcations, mais des symboles vivants, qui racontent l’histoire d’un peuple en perpétuel dialogue avec la mer.
Aujourd’hui, un vent de renouveau souffle sur ces traditions maritimes. En Guadeloupe comme en Martinique, des chantiers navals s’efforcent de perpétuer le savoir-faire des anciens tout en intégrant des innovations techniques. De nouvelles générations de charpentiers et de marins prennent le relais, conscients de la valeur patrimoniale de ces bateaux.
Les courses et régates attirent un public de plus en plus large, et l’idée de faire inscrire la yole ronde au patrimoine mondial de l’UNESCO fait son chemin. Parallèlement, des initiatives touristiques proposent aux visiteurs de découvrir ces embarcations de l’intérieur, en participant à des sorties en mer ou en s’initiant aux techniques de navigation traditionnelle.

À l’heure où les traditions nautiques sont parfois menacées par la modernité, la saintoise et la yole ronde prouvent qu’il est possible d’évoluer sans renier ses racines. Elles continuent de voguer, portées par la passion de ceux qui les font vivre.
Que l’on soit pêcheur, compétiteur ou simple amateur de mer, elles rappellent une vérité essentielle : naviguer, ce n’est pas seulement se déplacer sur l’eau. C’est aussi perpétuer une histoire, transmettre un savoir, et célébrer un art de vivre unique au monde.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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