"Burn lines", "sun tattoos" : ces tendances TikTok qui mettent la peau en danger

Ce sont les nouvelles "esthétiques" de l’été, popularisées sur TikTok ou Instagram : des motifs de bronzage dessinés à même la peau, parfois avec des adhésifs, parfois avec des objets, et dans les cas les plus extrêmes, en exposant volontairement certaines zones au soleil jusqu’à la brûlure. On les appelle burn lines, sun tattoos ou tan lines. Le principe : obtenir des lignes ou formes apparentes, comme un tatouage éphémère, simplement en s’exposant longuement, et volontairement, au soleil.
À première vue, cela pourrait ressembler à une variante des marques de maillot. Sauf qu’ici, l’objectif est bien plus radical : contrôler son bronzage jusqu’à provoquer une différence nette entre deux zones, quitte à s’endommager la peau. Dans certains cas, des jeunes se photographient avec des coups de soleil bien visibles, voire des cloques, pour illustrer le motif espéré. Le phénomène, principalement relayé par des vidéos virales sur TikTok, s’inscrit dans une recherche de visibilité et de viralité, au mépris des alertes sanitaires.
Ne ratez aucune nouveauté : inscrivez-vous à notre newsletter dès maintenant.
Une exposition volontaire, et dangereuse
Selon les dermatologues, cette pratique revient à infliger un véritable traumatisme à l’épiderme. "C’est comme si l’on cherchait une brûlure contrôlée", résume l’un d’eux. Les conséquences sont connues : vieillissement prématuré de la peau, dommages cellulaires, risques accrus de mélanome... Le ministre de la Santé Frédéric Valletoux a lui-même pris la parole cette semaine pour dénoncer ces modes "aussi absurdes que dangereuses", rappelant qu’un coup de soleil est déjà une brûlure au premier degré.
Sur les réseaux, le discours médical est pourtant peu relayé. Les vidéos affichant des burn lines obtiennent des centaines de milliers de vues, souvent accompagnées de musiques tendances ou de hashtags esthétiques. Une manière de travestir la douleur en performance visuelle, en ignorant les risques à long terme.
Un phénomène symptomatique
Ces nouvelles tendances interrogent aussi notre rapport au corps et à la douleur. Chercher à "imprimer" le soleil sur sa peau revient à faire du bronzage un acte graphique, presque artistique, mais dans une logique de défi - et non de soin de soi. Certains créateurs de contenu vont jusqu’à s’exposer avec des pochoirs ou du ruban adhésif, dans l’idée de créer des motifs toujours plus précis, quitte à prolonger l’exposition au soleil au-delà du raisonnable.
Ce phénomène n’est pas sans rappeler d’autres tendances virales ayant déjà suscité l’inquiétude des médecins, comme le sunburn art dans les années 2010 ou les défis à base de produits chimiques appliqués sur la peau. À chaque fois, les autorités sanitaires peinent à contrer l’effet viral de ces contenus.
Une réponse encore trop timide
Pour l’heure, aucune mesure de régulation spécifique n’est envisagée, mais le ministère de la Santé appelle à la vigilance, notamment des parents et des plateformes. "Les réseaux doivent aussi prendre leurs responsabilités", a déclaré Frédéric Valletoux, qui demande à TikTok de modérer davantage les vidéos promouvant ces expositions à risque. En parallèle, plusieurs campagnes de prévention sur les méfaits du soleil sont en cours, mais peinent à percer dans le flux des tendances.
Si la peau garde en mémoire chaque coup de soleil, les algorithmes, eux, favorisent ce qui attire l’attention. Dans cette course à la visibilité, le corps devient parfois le support, voire la victime, d’un spectacle numérique où les limites du bon sens sont régulièrement repoussées.
Les burn lines et sun tattoos ne sont pas qu’un phénomène de mode estival : ils révèlent une banalisation de la douleur et une méconnaissance des risques liés au soleil. Alors que les messages de prévention peinent à rivaliser avec les vidéos virales, les autorités espèrent encore inverser la tendance. Reste à savoir si l’alerte suffira à faire écran à l’exposition.
Et, avant de partir en mer ou de vous rendre sur une plage, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.