
La grande différence avec les automobiles, c’est le mode d’usure. « En plaisance, les moteurs sont très peu utilisés, présente Claude Mettrie, expert maritime basé à La Rochelle. Cinquante heures par an en moyenne, l’équivalent pour une voiture serait de rouler 3 500 kilomètres. » L’inactivité alliée aux conditions de stockage humide et froide sont souvent fatales aux mécanismes qui se dégradent à grande vitesse. « La corrosion, le manque d’entretien réduisent considérablement la durée de vie des systèmes de motorisation. »
Faire appel à un professionnel
Le changement de moteur est donc une opération assez fréquente, elle n’est cependant jamais banale. Dans le cas d’un moteur in-board (placé à l’intérieur du bateau), « je préconise absolument de faire appel à un professionnel, conseille l’expert. Ce dernier doit monter à bord et voir s’il faut remplacer d’autres éléments liés à la propulsion. L’inverseur, la ligne d’arbre et l’hélice doivent correspondre au nouvel équipement. »
Il est très rare de pouvoir installer simplement un nouveau moteur in-board en lieu et place d’un ancien. L’opération peut impliquer des travaux complémentaires qui moderniseront le navire dans sa globalité : consolider le bâti qui accueille le système de propulsion, changer la partie électrique (câbles, batterie). Dans le cas d’un moteur hors-bord, l’installation est plus simple bien sûr, mais doit générer quelques points d’attention comme l’adaptation du rapport poids-puissance entre le nouveau moteur et l’embarcation, le système d’attache…
« Un plaisancier est autorisé à remplacer son moteur de propulsion ou à le modifier, dans la mesure où la puissance du nouveau moteur ou celle du moteur modifié, ne dépasse pas la puissance maximale fixée par le fabricant du bateau, indique Xavier NICOLAS, Chef de la Mission du nautisme et de la plaisance. Il précise : « Surmotoriser son bateau de plaisance est une transformation importante au sens de l'article R5113-7 du code des transports et une évaluation après construction (EAC) est requise en application de l'article R5113-28 du même code. »
Ne pas oublier les démarches administratives
La motorisation étant un élément constitutif de l’immatriculation de votre navire, une demande de changement doit être faite auprès d’une Direction départementale des territoires et de la mer. « Une obligation liée à la recrudescence des vols de moteurs, indique-t-on aux Affaires maritimes de la Rochelle. La gendarmerie peut verbaliser en cas de défaut de documents en règle ». Le propriétaire doit fournir son ancienne carte de circulation, la facture du nouveau moteur et la copie de sa carte d’identité dans un délais d’un mois. La démarche est gratuite et peut-être effectuée via le site demarches-plaisance.gouv.fr Espace plaisancier.
De plus, en lien avec la protection de l’environnement, si le moteur apporte un dépassement de plus de 15 % de la puissance nominale homologuée de propulsion, il doit faire l'objet d'une nouvelle évaluation des émissions sonores et gazeuses (source Legisplaisance https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000031120220/2017-08-12/).
L’assureur aussi
Un changement de moteur apporte de la valeur à votre bateau. L’installation d’un modèle plus récent, voire plus puissant doit être indiquée à votre assureur, pour obtenir une indemnisation correspondante en cas de vol, d’accident, de panne… Tout dépend des modalités du contrat. « Même s’il doit payer un peu plus cher, le plaisancier sera indemnisé sur la valeur réhaussée de son embarcation », précise Claude Mettrie. Il est donc conseillé de faire estimer son bateau par un expert à l’issue des travaux. Le professionnel sera de bons conseils au sujet de la valeur économique du bateau et de ses aménagements récents. Il pourra aussi éclairer le propriétaire sur l’ensemble des modalités du contrat qu’il a souscrit, comme par exemple la nécessité d’associer un système de protection à un moteur hors-bord pour être couvert…
Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site MAIF.