
Une victoire à la force du mental
Mercredi matin, sous le soleil doré de La Valette, le verdict est tombé : aucun des concurrents encore en mer ne pouvait battre le temps compensé de Balthasar. Après plus de 600 milles de navigation, le voilier belge, mené avec une précision d’orfèvre, remporte l’une des courses les plus techniques du calendrier méditerranéen.
« C’est un rêve devenu réalité », a confié Louis Balcaen, ému à l’arrivée dans le port de Marsamxett. « Nous savions que nous avions tout donné : la coordination, la patience, et un peu de chance ont fait la différence. » Le défi n’a pourtant rien eu de simple. Dès les premières heures, la flotte a affronté des conditions instables : grains violents, vents capricieux et longues zones de calme, notamment au large de Lampedusa. C’est là que la majorité des bateaux ont perdu leurs espoirs, incapables de rivaliser avec la régularité de Balthasar.
Le moment décisif s’est joué après Favignana. L’équipage a pris la décision audacieuse de descendre jusqu’à la côte tunisienne pour trouver du vent. « Un vrai pari », raconte Balcaen, « mais nous étions unanimes. Il fallait oser. Et ce choix a tout changé. »
Cette option tactique a permis au voilier de relancer sa progression quand d’autres restaient figés dans la pétole. Bouwe Bekking, tacticien de renom et vétéran de huit tours du monde, en témoigne : « Il fallait anticiper chaque transition, parfois avant même d’avoir les données météo. Cette course récompense ceux qui s’adaptent le plus vite, et cette équipe excelle dans cet art. »
Une alchimie forgée par les années
À bord, une quinzaine de marins, parmi lesquels Arianne Van de Loosdrecht, Henri Demesmaeker ou encore Pablo Arrarte, ont montré une parfaite maîtrise de leur bateau. Pour Bekking, cette réussite tient à une chose : la confiance. « Nous naviguons ensemble depuis longtemps. Chacun connaît son rôle, la communication est fluide, et quand il faut agir, tout se fait sans hésitation. » Le passage de Pantelleria a marqué un autre tournant : Balthasar a choisi une route très à l’ouest, surprenant ses adversaires. « C’était risqué, au point que les garde-côtes tunisiens nous ont contactés pour savoir ce qu’on faisait là ! » sourit Bekking. « Mais c’est ce genre d’audace qui construit une victoire. »
Une consécration méritée
En franchissant la ligne d’arrivée face à la cité fortifiée de La Valette, Balthasar a laissé éclater sa joie : un mélange de soulagement et de fierté. Après plusieurs saisons exigeantes, cette victoire marque un tournant pour Louis Balcaen et son équipe.
« Remporter la Rolex Middle Sea Race, c’est plus qu’un trophée, c’est la reconnaissance de tout le travail et de toutes les milles parcourues ensemble », conclut le skipper.
Le Royal Malta Yacht Club remettra officiellement le trophée ce samedi 25 octobre, lors de la cérémonie de clôture. Une récompense à la hauteur d’un équipage qui a su allier audace, endurance et intelligence de course pour inscrire son nom dans la légende de la Méditerranée.