
« Comme une grande première »
« Franchement, j’ai envie de partir en mer. Dans des conditions qui ne sont pas hyper simples au début, il y aura de la stratégie. Mais je me sens bien sur mon bateau. Il est prêt. Et je suis en pleine forme après une escale qui m’a permis de faire beaucoup de sport », confie Alicia De Pfyffer (1051-Wallabys). La navigatrice suisse qui cumule les traversées ne cache pas la pointe de trac qui s’invite pour cette nouvelle transat en solitaire version Mini Transat, se disputant sans aucun contact direct avec la terre. « C’est comme une grande première avec beaucoup de questions qui te passent dans la tête... À chaque traversée que j’ai faite, je me suis projetée, me demandant comment je me sentirais toute seule sur mon petit bateau. »
« C’est un grand saut dans l’inconnu, qui me tente depuis longtemps. Je vais découvrir des systèmes météo que je n’ai jamais rencontrés, à part dans les livres », confie Quentin Mocudet (986 - Saveurs et Délices) « Et l’échiquier n’est pas si clair à lire. En mer, on aura encore moins d’informations », ajoute celui qui a désormais digéré l’annulation de la première étape qu’il avait pourtant menée avec engagement et réussite dans des conditions musclées. « J’étais en bonne position pour assurer une place sur le podium. Mais je ne n’étais pas premier non plus. Je gagne donc une nouvelle chance de gagner. »
Dernier briefing, ultimes conseils
Devant les 89 étraves des 6.50 : 2 613 milles théoriques pour rallier la Guadeloupe sur un parcours d’abord rythmé par le passage d’une marque virtuelle à laisser à tribord dans le sud de l’archipel canarien, sur l’Atlantique perturbé par les dépressions automnales le traversant d’Ouest en Est. « On a mis un waypoint supplémentaire à une centaine de milles dans le sud pour éviter que certains partent trop au nord comme certains routages le suggèrent, avec le risque de se retrouver au près dans 30 nœuds de vent », détaille Denis Hugues. « Je n’ai pas envie de devoir envoyer les bateaux accompagnateurs là-dedans. Cela reste un tout, et le plus important, c’est de sécuriser l’ensemble du dispositif ».
Le temps d’un dernier briefing ce vendredi après-midi, le directeur de course a pu livrer d’importantes recommandations. « Mon premier conseil, c’est de s’attacher et de le rester tout le temps ! Et de faire attention aux grains, de surveiller les nuages pour anticiper ce qui t’arrive dessus », ajoute celui qui orchestre la partie maritime des 89 minis voiliers. Demain à 15 heures, la flotte larguera les amarres dans des vents très légers, avec une première difficulté à gérer : les célèbres dévents canariens.
« On piétine de retourner en compet’ », indique Adrien Marchandise (754-MiniLab), skipper d’un foiler, véritable laboratoire flottant pour tester des innovations à valeur environnementale. Le skipper-ingénieur se prépare néanmoins à passer plus de jours en mer que prévu « On va avoir du vent relativement léger ou médium, ce n’est pas si mal. J’espère que les foils vont être utiles. J’ai chargé un peu plus de bouquins dans la liseuse, un peu plus de musique dans le MP3, et un plus de victuailles. Le début s’annonce ultra-light. Je pense qu’on a 36 heures de méga pétole pour aller chercher le waypoint. »
Quid des alizés ?
Puis viendra alors la promesse de toucher les vents d’alizé. « Ils ont l’air plutôt établis, sur une régime de 15-20 nœuds, mais ça peut vite monter à 30 nœuds avec des franches bascules, et d’inévitables lignes de grains », avertit Denis Hugues qui envisage une traversée de 10-11 jours pour le plus rapide d’entre-eux : le 1067-Nicomatic-Petit Bateau de Benoît Marie. D’autant que le skipper du mini foiler capable de surpasser les meilleures projections de vitesse, jeune papa d’un nouveau né, pourrait avoir des ailes pour avaler l’Atlantique à grandes enjambées. Cette Boulangère Mini Transat 2025 lui permettra-t-elle d’affoler les compteurs ? Réponse sur les chemins qui mènent en Guadeloupe et balisent une aventure humaine XXL pour les 89 skippers au saut de ce grand départ..
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