6 questions à… Romain Motteau, directeur général délégué du Groupe Fountaine-Pajot

Economie

Rendez-vous avec ceux qui font le nautisme d’aujourd’hui et de demain : cette semaine, Romain Motteau, directeur général délégué Fountaine-Pajot et Dufour.

Rendez-vous avec ceux qui font le nautisme d’aujourd’hui et de demain : cette semaine, Romain Motteau, directeur général délégué Fountaine-Pajot et Dufour.

Figaro Nautisme : En 2018 Fountaine-Pajot a repris le chantier Dufour. Quelles sont vos ambitions pour ces deux chantiers mythiques pour tous les amateurs de voile ?
Romain Motteau : Les chantiers Fountaine-Pajot et Dufour ont un même ADN : celui de passionnés de voile qui ont été pionniers dans l’accessibilité de la plaisance. Nous imaginons et construisons des bateaux confortables et marins pour des propriétaires et des équipages qui recherchent à prendre du plaisir en navigation comme au mouillage.
Aujourd’hui, notre responsabilité essentielle est aussi de permettre à notre industrie de devenir la plus neutre possible en termes d’émission d’équivalent carbone. C’est un engagement que nous portons depuis longtemps, que cela soit dans nos process de construction, dans nos choix de la préservation de l’environnement - comme par exemple pour la posidonie. Cela se concrétise depuis des années par des actions comme de privilégier le train plutôt que l’avion dans nos déplacements quand cela est possible ou être moteur de la mise en place d’un Ecoscore européen pour connaître la réalité de l’impact de nos bateaux...

Figaro Nautisme : Peut-on réellement concilier la construction de bateaux neufs et l’obligation de préserver notre planète ?
Romain Motteau : Nous avons clairement affiché notre objectif : diminuer de 60% notre empreinte en 2030 pour arriver à une contribution nette zéro en 2050. C’est un gros challenge, mais nous avons la volonté d’y arriver. Prenons l’exemple des méthodes de construction : le choix de l’âme du sandwich entre le Balsa, le PET ou RPET issu du recyclage peut diviser l’empreinte carbone par 10. Mais cela implique de la recherche et développement importants. Il faut se donner les moyens et nous nous les donnons. Sur le volet industriel, nous avons isolé nos bâtiments, on essaye de limiter la quantité de résine ou d’utiliser des sous-traitants locaux... Mais ne nous leurrons pas, c’est dans sa phase d’utilisation que le bilan carbone d’un bateau est le plus lourd. A nous de proposer des bateaux qui marchent bien à la voile pour éviter de devoir mettre le moteur quand le vent est trop léger ou d’imaginer une production d’énergie propre pour éviter l’utilisation déraisonnée des groupes électrogènes...

Figaro Nautisme : Quelle est l’actualité pour vos deux marques en 2025 ?
Romain Motteau : L’année 2025 va être importante pour le chantier Dufour avec deux nouveautés très attendues : les Dufour 48 et 54. Deux bateaux qui innovent vraiment, en offrant des espaces de vie extérieurs inconnus jusqu’ici sur les monocoques et des intérieurs lumineux, rappelant ceux des catamarans. Des unités qui restent de vrais Dufour, marins, performants sous voile et surtout des bateaux de sensations, qui gîtent et à bord desquels on vit avec les éléments, la nature et la lumière. Du côté Fountaine-Pajot, nous présentons aussi deux grandes nouveautés en 2025 : les 41 et 44 connus aujourd’hui sous les noms de code New 41 et New 44. A découvrir - tout comme leurs noms de baptême officiels - cet été pour le 41 et en septembre pour le 44.

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Figaro Nautisme : Fountaine-Pajot et Dufour ont toujours été, chacun dans leurs domaines, moteur de l’innovation dans le nautisme. Comment envisagez-vous les bateaux des années 2030 ?
Romain Motteau : En convergence avec ce que nous faisons avec Fountaine-Pajot, les monocoques Dufour seront encore plus agréables à vivre, avec des lieux de vie différents, des espaces extérieurs repensés, optimisés, et un intérieur plus lumineux, à l’instar de nos catamarans. Grâce au talent des architectes navals, nous parviendrons à offrir un volume optimal sans grever les performances. Un Dufour doit rester marin et offrir de vraies sensations ! A bord de ces monocoques, on prend du plaisir à être à la gite, à vivre avec les éléments marins.
Pour répondre à votre question, les bateaux dans 10 ans seront motorisés à l’électrique pour au moins la moitié de notre production. Ce sera possible avec les hard-tops que nous avons déjà sur les Dufour de la nouvelle génération ou sur les catamarans qui offrent encore plus de surface. Aujourd’hui, un monocoque peut être équipé de plus de 2000 W de panneaux solaires pour une véritable autonomie...

Figaro Nautisme : Gîte assumée, mono safran : les Dufour ne vont-ils pas à contre-courant des monocoques d’aujourd’hui ?
Romain Motteau : Un safran profond, mais un seul pour donner de la vie au bateau, ça répond, ça bouge, ça gîte... L’idée est de proposer des bateaux à vivre, sur lesquels nous profitons vraiment de la navigation, que ce soit pour quelques heures ou quelques jours...Des bateaux qui vous nourrissent, vous donnent de l’adrénaline mais sans avoir besoin, pour cela, d’aller jusqu’à régater. Je viens, à la base de ce monde de la course et de la régate, et j’aime vraiment ça. Et oui, pour moi, quand on part naviguer en famille en monocoque, nous voulons avant tout passer un bon moment à faire du bateau, même et surtout si ça bouge et qu’il faut manoeuvrer !
La réalité des marins d’aujourd’hui est de ne surtout pas opposer catamaran et monocoque. Ce sont deux propositions différentes d’un même plaisir de naviguer. Le catamaran offre une plateforme idéale pour vivre à bord. Aux Antilles, bien sûr, mais pas que : je reviens tout juste d’une navigation à Tromso pour une randonnée ski/cata. Et je vous garantis que je n’imagine pas faire ce type de programme sur un monocoque ! En revanche, le week-end prochain, si nous sortons en mer en famille depuis La Rochelle, ce sera forcément en monocoque. On va vraiment s’amuser, même si on n'appareille que pour quelques heures pour aller faire le tour de l’île d’Aix ou aller à l’île de Ré...
Monocoque ou catamaran, voile ou moteur : chacun va offrir une expérience différente mais enrichissante. Maintenant, la réalité économique est aussi que les monocoques sont moins chers. Et tout le monde n’a pas les moyens de louer ou acheter un grand catamaran. Les monocoques ont donc encore de très beaux jours devant eux, j’en suis persuadé. A nous, constructeurs, de proposer les bons bateaux pour répondre aux besoins de chacun !

Figaro Nautisme : Votre prochaine croisière : sur un Dufour ou un Fountaine-Pajot ?
Romain Motteau : Ma dernière grande croisière était sur un Fountaine-Pajot : nous sommes partis dans le nord/nord de la Norvège pour une rando ski cata. Une navigation un peu extrême avec de la neige sur le pont du catamaran. J’aime vraiment explorer les capacités des catamarans au maximum. Ma prochaine nav sera sûrement cet été, plutôt sur un Dufour, mais je ne sais pas encore où ni sur quel bateau. D’ici là, j’ai pas mal de travail...

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L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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