Où vivre une expérience en brise-glace en Europe ?

Par Le Figaro Nautisme

Longtemps réservée aux équipages d’État et aux expéditions scientifiques, la navigation en brise-glace s’est invitée dans le tourisme nordique. Aujourd’hui, il est possible de ressentir la puissance d’une coque de plusieurs milliers de tonnes qui fend un tapis glacé, de descendre sur la banquise ou même de flotter dans une eau noire à zéro degré, sans quitter l’Europe. La plupart de ces expériences se concentrent autour du golfe de Botnie, où la Finlande et la Suède ont transformé leurs navires en véritables passerelles vers l’univers polaire.

Finlande : l’expérience la plus intense

En Finlande, tout commence généralement à Kemi, là où repose le Sampo, l’un des brise-glace les plus emblématiques du continent. Ce navire de 3 500 tonnes, mis en service en 1960, a longtemps assuré la sécurité des routes maritimes avant de devenir le tout premier brise-glace touristique européen. À bord, l’expérience dure entre trois et quatre heures et plonge rapidement dans l’atmosphère si particulière de la Baltique gelée : moteurs qui grondent, ponts qui vibrent, éclats de glace qui se plient sous l’étrave. Les passagers peuvent se rendre à la passerelle, explorer la salle des machines ou discuter avec les membres d’équipage, habitués à naviguer dans des épaisseurs de glace pouvant atteindre un mètre.
Le moment que tout le monde attend arrive lorsque le Sampo s’immobilise au milieu d’un champ glacé. La trappe arrière s’ouvre et les voyageurs enfilent une combinaison de survie orangée avant de se laisser glisser dans l’eau noire. Flotter au milieu d’un chenal fraîchement brisé par un navire de cette envergure est une sensation difficile à oublier : c’est à la fois désorientant, hypnotisant et totalement sécurisé. Cette parenthèse polaire a un coût, entre 290 € et 370 € selon la date et la durée, mais elle reste l’expérience la plus complète proposée en Europe.
À quelques kilomètres de là, un autre navire attire un public plus curieux de mécanique que d’adrénaline : le Polar Explorer. Plus récent et moins massif que le Sampo, il met davantage l’accent sur la compréhension de la navigation dans la glace. Le capitaine commente en direct les décisions de route, explique la manière dont le navire "grimpe" sur la glace pour la briser sous son poids, et dévoile les contraintes que subissent les structures métalliques dans une mer solidifiée. La sortie dure environ trois heures, inclut également la baignade en combinaison et s’affiche à un tarif légèrement inférieur, compris entre 260 € et 310 €.

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Suède : la vision la plus technique du métier

De l’autre côté du golfe de Botnie, la Suède propose une immersion différente mais tout aussi captivante. À Luleå, capitale hivernale de la navigation sur glace, plusieurs navires renforcés reprennent du service chaque année pour des sorties de deux à trois heures dans une glace compacte. Ici, l’ambiance est moins touristique et davantage tournée vers l’observation du travail réel des brise-glace scandinaves. Le capitaine détaille les techniques utilisées pour fracturer les plaques, les passagers observent les manœuvres depuis les ponts extérieurs et l’on sent parfois le navire osciller légèrement lorsqu’il "monte" sur la glace avant de la rompre net.
Cette approche, très centrée sur la dimension opérationnelle, plaît particulièrement à ceux qui veulent comprendre l’envers du décor. Les tarifs oscillent entre 240 € et 280 €, selon les dates et les navires disponibles. Certains opérateurs proposent également une courte baignade dans un chenal sécurisé, mais elle n’est pas systématique comme en Finlande, la priorité étant vraiment donnée à l’observation du travail du navire.

Norvège : une immersion polaire plus douce

La Norvège ne dispose pas de brise-glace touristiques au sens strict, mais plusieurs navires d’expédition classés ice-class permettent de vivre une version plus contemplative de la navigation hivernale. Depuis Tromsø, Kirkenes ou dans les fjords du Svalbard, on embarque sur des unités comme le MS Polargirl ou les navires d’expédition de Hurtigruten, capables d’évoluer dans des zones partiellement prises par la glace.
Leur mission n’est pas de fracturer la banquise, mais leur progression lente parmi les plaques dérivantes offre une ambiance très polaire. On y croise souvent des phoques allongés sur les glaces, des eiders qui plongent dans les eaux sombres et des paysages qui semblent sculptés par le froid. Les sorties les plus accessibles se situent entre 110 € et 150 € pour quelques heures de navigation, tandis que les mini-expéditions au Svalbard commencent autour de 200 €. L’expérience est moins spectaculaire que celle d’un vrai brise-glace, mais la sensation d’être au cœur de l’hiver arctique est bien réelle.

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Islande : le premier contact avec les glaces dérivantes

En Islande, l’expérience est encore différente. Autour d’Akureyri ou de Húsavík, certains opérateurs naviguent dans les premières glaces saisonnières grâce à des coques renforcées. Les navires ne brisent pas activement la glace, mais progressent dans un environnement où la mer commence à se figer, offrant une initiation douce aux sonorités et aux sensations de la navigation polaire. Les tarifs varient de 90 € à 160 € selon la durée, avec une forte dimension naturaliste, centrée autant sur le paysage que sur les conditions hivernales.

Une aventure polaire désormais accessible

Chaque pays propose une approche différente : la Finlande offre la puissance brute, la Suède privilégie la compréhension technique, la Norvège mise sur l’immersion paysagère et l’Islande sur la rencontre avec les premières glaces. Les prix s’échelonnent de 90 € à près de 370 €, mais toutes ces expériences ont un point commun : elles permettent de vivre, à une échelle impressionnante mais maîtrisée, ce que signifie vraiment naviguer dans un monde de glace.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.