
En France, la coquille Saint-Jacques se pêche principalement en Manche et sur le littoral atlantique, là où les fonds offrent la granulométrie idéale : sable fin, courants modérés et zones riches en plancton. C’est une activité emblématique de l’automne et de l’hiver, lorsque la ressource atteint sa pleine maturité.
Mais contrairement à d’autres espèces, la coquille ne se pêche pas librement. Chaque gisement est ouvert à des dates précises, fixées par arrêtés préfectoraux. Le but : préserver les stocks, éviter la surexploitation et garantir une reproduction durable.
Chasse sous-marine : l’apnée au rythme des professionnels
Les amateurs de chasse sous-marine peuvent eux aussi goûter à l’excitation de la quête, mais sous conditions. La pêche en apnée est autorisée uniquement sur les secteurs ouverts à la pêche professionnelle, et aux mêmes horaires. Autrement dit, impossible de plonger quand bon vous semble : le calendrier officiel fixe les périodes d’ouverture, secteur par secteur, en cohérence avec les campagnes à la drague ou en plongée professionnelle.
Autre règle essentielle : aucun appareil respiratoire n’est autorisé. La pêche à la coquille Saint-Jacques de loisir se pratique en apnée pure, sans bouteille ni assistance, et dans le respect des distances de sécurité vis-à-vis des zones de pêche professionnelle. Une discipline exigeante, mais passionnante pour ceux qui aiment conjuguer effort et précision.
À pied, la mer comme terrain de jeu
Quand la marée découvre les bancs sableux, les pêcheurs à pied s’activent. Ici encore, la réglementation veille au grain : la taille minimale de capture est fixée à 11 cm, et le quota limité à 30 coquilles par jour et par pêcheur. L’usage d’un petit râteau ou d’une épuisette est toléré, mais il est strictement interdit de décortiquer les coquilles sur place.
La période d’ouverture varie selon les départements, mais s’étend généralement du 1er octobre au 14 mai. Au-delà, les gisements sont laissés au repos pour permettre le renouvellement naturel. De la baie de Saint-Brieuc à celle de Seine, chaque zone fait l’objet d’un suivi précis par les comités régionaux des pêches.

Professionnels : des marées millimétrées
Sur les quais de Granville, Erquy ou Port-en-Bessin, les bateaux coquilliers marquent le rythme de la saison. La pêche à la drague, strictement encadrée, ne dure que quelques heures par marée, parfois moins d’une heure en baie de Saint-Brieuc. Les quotas, les diamètres de maille et le nombre de sorties sont fixés à la lettre. Ce modèle rigoureux, mis en place depuis les années 1980, a permis à la filière française de devenir l’une des plus durables d’Europe, avec des stocks en très bon état et des campagnes qui affichent souvent complet dès leur ouverture.
Une richesse à préserver
La coquille Saint-Jacques vit environ dix ans, mais atteint sa maturité en seulement deux ou trois. Une gestion fine est donc essentielle pour éviter les déséquilibres. Derrière chaque assiette servie, c’est un savoir-faire collectif, une culture maritime et une rigueur scientifique qui s’expriment.
En Manche, certaines zones bénéficient même d’un repos biologique total plusieurs mois par an, garantissant la pérennité du gisement et la qualité exceptionnelle de la chair, prisée des chefs comme des particuliers.
Entre règlementation stricte, passion des pêcheurs et attrait gastronomique, la coquille Saint-Jacques reste un modèle de gestion durable. Elle prouve qu’une ressource marine peut être exploitée sans être épuisée, à condition d’en respecter le rythme naturel.
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