
Les 84 voiliers de la Mini-Transat ne devraient pas quitter le port de Douarnenez avant la fin de semaine. Aussi, plusieurs concurrents, amateurs éclairés, ont choisi de retourner au bureau pour donner un dernier coup de main aux collègues. C'est ainsi le cas de Raphaël Marchant.
Le drapeau rouge est hissé. Les dépressions moulinent au-dessus de l'Atlantique sans espoir d'amélioration avant la fin de la semaine. "Ce n'est pas une situation évidente à gérer", commence le skipper de 26 ans, partagé entre le soulagement et l'impatience. "Avant la décision de la direction de course, je m'inquiétais beaucoup en détaillant les fichiers météo car dès le mardi, nous voyions quelque chose se profiler, explique le jeune navigateur. Je suis rassuré de voir que nous n'avons pas à naviguer dans des conditions fortement défavorables pour les mini 6.50. Mais en même temps, je m'étais préparé à prendre le départ le 13 octobre. " Sur les quais de Douarnenez, les skippers n'en finissent pas de répondre à la question: "Alors, tu pars quand ?"
Des proches aux Canaries, un skipper en Bretagne
Du point de vue logistique, Raphaël Marchant peut profiter de son logement une semaine supplémentaire mais il s'inquiète beaucoup plus pour ses proches qui ont prévu de le rejoindre à Lanzarote. "Toute ma famille, cousins compris, sera là, explique-t-il. Ils doivent arriver le 26 octobre...Mais samedi prochain, je serai peut-être encore à quai !" En attendant le départ, le skipper de Soreal Ilou a choisi de retourner travailler, au moins jusque mardi. « Je vais donner un coup de main sans rentrer dans l’opérationnel, explique-t-il. Comme je n’ai pas de remplaçant, mes collègues se sont répartis mes dossiers. » Raphaël Marchant, diplômé d’école de commerce en 2010, travaille pour la PME qui le sponsorise. « Mon employeur a décidé de me soutenir tout en insistant sur les deux défis à relever : assurer au travail et être au départ de la Mini-Transat, rappelle le jeune actif. Lui-même pratique la voile, connaît le circuit 6.50. Cela m’a beaucoup aidé. Mais cela signifiait aussi beaucoup de pression, surtout que je suis débutant dans la course au large. » Les premières nuits en mer lui ont semblé particulièrement difficiles. « Le froid, le manque de sommeil et des conditions très ventées m’ont fait tout remettre en question, nous confie-t-il. Mais je rentrais déjà au port avec un très grand sourire. Nous vivons des moments excellents en mer ! Je me souviens d’une nuit magique lors de la Mini-Fastnet, à fond sous spi en mer d’Irlande… » Le skipper sait que la Mini-Transat l’obligera à affronter la grande inconnue de la course au large : la solitude. Comme beaucoup de concurrents, Raphaël Marchant n'a jamais passé plus de neuf jours en solitaire, la durée de sa qualification. « Les anciens disent tous qu’il faut absolument être bien dans sa tête et que cela peut être très dur. Mais c’est ce qui me motive : voir comment je réagis, découvrir des ressources que je ne soupçonne pas… Et je sais déjà que je vivrai des moments de plénitude magiques. » Le jeune marin breton a donc encore quelques jours d’attente pour se préparer au grand départ.
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