Transat Café L’Or : entre tempêtes au nord et calmes au sud, la course se réinvente

Par Le Figaro Nautisme
carte de la course Transat Café L\'Or

C’est le carburant de la TRANSAT CAFÉ L’OR le Havre Normandie et il ne fait pas dans la demi-mesure. Trop de vent pour les Class40 qui ont fait escale en Galice alors que quatre concurrents cherchent encore à rallier la Corogne à temps pour le départ de la deuxième étape à 13 heures demain. Pas assez pour les IMOCA toujours empêtrés dans la dorsale Canarienne qui sonne le regroupement général pour un nouveau départ plein d’incertitudes.

Ce sont les multicoques les mieux servis ce matin, eux qui s’apprêtent à franchir l’archipel du Cap Vert. Les ULTIM visent déjà le Pot-au-Noir et se décalent franchement à l’ouest . Les Ocean Fifty pour qui l’archipel est marque de parcours, n’auront d’autre choix que de les contourner par l’Est la nuit prochaine. Il faudra veiller à leurs dévents qui peuvent s’étendre sur plus de 150 milles dans le Sud, avant de mettre le cap vers Fort de France...

ULTIM : Slalom géant !

Petite surprise ce matin, SVR-Lazartigue est ralenti au Nord du Cap Vert et oblique pour laisser l’archipel à l’Est. Anticipation du bon point d’entrée dans le Pot-au-Noir qu’ils atteindront demain matin, petit souci technique, négociation des dévents de Santo Antao, la plus Ouest et la plus haute de ces îles volcaniques ? Franck Cammas explique à la vacation : « Avec Tom nous avons déterminé une zone d’entrée dans le Pot-au-Noir. On a navigué toute la nuit en travers de la piste mais notre route nous parait le meilleur compromis entre le bon angle par rapport au vent qui a molli, le dévent des îles du Cap Vert et la stratégie pour la suite. Là, on vient d’empanner pour remettre cap au Sud ! »

Si SVR-Lazartigue a vu revenir dans son sillage Sodebo ULTIM 3 et Actual ULTIM 4 qui ont repris quelques 150 milles en douze heures, il devrait recreuser ce matin sur ce nouveau bord où il maximise son rapprochement au but. « Hier, le vent était plus fort et la mer s’est creusée. Sodebo est très fort dans ces conditions et on essaie de se mettre à leur niveau à cette allure où je découvre le bateau et qui sera importante aussi sur tout le dernier tronçon de la course (Entre Ascension et Fort de France NDR) » poursuivait l’Aixois ce matin à la vacation alors que depuis Sodebo vient d'optionner en empannant juste avant Sal, la plus septentrionale des îles.

Aux hautes vitesses auxquelles naviguent les ULTIM, les gains et les pertes sont très rapides et c’est pourquoi la bonne gestion du passage des îles, dernier piquet du slalom géant que dessinent les quatre trimarans sur la carte est important. « Finalement, notre route est assez classique. Ce qui est original c’est d’être allé aussi proche de l’Afrique pour trouver du vent » concluait Franck Cammas, heureux de voir « le niveau de compétition entre les bateaux qui ont tous beaucoup progressé ».

La journée qui vient est capitale puisque l’ordre et les écarts à l’entrée de la Zone de convergence Intertropicale qui sonnera la mi-course pourrait conditionner toute la suite dans l’hémisphère Sud puis vers Fort de France.


IMOCA : Un week-end aux Canaries

Ce n’est pas l’offre d’un voyagiste low-cost mais la confirmation de ce que craignaient au Havre déjà les concurrents, coincés au niveau de l’archipel pour un nouveau départ. Avec cette dorsale qui les accompagne vers l’Est et dont ils n’arrivent pas à se défaire, la situation météo n’est pas très catholique en ce jour d’Halloween. Les grands monocoques ne savent pas à quel saint se vouer pour récupérer du vent de Nord-Est de l’autre côté de cette barrière.

Macif Santé Prévoyance et Charal se sont décalés pour tenter de basculer les premiers bâbord amures. Mais dans cette guerre des nerfs, c’est 11th Hour Racing qui s’en sort le mieux ce matin. Auteurs d’une remarquable semaine, à un niveau où personne ne les attendait vraiment, le double mixte Francesca Clapcich-Will Harris donne une deuxième jeunesse à l’ex-Malizia, leur plan VPLP. « On est heureux et franchement, il faut saluer tout le boulot qu’a fait Will avant le départ et sur ce début de course. ensemble, on connait très bien le bateau et même s’il n’est pas le plus rapide sur le papier, ça marche très bien et nous n’avons eu aucun vrai souci depuis le départ. Là, on glisse sur mer plate avec 6 noeuds de vent et on va essayer de passer cette dorsale au mieux ».

Si l’accélération en sortie de dorsale que les leaders pourraient franchir dans l’après-midi devrait de nouveau accentuer les écarts, la flotte en sortira quand même regroupée. « Tout ça pour ça » doivent se dire certains quand d’autres se satisfont de ce moment de calme retrouvé, à l’image de Sam Davies sur Initiatives coeur qui écrivait cette nuit : « Les petits airs sont frustrants mais le côté positif , c’est de pouvoir sortir sur le pont et de profiter de la vue. Nous sommes accompagnées par les dauphins, un magnifique coucher de soleil et maintenant un ciel plein d’étoiles. Just magic !! ».

Dans cette phase de pause, chacun essaie de tenir son rang et certains se refont une santé. A l’image d’Association Petits Princes-Queguiner qui avait lâché la meute avant-hier pour réparer une fissure dans son puits de quille et se trouve relancé. C’est le cas de tous les IMOCA jusqu’à la neuvième place occupée par le tandem Arnaud Boissières-Benjamin Dutreux sur 4CAD-La Mie Câline.

Bien plus loin, Paprec Arkea et MSIG Europe retrouvent des conditions de navigation viriles mais correctes. Quant à Les P'tits Doudous, Armel Tripon et Tanguy Leglatin sont repartis hier soir à 22 heures de Cascaïs (Portugal). Aux bon soins de son équipe pendant son pit stop, l’IMOCA tout neuf d’Armel Tripon repart avec un ballast avant réparé et de nouveaux capteurs de vent pour faire fonctionner ses pilotes. La flotte des 18 IMOCA est donc au complet sur l’Atlantique.

Ocean Fifty : Ça déroule !

Edenred 5 mène toujours la danse en Ocean Fifty. Comme les ULTIM avant eux, les trimarans de 15 mètres viennent flirter avec la zone interdite du Sahara Occidental pour rester dans la petite bande d’alizé soutenu. Chacun cherche le meilleur angle avec selon Basile Bourgnon « trois ou cinq empannages avant d’atterrir sur le Cap Vert. Le vent est assez stable autour de 20 noeuds et on est tout dessus avec l’écoute à la main. On alterne toutes les heures et demi avec Manu car il faut rester bien attentif ! » décrivait le co-skipper d’Edenred 5 qui continue de mener la danse avec un petit matelas de 20 milles d’avance.

Derrière, ça ne mollit pas non plus : Viabilis Oceans s’est invité dans la nuit sur le podium et vient même de passer deuxième au moment de boucler ces lignes, lui qui avait du s’arrêter en début de course. Le tandem Baptiste Hulin-Thomas Rouxel a su provoquer sa chance aux Canaries et n’a visiblement pas dit son dernier mot sur la route de Fort de France. « Ce sont eux qui nous font le plus peur au portant fort avouait Basile Bourgnon. On va très vite dans ces conditions mais eux aussi ! » C’est une course de vitesse qui s’annonce déjà dans l’alizé et le passage du cap Vert sera l’occasion d’un pointage très significatif pour les Ocean Fifty qui pourraient rallier Fort de France le 8 Novembre. « Chaque contournement est une nouvelle course qui commence et on ne serait pas fâché d’avoir un peu d’avance au Cap Vert pour amorcer une course en contrôle » disait Basile Bourgnon avant de raccrocher.


Class40 : Veillée d’armes

Pendant que les Class40 profiteront de leurs dernières tapas à La Corogne, trois bateaux pourraient faire leur entrée dans le port Galicien au moment du départ de la deuxième étape qui sera lancé à 13 heures française demain. « Les frères Courbon sont encore à une trentaine d’heures de la Corogne et pourraient faire une arrivée au frein à main. Les autres arriveront vraisemblablement en milieu de nuit et verront bien l’état de leur bateau pour juger de leur nouveau départ. Pour eux, le vent reste soutenu mais maniable » expliquait ce matin Francis Le Goff, le directeur de course qui a enregistré hier soir l’abandon de Rêve de Large 5.

Safran cassé, Rodolphe Sepho et Jean-Pierre Coutayar ont donc jeté l’éponge en posant le pied à Lorient. Après les trois abandons des Ocean Fifty chavirés le week-end dernier, c’est le quatrième de la course, premier en Class40.

De son côté l’équipage antillais de Martinique Horizon a rallié La Corogne hier à minuit et a 36 heures pour se poser et potasser la route qui mène vers Fort de France. « Pour le départ, le vent moyen sera de 10 noeuds au Sud-ouest explique Pierre-Yves Guilherm, le météorologue de la course. Le vent va progressivement forcir au fur et à mesure que les concurrents s’éloignent de la côte en restant maniable».

Rapidement, deux scénarios s’offriront aux concurrents. Une route Sud, à la recherche rapide des alizés qui n’est pas gagnante sur le papier. Une route plus proche des Açores (à laisser à tribord) où il faudra négocier plusieurs passages de Thalweg (excroissance d’une dépression) avant de profiter d’un bon flux d’alizé à partir du 7 novembre sur un trajet plus court. A vos marques !

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.