
Dans la lumière dorée de la capitale maltaise, la flotte bigarrée de la 46e Rolex Middle Sea Race a offert un spectacle à la hauteur de sa légende. Chaque année, ce rendez-vous mythique rassemble des marins venus d’horizons très différents, unis par la même envie d’affronter les 606 milles d’un parcours somptueux et imprévisible. Ici, la victoire dépasse les podiums : terminer la boucle est déjà une récompense, un hommage à la ténacité et à l’amour de la mer.
Lunatika, la revanche italienne
Après sept jours de suspense, c’est finalement Lunatika, un Sun Fast 3600 mené par Guido Baroni et Alessandro Miglietti, qui s’est imposé en IRC. Les deux navigateurs romains avaient franchi la ligne dès jeudi, mais ont dû attendre près de 48 heures pour voir leur victoire confirmée face à Mowgli of Portsmouth. Ce succès a une saveur particulière après leur abandon en 2024.
« Le parcours est somptueux, mais il met les nerfs à rude épreuve », confie Baroni, encore ému. « Nous avons passé l’année à préparer ce retour. Cette fois, nous voulions finir coûte que coûte. Gagner, c’est la plus belle des récompenses. »
Pour Miglietti, cette performance symbolise l’esprit du double : « C’est un format exigeant, où tout repose sur la confiance et la coordination. Deux personnes pour tout gérer, jour et nuit, c’est une épreuve autant mentale que physique. »
Mowgli, l’âme d’un classique
À bord de Mowgli of Portsmouth, les frères Patrick et Vincent Harris ont rappelé à tous qu’un voilier classique pouvait encore briller sur le plan d’eau méditerranéen. Ce sloop Primrose & Illingworth de 1964, piloté sans assistance électronique, a tenu tête à des unités modernes avant de boucler la course en un peu plus de six jours.
« Nous voulions fêter les 60 ans du bateau sur une course mythique », raconte Patrick Harris. « Il ne s’agissait pas de gagner, mais de prouver qu’il avait toujours du cœur. »
Vincent ajoute, souriant : « Pas d’autopilote, pas de répit, juste deux frères qui barrent et dorment par tranches de dix minutes. Malgré la fatigue, Mowgli a été d’une fiabilité incroyable. À l’arrivée, on était lessivés mais heureux. »
Valentina, l’élégance à l’italienne
Troisième participation et nouvelle réussite pour Valentina, dessinée par le grand Carlo Sciarelli. Avec ses lignes classiques en acajou et son pont en teck, le voilier mené par Pier Paolo Canè rappelle qu’élégance et performance ne sont pas incompatibles. Cette année, l’équipage a terminé 11e au général et 2e de sa catégorie.
« C’est une course faite pour elle », souligne Canè. « Elle n’est pas taillée pour la vitesse pure, mais son équilibre et sa finesse hydrodynamique la rendent redoutable dès que le vent adonne. Et puis, passer entre les îles siciliennes, voir les reliefs se découper dans le soir, ce sont des moments qui restent gravés. »
La jeunesse prend le large
La relève, elle aussi, s’affirme. Vingt-sept marins de moins de 21 ans ont pris le départ, dont plusieurs adolescents embarqués sur JYS Jan avec la Jarhead Young Sailors Foundation. Parmi eux, la jeune Pippa Bartolo Parnis, 16 ans, déjà à sa deuxième participation.
« Ce n’est pas toujours facile, mais chaque édition m’apprend quelque chose », confie-t-elle. « Cette année, j’ai découvert le parcours de jour, j’ai vu Stromboli et Pantelleria, et même des dauphins accompagner le bateau. C’est dans ces instants qu’on comprend pourquoi on aime naviguer. »
Entre audace, tradition et esprit d’équipe, la Rolex Middle Sea Race 2025 a réuni toutes les nuances de la voile hauturière. Chaque concurrent, qu’il navigue sur un prototype ou un classique en bois, y trouve un défi à sa mesure. Car au-delà du chronomètre, cette course reste une ode à la mer et à ceux qui la vivent intensément. Ce samedi 25 octobre, la remise des prix au Royal Malta Yacht Club viendra saluer ces marins venus écrire, chacun à leur manière, un nouveau chapitre de cette aventure méditerranéenne
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