
L’attrait d’une rencontre « unique »
Difficile de résister au charme des manchots. Leur démarche maladroite à terre contraste avec leur incroyable agilité sous l’eau, où ils deviennent de véritables torpilles. À Boulders Beach, en Afrique du Sud, ou près des rookeries chiliennes, il arrive que certains s’aventurent à proximité des baigneurs, intrigués par leur présence. Pour les visiteurs, l’expérience semble exceptionnelle : observer ces oiseaux marins évoluer librement, si près, dans un décor naturel spectaculaire.
Mais cette proximité apparente ne signifie pas qu’ils tolèrent réellement l’interaction. Les biologistes rappellent que les manchots restent des animaux sauvages, soumis à des besoins environnementaux précis, et que la frontière entre curiosité et dérangement est extrêmement fine.
Une fragilité moins visible qu’il n’y paraît
Sous leur allure joviale, les manchots sont particulièrement sensibles au stress. Les regroupements humains sur les plages, les mouvements brusques dans l’eau, les bruits répétés ou simplement l’approche trop directe peuvent provoquer une accélération du rythme cardiaque, des modifications hormonales et même la fuite des individus vers le large.
Plus inquiétant encore : ces perturbations ne sont pas sans conséquence pour les colonies. Un manchot stressé peut abandonner temporairement son nid, ce qui expose œufs et poussins à la prédation ou au froid. Dans certaines zones fréquentées, les chercheurs ont observé une diminution du succès de reproduction chez les couples les plus dérangés.
Quand le tourisme dépasse les limites
Avec la hausse des visites dans des sites emblématiques comme Boulders Beach, certaines dérives sont apparues. Les touristes s’approchent trop près, tentent de toucher les animaux ou les encerclent pour obtenir une photo. Dans l’eau, certains manchots changent brusquement de trajectoire ou accélèrent pour éviter les nageurs, signe clair d’un inconfort.
Plusieurs incidents ont aussi montré que des interactions mal maîtrisées peuvent entraîner des morsures, parfois sévères : un manchot reste un oiseau doté d’un bec puissant. Conscients de ces risques, de nombreux parcs et autorités ont renforcé la réglementation : passerelles obligatoires, zones de baignade strictement limitées, distances minimales à respecter et surveillance accrue des sites.

Observer sans perturber
Nager « par hasard » à proximité d’un manchot peut être un moment inoubliable, à condition que cela reste entièrement à l’initiative de l’animal. Les guides les plus responsables insistent sur une règle simple : on ne cherche jamais à s’interposer dans leur trajectoire, on ne tente pas de les attirer, on ne les suit pas. L’eau doit rester un espace où le manchot garde le contrôle de la distance.
Une observation passive, silencieuse, respectueuse permet non seulement de préserver leur sérénité, mais aussi d’offrir une expérience bien plus authentique : voir l’oiseau nager librement, sans contrainte, dans son élément naturel.
Entre émerveillement et responsabilité
Nager avec les manchots fait rêver, mais cette activité n’est pas anodine. Derrière l’envie de partager un moment privilégié se cache un véritable défi : admirer sans nuire, approcher sans déranger. Le tourisme mal encadré peut fragiliser des espèces déjà menacées par la pollution, le changement climatique et la réduction de leurs zones de reproduction.
Avant de plonger, mieux vaut choisir des prestataires engagés dans la protection des colonies, suivre strictement les distances imposées et accepter que certaines interactions, même les plus photogéniques, ne devraient jamais être forcées.
Parce que la vraie bonne idée n’est pas de nager avec les manchots, mais de faire en sorte qu’ils continuent de nager, sereinement, là où ils vivent depuis des millénaires.
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