
Matrice dure, érodable, semi-érodable, autopolissant, hydro-active, saisonnier … de quoi laisser le plaisancier perplexe devant un tel inventaire à la Prévert. Parmi tous ces produits consommables qui représentent un budget non négligeable, on peut s’interroger sur les produits à base de cuivre, certes plus onéreux mais qui ne sont pas à refaire chaque année.
Quand on sait que plus de 25.000 espèces sont susceptibles de coloniser les carènes de bateaux, avec des produits dits « non nocifs » il est impossible de les repousser à 100% sans détruire une partie de la faune et de la flore marine. Toutefois, il est possible de limiter cette destruction en employant des biocides moins dangereux pour l’environnement que ceux utilisés à une époque, comme le TBT. Tous les fabricants sont tenus de se conformer aux nouvelles normes européennes qui interdisent bon nombre de biocides. Une autre solution consiste à utiliser un antifouling à base de cuivre. Ce système n’est pas nouveau, car à une époque, des plaques de cuivre étaient utilisées pour protéger les carènes. Les nouveaux produits tels que le M300 sont composés, en majorité, de particules de cuivre pur mélangées à une résine polyester hybride. Pour en savoir plus sur ce produit, nous avons suivi étape par étape l’application réalisée par un professionnel, et nous allons vérifier dans le temps l’efficacité du produit, qui en principe doit rester actif pendant cinq années.
Comprendre les différentes appellations
Sur le marché, deux familles d’antifouling sont proposées : à matrice érodable et à matrice dure avec dans chaque famille des variantes.
La matrice érodable, encore appelée autopolissante, est constituée d’un liant copolymère soluble dans l’eau. Dans la matrice dure, le liant ne se dissout pas dans l’eau, les composants bioxydes se diffusent dans le liant puis dans l’eau. A partir de ces deux concepts, les fabricants proposent des produits semi-érodables qui sont un compromis entre les deux. Puis sont apparus d’autres appellations commerciales propres aux marques. Par exemple, nous trouvons des produits : multi-saisons pour zones à très fortes salissures, à matrice hydro-active pour une protection exceptionnelle ou encore des antifouling dits saisonniers pour une protection de courte durée, mais à un prix moindre. Difficile de s’y retrouver.
Ce qu’il faut retenir c’est la différence fondamentale entre une matrice érodable et une dure. La première est destinée aux bateaux qui naviguent beaucoup, par exemple, les bateaux de régate ; au fil des navigations, l’antifouling se désagrège et la carène reste lisse. Mais attention, sur les bateaux rapides (plus de 20 nœuds), elle n’est pas conseillée.
La matrice dure convient bien aux bateaux qui séjournent dans les ports ou au mouillage. Le produit est particulièrement recommandé dans les zones à fort courant ou à échouage. Mais, au fil des années, les couches se superposent. Quelle que soit la marque, il est rare qu’un antifouling tienne plus d’une année. Les nouveaux produits à base de cuivre sont annoncés pour une efficacité de 5 ans.
Antifouling au cuivre
Nous avons suivi sur un Catana 52, l’application du M300 par la société BioNautique. Il est composé en majorité de particules de cuivre pur encapsulées dans une résine polyester hybride. Il se compose de résine, de cuivre et de durcisseur. Les proportions sont pour 1 kg de résine, 1,25 kg de poudre de cuivre et 20 g de durcisseur. Pour une efficacité optimale, la carène doit être parfaitement propre, l’idéal est d’ôter toutes les anciennes couches d’antifouling soit par hydrogommage soit par aérogommage. Ensuite, il faut passer un primaire époxy bi-composant et effectuer un léger ponçage d’accroche (grain 120). Le M300 peut-être appliqué en une seule couche au rouleau ou au pistolet. Après séchage (compter 12 heures), la carène doit être poncée pour activer l’antifouling. Ce produit n’est pas érodable, il nécessite, suivant les zones et le temps passé au mouillage, d’effectuer un simple nettoyage 2 à 3 fois par an qui peut se faire en plongée avec une éponge.