
Au royaume des multicoques ultimes, le Maxi80 Prince de Bretagne n’a pas fini de d’étonner et de détonner. Pour gagner en performance immédiate, Lionel Lemonchois vient d’engager un chantier d’été pour équiper le mât du dernier né des trimarans géants d’un système de bascule à l’aide de cordage et de palans. Si ce choix n’a rien de révolutionnaire, il n’en illustre pas moins l’esprit d’innovation animant ce projet atypique, qui va chercher la performance hors des sentiers battus. Les explications de son skipper…
Figaro Nautisme : Pourquoi choisir aujourd'hui d'équiper le bateau d’un mât basculant ?
Lionel Lemonchois : « À ce stade du projet, c'est dans la logique des choses. Cela fait longtemps maintenant que les mâts des grands trimarans basculent au vent. D'en régler l'inclinaison, cela permet de soulager la plateforme, ce qui autorise à appuyer plus dessus, et donc de gagner en vitesse pure. Au départ, nous n'avons pas choisi d’installer un système hydraulique, plus classique. Dans nos premiers arbitrages, nous avons choisi de disposer d’un trimaran léger, le plus long possible. Dans nos réflexions pour savoir comment aller plus vite, l'option du mât à ficelles s'est ensuite imposée d'elle-même : c'est la plus simple pour saisir le gain de vitesse immédiat qu’autorise un mât incliné en fonction de la gîte du bateau. »
Mais, ces ficelles, c’est donc une vraie innovation ?
« Oui, et non. C’est la première fois que l’inclinaison d’un mât maxi-multicoque pourra se régler à l’aide de cordages et de palans qui démultiplient les efforts. Mais, nous n’avons rien inventé, cela s’est déjà fait sur un trimaran ORMA de 60 pieds, et ce système de cordage est courant sur des petits bateaux comme les Mini 6.50. L’énorme avantage de cette solution manuelle, c’est son gain de poids, près de 150 kg par rapport à l’hydraulique qu’on retrouve à bord de tous les autres maxi-multicoques. En revanche, de la ficelle supplémentaire, c’est forcément des manœuvres en plus… C’est pour moi que cela va être plus dur ! »
Plus de manœuvres, n’est-ce pas contradictoire pour un bateau dédié à la navigation en solitaire ?
« Lors des virements de bords, il faudra donner d’un côté et reprendre de l’autre. Ce sera plus long et plus exigeant. Mais tout a été imaginé pour le solo, et je devrais y arriver ! D'autant que ce système n'est pas conçu pour régater entre trois bouées, mais pour régler l'inclinaison par rapport à la gîte sur des grands bords au large. En tout cas, les 2-3 nœuds de vitesse supplémentaire gagnés selon les allures méritent bien un peu plus d’efforts aux manœuvres ! »