Nos conseils sur les anodes

Equipements

Sur un bateau, quel que soit son matériau de construction, à partir du moment où il y a, à bord, des pièces métalliques en contact avec l’eau (embase moteur, arbre d’hélice, vannes, hélice, etc.), il est impératif de protéger tous ces éléments de la corrosion avec des anodes.

Port de Dieppe ©Adobe Stock
Sur un bateau, quel que soit son matériau de construction, à partir du moment où il y a, à bord, des pièces métalliques en contact avec l’eau (embase moteur, arbre d’hélice, vannes, hélice, etc.), il est impératif de protéger tous ces éléments de la corrosion avec des anodes.

La corrosion : un phénomène naturel

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Anode à changer© Albert Brel

Elle apparaît lorsque deux métaux différents sont en contact ou plongés dans un liquide conducteur. On parle alors de corrosion électrochimique. L’un des deux métaux joue le rôle d’anode, l’autre de cathode. L’anode se ronge tandis que la cathode reste intacte. Sur un bateau, le liquide conducteur est l’eau. Pour savoir lequel des métaux est l’anode ou la cathode, il faut se reporter à l’échelle des potentiels des métaux (par rapport à l’hydrogène). Par exemple, l’aluminium a un potentiel de –1,67 et le cuivre en a un de +0,34. Le métal ayant le potentiel le plus bas (dans cet exemple l’aluminium) jouera le rôle d’anode et se corrodera rapidement tandis que le cuivre (cathode) restera intact. Plus la différence de potentiel entre les métaux est importante, plus l’attaque est rapide. Cette corrosion électrochimique peut être amplifiée si un courant électrique circule entre les métaux (fuite électrique). On parle alors de corrosion électrolytique. En pratique, c’est beaucoup plus complexe et d’autres éléments sont à prendre en compte. Les plus significatifs sont la pollution de l’air et de l’eau, les pontons métalliques, les matériaux dans lesquels les bateaux sont construits, la qualité de l’eau du port. Dans certains ports, il n’est pas rare de trouver au fond des vélos, caddys, batteries, etc. qui favorisent la conductibilité de l’eau. La température est également un facteur important, une élévation de 20°C entraîne une augmentation de la corrosion de 100%.

La protection

Pour protéger les équipements immergés (passe-coques, vannes, hélice moteur, embase, etc.), il faut utiliser des anodes sacrifielles dont le potentiel est plus bas que les matériaux présents à bord. Pour cela, deux sont retenus : le zinc et l’aluminium. Les anodes étant des éléments consommables on serait tenté de prendre les moins chers voire de les fabriquer à partir de zinc de récupération. En pratique, le zinc utilisé pour réaliser les anodes doit avoir une pureté minimale de 99,996% et une teneur en fer inférieure à 0,0014%. Difficile chez un accastilleur de choisir le bon produit. La seule certitude que vous pouvez avoir est de demander la marque et de vous référer au catalogue du constructeur. En principe, il indique la conformité, par exemple, celle de la marine nationale (NC431990) ou de Vetus US mil.A-18001K pour le zinc ou la référence américaine MIL-A-24779 (anodes Vetus) pour l’aluminium.

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Différentes anodes© Albert Brel

Quand doit-on changer les anodes ?

Une anode est faite pour se désagréger dans le temps. Il est difficile de l’évaluer, vu le nombre de facteurs qui interviennent (qualité de l’eau, métaux en présence, fuites électriques, etc.). Si une anode est partiellement détruite au bout de 6 mois à un an, c’est une usure normale. Si elle se désagrège rapidement, il faut en chercher la cause, c’est bien souvent une fuite électrique ou une mauvaise anode. Si elle reste intacte, il faut vérifier que d’autres éléments ne jouent pas le rôle d’anode (passe-coque, hélice, embase, etc.). Le carénage du bateau est le moment idéal pour vérifier les anodes.

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Anode embout arbre© Albert Brel

La protection recommandée

Sur un bateau en polyester, s’il est équipé d’un moteur in-bord, les points à protéger sont l’arbre ou l’embase moteur, l’hélice et sa chaise éventuellement les ferrures du safran et les vannes. Il faut donc positionner une anode olive sur l’arbre, une anode conique en bout d’arbre, sur la chaise d’arbre et le safran et éventuellement une anode sur la quille. Sur un bateau en acier, elles sont placées à proximité de l’hélice et de son arbre, sur le gouvernail et la coque. Le poids d’anode nécessaire pour protéger un bateau en acier est important. On estime que sur un bateau de 12 m, la consommation de zinc est de 0.5 gr/h. soit environ 5 kg en 14 mois. Pour les bateaux en alliage, il existe des anodes de mouillage. Elles sont placées dans les ports et les mouillages autour du bateau. Elles doivent être reliées à la coque, par exemple, au liston. En navigation, elles sont inutiles.

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Anode sur embase© Albert Brel

La protection des moteurs

Sur les Z-drive, Sail-drive les anodes conseillées par les constructeurs de moteurs sont bien souvent en alliage d’aluminium. Il en est de même pour les propulseurs. Pour les hors-bord, l’anode a bien souvent deux fonctions, la protection contre la corrosion et la déflexion de l’eau sur l’hélice pour assurer un écoulement laminaire. Il est impératif de prendre le modèle recommandé par le constructeur. Sur les moteurs in-bord, cela dépend de la marque. Certaines en équipent leur moteur d’autres pas. Si elles sont présentes, elles sont placées sur le circuit d’eau.

Changer les anodes

Une anode qui est partiellement usée (60%) se désagrège très vite. Il suffit de taper dessus avec un marteau pour qu’elle se casse en plusieurs morceaux. Une anode doit être en contact mécanique avec les éléments à protéger (arbre, safran, hélice). Pour le montage, on doit enlever l’ancienne anode, nettoyer la surface où elle est placée et visser avec les vis fournies. En aucun cas, on ne doit mettre un produit isolant ou de la graisse entre l’anode et la pièce à protéger ni la recouvrir d’antifouling. Il faut savoir qu’une anode qui n’est pas en contact permanent avec l’eau n’a aucune efficacité. Les anodes de mouillage pour bateau en alliage doivent être en contact avec la coque. Il est conseillé de les brosser régulièrement pour ôter salissures et oxydation.

Nos conseils

Vérifier et changer les anodes dès qu’elles sont partiellement usées. Si elles restent intactes inspecter les autres équipements immergés (hélice, arbre etc.). Si elles s’usent rapidement s’assurer qu’il n’y a pas de fuite électrique. Prenez des anodes de qualité certifiée. Certains constructeurs comme Vetus recommandent des anodes en aluminium pour les eaux intérieures froides et pour la navigation en eau saumâtre ou salée des anodes en zinc. Ce constructeur ne conseille pas les anodes en magnésium. Car le potentiel avec d’autres métaux est trop important ce qui pourrait endommager la peinture de la coque.

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Le carénage est l'occasion de vérifier les anodes© Albert Brel

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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