
Le 9 septembre dernier, Hervé Berville, le secrétaire d’État aux affaires maritimes annonçait le versement de 30 millions d’euros en faveur des ports de plaisance. Une manne issue du plan Destination France, pour conforter l’attrait touristique de notre pays. Les infrastructures portuaires constituent une vitrine influente pour l’image des régions côtières et présentent un enjeu central de préservation environnementale. « Nous travaillons en contact direct avec un espace naturel fragile, souligne Marianne Garde-Micoud, ingénieure environnement à la Directions des ports de la CCI du Var. Un port n’est pas un simple parking à bateaux, c’est un espace vivant dont les usagers partent au large. »
Certification Ports propres et Actifs en biodiversité
Les ports n’ont pas attendu l’annonce gouvernementale pour prendre un virage vertueux. « Achats, services aux clients, maintenance… le management environnemental fait partie du fonctionnement normal depuis longtemps », remarque Angélique Fontanaud, responsable qualité sécurité environnement au port de La Rochelle. Même écho dans le sud, du côté des cinq ports de plaisance de la rade de Toulon. « Nous avons initié un bilan environnemental dès 2012, rappelle Thomas Legall, maître de port principal. Et le 5 juillet dernier nous avons été récompensés de nos efforts par les certifications Ports propres et Ports actifs en biodiversité. »
Réservoirs et robots Dpol
La propreté des eaux est un essentiel pour les gestionnaires. Des prélèvements de contrôle sont régulièrement effectués dans les bassins. « Voilà douze ans, nous avons installé des pompes d’aspiration gratuites des réservoirs des eaux grises et noires des bateaux, détaille Angélique Fontanaud. De plus, notre zone de carénage est équipée de cuves de traitements avec filtration pour éviter de rejeter des biocides dans le port. » A Toulon, une brigade de propreté tourne au quotidien sur la rade : « Sur 120 jours de collecte nous avons récolté 50 000 litres de déchets ». Les infrastructures ont en commun d’avoir investi dans un robot Dpol, qui repère les déchets, les regroupe et les aspire. Rien de miraculeux cependant, la manutention est toujours d’actualité.
La sensibilisation des plaisanciers
Rien ne serait vraiment efficace sans l’implication des usagers. « On aurait beau mettre tous les investissements en place, si les utilisateurs ne se sentaient pas concernés on n’avancerait pas », souligne l’ingénieure toulonnaise. La communication dans le domaine est un art dont les professionnels usent avec tact. « Nous organisons des soirées conviviales pour faire passer les messages », précise son collègue chef de port. Et les usagers se montrent réceptifs. « A La Rochelle on note un gros changement de comportement. On le constate à la baisse de la consommation d’eau et les tonnages de tri des déchets ont explosé ces dernières années », se félicite Angélique Fontanaud.
Les économies des ressources
La sécheresse du dernier été nous a rappelé que l’eau n’était pas une ressource inépuisable. A La Rochelle comme ailleurs, il a fallu limiter drastiquement son utilisation sur les pontons. « A termes il faudra trouver des solutions de recyclage car la situation est amenée à se reproduire », prévoit l’experte rochelaise. Sa station de lavage est déjà équipée d’un dessalinisateur qui capte l’eau du port pour le nettoyage des bateaux. « On incite les plaisanciers à l’utiliser en priorité. Grâce à diverses mesures, nous sommes parvenus à diviser par deux l’utilisation de l’eau en dix ans, passant de 80 000 m3 annuels à moins de 40 000 ».
Des ports et des nurseries
Marianne Garde-Micoud rappelle que « la mer Méditerranée représente 0,8 % de la surface du globe et concentre 9 % de la biodiversité mondiale ». En tant que zones de contact entre terre et mer, les ports de la région sont les premiers garants de la préservation des espèces et mettent des programmes en place pour faciliter la reproduction. Même idée à La Rochelle avec l’installation de pondoirs à seiches par exemple. « Nous avons même observé des hippocampes dans le bassin fermé des chalutiers. » Le port travaille avec l’Université locale pour analyser la qualité des œufs ou étudier les filtreurs comme les pétoncles ou les huitres pour comprendre l’impact des polluants et les mécanismes d’envasement du port.