
L’Empire du Milieu a compris qu’il ne pouvait se contenter de la puissance terrestre : il voit désormais l’avenir sur l’eau.
Les capacités maritimes de la Chine se développent à vitesse grand V, que ce soit sur le plan militaire, marchand ou sportif. Le pays a notamment franchi un pas de géant ce mardi en dévoilant des images de sa très secrète flotte de sous-marins nucléaires, dans un contexte de vifs différents maritimes avec ses voisins, que ce soit le Japon ou les Philippines. « La Chine doit montrer clairement que la seule voie consiste à ne pas défier les intérêts fondamentaux chinois », s’est félicité le quotidien officiel Global Times, réputé pour son ton nationaliste. Depuis un an, les garde-côtes chinois naviguent régulièrement dans les eaux japonaises autour des Senkaku, un archipel revendiqué par l’Empire du milieu sous le nom de Diaoyu. Le conflit s’est envenimé en septembre 2012 lorsque l’Etat nippon a racheté trois des cinq îles de l’archipel à leur propriétaire privé japonais. Et depuis lors, le vocabulaire militaire est de plus en plus présent de part et d’autre. "Si la Chine choisit de s'engager sur ce chemin, alors elle ne pourra pas s'en sortir de façon pacifique", a averti samedi le premier ministre de droite Shinzo Abe dans un entretien au Wall Street Journal. En dévoilant ses sous-marins, la Chine franchit donc une nouvelle étape vers l’issue militaire. Déjà, début août, Pékin avait fièrement annoncé que cinq de ses bateaux de guerre avaient accompli leur premier tour complet du Japon. Ces différentes étapes répondent à la volonté politique clairement affichée fin juillet par le président Xi Jinping lorsqu’il avait appelé à la mobilisation pour que la Chine devienne une grande puissance maritime. A mi-chemin entre le commerce et la diplomatie, l’Empire du milieu a également lancé cet été son premier navire marchand dans les eaux arctiques. En un mois, le bâtiment du géant Cosco a rejoint l’Europe en franchissant le passage du nord-est qui longe les côtes sibériennes. La Chine, qui voit passer 90% de ses échanges commerciaux par la mer, espère que le raccourci polaire sera bénéfique au développement de ses ports du nord-est du pays.
Le drapeau rouge et jaune s’affiche aussi dans la voile
Au-delà des cargos et des frégates, la Chine investit également le monde de la voile. La première médaille olympique chinoise en voile date de 2008. La Chinoise Jian Yin avait alors détrôné la Française Jian Yin pour le titre de planche à voile RSX. C’était le résultat d’un investissement massif des autorités en faveur de disciplines sportives jusque-là peu connues en Chine. La même année, la Chine investissait la course en large. Une équipe Sino-Irlandaise, Green Dragon, était en effet au départ de la Volvo Ocean Race 2008-2009, un tour du monde avec escales – l’une d’elles investissant le port de Singapour - et en équipage. Une expérience reconduite en 2011-2012, avec Team Sanya, et désormais en projet pour 2014-2015, comme annoncé ce mercredi par les organisateurs de la Volvo Ocean Race. Le projet sera financé par Dongfeng, le numéro deux chinois du secteur automobile, et géré par une entité bien connue dans le monde de la voile, OC Group, qui organise entre autres la Route des Princes, un tour d’Europe des multicoques, ou Artemis Offshore Academy, qui aide de jeunes skippers anglais à intégrer la voile professionnelle. « Notre priorité est le recrutement et l’entraînement de marins chinois, a indiqué ce mercredi le directeur de l’équipe, Bruno Dubois. C’est notre principal challenge puisqu’il faut concentrer les années d’expérience d’un équipage typque de la Volvo Ocean Race en seulement 10 mois. » Ils pourront notamment compter sur Guo Chuan, le premier chinois à avoir effectué le tour du monde à la voile en solitaire et sans escale, à bord de son Class 40. « Nous voulons laisser un héritage qui pousse les Chinois à naviguer et à développer une campagne qui, sur le long terme, serait 100 % chinoise », a ajouté le directeur de l’équipe. Le public chinois pourra profiter du spectacle nautique lors de l’étape de Sanya, un port de l’île de Hainan qui a déjà accueilli la course en 2011-2012.